
Christophe Hemon: « Nous voulons concentrer la compensation actions euros »

Christophe Hémon, directeur général de LCH SA et responsable France du London Stock Exchange Group, dévoile ses ambitions nouvelles en compensation d’actions euro et les offres en cours de lancement en repo.
L’année 2021 s’est achevée par la perspective de la fin de votre partenariat avec Euronext dans la compensation. Quelles en seront les conséquences pour LCH SA ?
Nous regrettons la décision d’Euronext de mettre fin à notre partenariat qui était prévu pour durer jusqu’en 2027, mais avons pris acte de leur décision.
La décision d’Euronext d’internaliser sa compensation fait suite au rachat récent de Borsa Italiana. Cette décision ne nous amènera pas à cesser notre activité de compensation des actions. Notre objectif est d’être un concentrateur de compensation actions en euros à Paris, en développant notamment des accords avec d’autres plateformes. Nous allons proposer un service permettant aux banques qui le souhaiteraient de concentrer chez nous leur compensation. Par ailleurs, nous sommes désormais connectés aux plateformes alternatives Turquoise (qui appartient au groupe London Stock Exchange, LSEG) et Chicago Board Options Exchange (CBOE), et finalisons le lien avec Aquis (attendu en février 2022), couvrant ainsi plus de 98 % des volumes sur les actions Euronext exécutées en Europe. Nous allons étendre davantage nos liens avec d’autres plateformes de trading dans de nouvelles zones. Nous sommes en mesure de nous connecter très rapidement avec ces plateformes, comme nous l’avons fait récemment avec Brokertec dans le cadre de l’activité repo. L’annonce d’Euronext vient démontrer l’importance de cette capacité de connexion rapide. Enfin, nous allons nous pencher sur le développement à Paris de notre activité de compensation des dérivés listés, jusque-là aussi menée avec Euronext.
La fin de l’obligation d’interopérabilité envisagée pour la révision de MIF 2 est-elle un risque ?
Nous avons opté pour le modèle « preferred CCP », qui permet au client de choisir sa chambre de compensation (CCP) au moment de l’exécution, plutôt que pour l’interopérabilité. C’est ainsi qu’Euronext dirige vers LCH SA la majorité de ses flux. Le mérite du modèle interopérable a essentiellement consisté à faire baisser la commission de compensation, mais rend la gestion des risques plus complexe et entraîne un surcoût en terme de gestion du collateral.
Quelles sont les retombées du rachat, début 2021, de Refinitiv par LSEG, propriétaire de LCH ?
Nous allons accueillir une équipe commerciale de Refinitiv dans le même immeuble que celles de LCH SA et de Beyond Ratings, l’agence de notation de risques souverains intégrant des critères dans les domaines environnemental, social et de gouvernance (ESG) et détenue depuis 2019 par le LSEG. Notre offre client sera plus large. En ce qui concerne LCH SA, nous avons recruté environ 25 personnes en 2021 et continuons de renforcer nos équipes commerciales, de gestion des risques et de contrôle et sécurité des systèmes d’information.
Comment évolue l’activité ?
L’année 2021 a été record en termes de volumes. Notre service de compensation des dérivés de crédit a connu une forte croissance en termes de part de marché, ainsi qu’en termes de nouveaux clients (buy-side) actifs. En particulier, le notionnel d’options sur indice de crédit a augmenté de 130 % l’an dernier.
Nous avons également étoffé notre offre sur les indices et single names (dérivés à sous-jacent unique, NDLR), ainsi que sur les options et continuons à développer nos services avec les clients du buy-side.
Par ailleurs, notre activité euro repo s’est très fortement développée en 2021. Le groupe a décidé d’offrir l’activité d’euro repo uniquement à Paris et de la fermer à Londres. Celle-ci a augmenté de 30 % en nombre de transactions et de 17 % en nominal compensé depuis l’année dernière. Nous avons également dès leur création offert la compensation des dettes Next Generation EU et Sure émises lors de la crise du Covid.
Quels sont pour vous les effets de l’équivalence accordée jusqu’en juin 2025 par l’Europe aux trois grandes CCP britanniques ?
Nous n’avons pas rencontré de difficultés particulières chez LCH SA liées au Brexit et nous avons même développé considérablement notre offre en produits euros. Notre sœur LCH Ltd va par ailleurs bénéficier de cette extension de la période d’équivalence, ce qui évitera le choc redouté par les utilisateurs et l’impact sur les marchés des swaps.
