Commerzbank prend à bras le corps l’épineux financement du commerce maritime

La banque allemande entame une gestion active de son portefeuille de créances douteuses en s’emparant du contrôle de deux navires auprès de ses débiteurs
Benoît Menou

Commerzbank, qui a concrétisé le mois dernier sa cinquième augmentation de capital en quatre ans, pour 2,5 milliards d’euros, a choisi la solution offensive pour la gestion de son imposant portefeuille de créances douteuses dans le domaine du financement du transport maritime. La banque allemande a en effet décidé de prendre le contrôle de navires, deux pour l’instant, auprès de ses débiteurs.

Sur fond de contraction de la demande et de surcapacité de l’offre, les armateurs traversent une passe délicate, et avec eux leurs banques créancières, au premier rang desquelles les banques allemandes. Le mois dernier, HSH Nordbank, le numéro un mondial en la matière, ainsi que NordLB, ont crié leur désarroi. La première a misé sur une perte nette cette année, qualifiant de «facteur décisif» le financement du transport maritime, alors que le directeur général de la seconde, Gunter Dunkel, a évoqué le «défi majeur» que constitue cette crise, qui restera forte au cours des prochains trimestres. Responsable du segment chez Commerzbank, Stefan Otto a confié à Bloomberg ne pas anticiper de retournement avant mi-2014.

La banque, qui a créé en mai à Hambourg la société Hanseatic Ship Asset Mangement justement destinée à la gestion des navires acquis auprès de débiteurs incapables d’honorer leur dette, exclut toute précipitation. Commerzbank a bien annoncé l’an passé son souhait de quitter le secteur, mais à une date indéfinie. Elle entend pour l’heure réduire son portefeuille de créances de 4 milliards d’euros d’ici à 2016, à 14 milliards (contre 27 milliards aujourd’hui pour HSH Nordbank). Stefan Otto a indiqué que Commerzbank prendrait le contrôle dès ce mois-ci de deux porte-conteneurs (cette catégorie représentant un tiers des créances dans le secteur) de grande capacité et disposant encore de longues années de service à venir. D’autres pourraient suivre. Dans l’espoir d’une revente à bon prix, la banque déléguera la gestion opérationnelle. «Nous ne sommes pas pressés», clame le dirigeant, qui assure avoir reçu des marques d’intérêt, mais à prix cassés.

Martin Blessing, le directeur général de Commerzbank, a pourtant de son côté déclaré ce mois-ci être disposé à encaisser des pertes sur des cessions d’actifs si ces dernières permettaient de renforcer le bilan. Le groupe a subi une perte nette de 94 millions d’euros au premier trimestre sous le coup d’une charge de restructuration de 493 millions.

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