Altice réussit à étendre la maturité de ses prêts en euros

Pour mener à bien cette opération, Altice a non seulement dû relever les intérêts de ses prêts mais aussi améliorer les conditions pour les prêteurs.
Xavier Diaz
Patrick Drahi est propriétaire d’Altice télécoms SFR
Patrick Drahi est propriétaire d’Altice  -  Bloomberg.

Altice France a reçu l’aval d’une majorité de ses créanciers pour l’extension de maturité de deux de ses prêts en euros arrivant à échéance en 2025 et 2026. Les nouveaux prêts rééchelonnés portent sur 1,724 milliards d’euros avec une échéance août 2028, indique un relevé de l’opération consulté par L’Agefi.

Ces nouvelles facilités permettent de repousser l’échéance de 1,574 milliard d’euros sur les prêts en euros, d’un montant initial de 1,145 milliard et 1 milliard, pour les tranches 2025 et 2026 respectivement, mais dont 1,085 milliard et 953 millions étaient encore en circulation au 30 septembre 2022, selon la présentation aux investisseurs d’Altice (786,5 millions pour la tranche 2025 au 31 décembre dernier, selon Bloomberg). Outre l’extension de maturité, Altice a donc pu lever 150 millions d’euros d’argent frais lors de cette transaction.

Le résultat de cette opération, lancée le 19 janvier, devait initialement être communiqué le 25 janvier. Pour l’heure, l’amend-and-extent portant sur trois lignes de prêts en dollars n’est pas connu. L’opération menée par Altice, portant sur un total équivalent à 8 milliards d’euros (dont un RCF de 300 millions d’euros), était la plus importante de ce type depuis la crise financière de 2008. Si elle réussit, elle permettra de porter la maturité moyenne de la dette de 4,7 ans à 5,7 ans, et de repousser les prochaines échéances à 2027 (2,8 milliards d’obligations) et le mur de refinancement de 10 milliards en 2028.

Avec la hausse des taux et un marché high yield devenu difficile et sélectif, plusieurs émetteurs ont cherché ces dernières semaines des solutions alternatives pour faire face à des refinancements (Fnac Darty, IQera…). L’extension de maturité négociée par Altice n’est bien sûr pas sans contrepartie.

Pour convaincre les investisseurs, Altice a non seulement dû relever les intérêts de ses prêts mais aussi améliorer les conditions pour les prêteurs. Les nouveaux prêts rééchelonnés en euros offrent désormais une marge de 550 points de base (pb) au-dessus de l’Euribor, contre 300 pb pour ceux arrivant à échéance. Par ailleurs, ils offrent une décote de 3 points et 2 points (2025 et 2025).

Conditions plus dures

Le contexte étant plus favorable aux créanciers, ces derniers réclament désormais des conditions plus protectrices. C’est le cas de la clause J-Crew Blocker (du nom d’un distributeur américain) qui empêche l’emprunteur de transférer des éléments de propriété intellectuelle (comme des marques ou des brevets) à des filiales pour augmenter l’endettement, ou de l’engagement de consacrer le produit des ventes d’actifs au remboursement de la dette.

Au total, l’opération se ferait pour Altice France à un coût de la dette oscillant entre 8,6% et près de 8,9% pour les tranches en euros. Le groupe fondé par Patrick Drahi afficherait un levier net sécurisé de 4,5 fois sur la base d’un Ebitda ajusté de 4,288 milliards d’euros à l’issue de l’amend-and-extend sur les tranches en euros et en dollars.

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