Où en est l’activité de compensation du repo pour le buy-side annoncée l’été dernier ? Et quel accueil de cette offre anticipez-vous sur le marché ?
Une fois le long processus réglementaire finalisé auprès des autorités françaises et européennes, nous avons enregistré notre première transaction en décembre 2021.
Nous avons plusieurs manifestations d’intérêt de la part des clients et nous anticipons un développement progressif de cette nouvelle offre. En complément, nous travaillons sur un nouveau modèle – afin d’élargir les populations de buy-side éligibles à la chambre – pour lequel nous devrons obtenir les accords réglementaires nécessaires avant démarrage.
Le produit triparty repo / EuroGC + lancé en 2014 – et qui a connu une expansion limitée compte tenu de l’environnement de taux et de sa relative complexité – va être fusionné avec Repoclear pour ne former qu’un seul service. Cela devrait apporter une optimisation du netting (prise en compte de l’exposition nette, NDLR) et des calculs de marges et contribuer au développement de cette activité.
A l’international, quels sont vos objectifs ?
Notre développement international s’accélère depuis plusieurs années. Nous développons l’activité Repoclear en Asie, en Australie, au Japon et au Canada en particulier. Nous avons également étoffé notre offre de collateral de manière à ce que nos clients internationaux puissent utiliser leur dettes d’Etat comme collateral. Par exemple, nos clients japonais peuvent déposer leur titres d’Etat.
Nous avons également des prospects à Singapour et Hong Kong intéressés par l’offre Repoclear.
Nous allons aussi étendre notre offre sur les dérivés de crédit sur les indices et single names référençant des compagnies australiennes et asiatiques. Enfin, nous allons inclure la compensation de CDS (credit default swaps) sur les dettes souveraines, couvrant toutes les zones géographiques (pays émergents en Asie, Moyen-Orient, Afrique et Amérique latine, mais aussi pays Europe, Etats-Unis, Japon, etc.).
Propos recueillis par Frédérique Garrouste
Plus d'articles Post-marché
-
David Lachkar quitte Caceis
David Lachkar, responsable commercial pour la France de Caceis, a annoncé sur Linkedin son départ du groupe spécialisé sur les services titres. «Après 13 superbes années, il est temps pour moi de dire au-revoir à Caceis (groupe Crédit Agricole)», écrit-il, indiquant qu’il part «pour un nouveau défi d’ici quelques jours». -
La Cavec lance un appel d'offres de tenue de compte, conservation, transparisation et ESG
Les candidats ont jusqu'au 31 mai pour se manifester. -
SIX adapte sa stratégie d’intégration de la Bourse de Madrid
Le plan initial d'intégration de BME prendra plus de temps que prévu, mais les synergies attendues sont déjà effectives.
Sujets d'actualité
Contenu de nos partenaires
- Slawomir Krupa doit redorer le blason boursier de la Société Générale
- L’alliance mondiale des assureurs «net zéro» fait pschitt
- Arnaud Llinas (Amundi ETF): «80% de notre collecte du premier trimestre s’est faite sur les ETF ESG»
- Carrefour s’apprête à supprimer 1.000 postes dans ses sièges en France
- La succession d’Olivier Klein à la tête de la Bred se précise
- Casino obtient l’ouverture d’une procédure de conciliation avec ses créanciers
- La Société Générale présentera sa nouvelle feuille de route stratégique le 18 septembre
- Les gros dossiers de LBO attendent des jours meilleurs
- Sycomore AM relance la fronde sur la gouvernance d'Atos
-
Libertés
«La liberté de conscience, une espèce en danger» – la chronique de Monique Canto-Sperber
« Elle demeure une solide barrière opposée aux pressions exercées par les forces sociales, politiques et culturelles qui voudraient contrôler les individus et les façonner à leur guise » -
Diplomatie
Le président brésilien Lula sera reçu à Paris par Emmanuel Macron les 22 et 23 juin
Un sommet pour un nouveau pacte financier sur la pauvreté et le climat se tiendra ce faisant. L’Elysée évoque l’occasion de « relancer » la relation bilatérale -
Stratégie
La Russie se dit prête à respecter le traité New Start si les Etats-Unis renoncent à être «hostiles»
Cette semaine, Washington s'est dit à même de se conformer à ce traité si Moscou en faisait de même. Le texte limite à 1 550 le nombre de têtes nucléaires par Etat et doit expirer en 2026