BNP Paribas est victime d’un imbroglio dans le négoce de blé

Un stock important de blé aurait disparu. UBS et les banques cantonales vaudoise et de Genève seraient également exposées
Antoine Landrot

L’embargo de la Russie et de l’Ukraine sur l’exportation de produits agricoles à partir du mois d’août, à la suite des incendies et de la canicule de cet été, fait des victimes collatérales.

Une transaction secoue la place suisse actuellement. Elle concerne la «disparition» d’une cargaison de 350.000 tonnes de blé affrétée par la société de négoce russe – basée à Lausanne – RIAS Trading et destinée à l’Egypte et à la Tunisie. Outre les destinataires, les victimes de cette péripétie sont les banques ayant financé l’opération. On parle de 100 millions de francs suisses (79 millions d’euros).

Sont cités BNP Paribas, UBS, la Banque cantonale de Genève (BCGE) et la Banque cantonale vaudoise (BCV). «Nous examinons actuellement un financement de transport de blé. Si une perte devait être constatée, elle serait très marginale», a admis un porte-parole de la BCV à L’Agefi. La BCGE déclare dans la presse travailler «pour identifier ce qui est récupérable». Dans son profit warning du 10 décembre, elle mentionne «des difficultés pour quelques sociétés de négoce de matières premières [agricoles] opérant dans l’arc lémanique et, en conséquence, la nécessité d’ajuster certains provisionnements dans ce domaine». BNP Paribas, que les journaux locaux estiment exposée à hauteur de 80 millions de francs, explique que la perte n’est pas encore avérée.

«En treize années de métier, il n’est jamais arrivé qu’une cargaison disparaisse», affirme un banquier. Or, celle-ci équivaut à une petite dizaine de cargos… En outre, «une société de surveillance de bonne réputation, Peterson Control Union, avait été mandatée par les banques pour surveiller les stocks placés dans différents entrepôts en Russie», poursuit le banquier. Car dans le négoce, les contractants et leurs financiers font appel à des prestataires certifiant la qualité et la quantité des cargaisons. Control Union n’a pas répondu aux sollicitations de L’Agefi. RIAS Trading évoque dans la presse des «incertitudes liées à des stocks de céréales».

A défaut de certitudes, certains évoquent des collusions au niveau local, alors que les marchandises auraient déjà été vendues – le marché du blé s’étant fortement apprécié depuis six mois. D’autres évoquent une saisie par les autorités russes, afin de contenir la hausse des prix sur le marché intérieur. La disparition de leur garantie principale (la cargaison) laisserait peu de chance aux banques de récupérer leur créance.

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