Société Générale : les investisseurs parient sur « l’effet Krupa »

Le nouveau directeur général a présenté des résultats supérieurs aux attentes au deuxième trimestre. Les attentes sont fortes en amont de la Journée investisseurs du 18 septembre.
Slawomir Krupa
Slawomir Krupa a présenté le 3 août pour la première fois les résultats de la Société Générale.  -  Société Générale

Slawomir Krupa parviendra-t-il à inverser la contre-performance boursière de la Société Générale ? Alors que la banque de la Défense reste sous-valorisée, avec une performance inférieure de 24 points à celle de Crédit Agricole SA, et de 48 points à celle de BNP Paribas au cours des cinq dernières années, la journée investisseurs du 18 septembre est attendue de pied ferme par les investisseurs. Le directeur général, qui a pris les rênes de la banque le 23 mai dernier, doit y dérouler sa feuille de route.

Le suspense reste entier, Slawomir Krupa se refusant à donner un quelconque indice concernant ce rendez-vous qui se tiendra à Londres. «Ces résultats sont les derniers avant que ne s’ouvre un nouveau chapitre dans l’Histoire de la banque», a-t-il rappelé en préambule de la présentation trimestrielle des comptes ce jeudi 3 août. Bien qu’affectés par les difficultés de la banque de détail dans l’Hexagone et le ralentissement des activités de marché sous l’effet de la réduction de la volatilité, ces résultats trimestriels, supérieurs aux attentes (900 millions d’euros), ont été bien accueillis sur les marchés. A la Bourse de Paris, le titre Société générale a signé la meilleure performance du CAC 40, avec un gain de près de 3,5% en clôture, à 24,83 euros.

Des cibles revues à la hausse ?

Les analystes anticipent que la Journée investisseurs à venir pourrait être «un catalyseur positif» pour la banque. Ils s’attendent à ce que les cibles financières communiquées l’an dernier, alors que Frédéric Oudéa était encore aux commandes, soient révisées à la hausse par le nouveau patron. La Société Générale vise notamment en 2025 une croissance de ses revenus de 3% et un retour sur fonds propres (ROTE) de 10%. De l’avis des analystes, ce taux de rentabilité, calculé sur des hypothèses de taux bas, pourrait être relevé, en tenant compte de la hausse des revenus à venir de Boursorama et d’ALD et d’une meilleure performance qu’attendu de la banque de financement et d’investissement (CIB).

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Le point noir reste la banque de détail dans l’Hexagone qui souffre de l’écrasement des marges sur le crédit immobilier, ce qui a conduit la Société Générale à nettement freiner sa production, et du renchérissement du coût de l’épargne réglementée. La banque rouge et noire, qui a fusionné ses réseaux sous une marque unique SG, prévoit une baisse de la marge nette d’intérêt comprise entre 15% et 20% cette année. Un mouvement contraire aux grandes banques européennes comme HSBC et Unicredit qui, dopées par la remontée des taux, distribuent davantage à leurs actionnaires.

Etant donné les incertitudes macroéconomiques, la Société Générale ne communique pas d’estimation ou de trajectoire pour la marge nette d’intérêt dans les deux ans à venir. Slawomir Krupa rappelle qu’outre les spécificités du marché français, «nous avons mis en place des politiques de couverture prudentes contre la baisse des taux qui arrivent intégralement à échéance en 2024». «A mesure qu’elles s’éteignent, et sous réserve de l’évolution des taux, l’impact sera positif sur la marge nette d’intérêt».

Des efforts attendus sur les coûts

Comme l’a fait Deutsche Bank lorsqu’elle a voulu regagner la confiance après des années moroses, la Société Générale devra aussi montrer qu’elle est capable d’une plus grande discipline sur les coûts. La fusion de ses réseaux Société Générale et Crédit du Nord doit générer 450 millions d’euros d’économies. A court terme, l’intégration de Leaseplan, rachetée par ALD, s’est traduite par une hausse des frais de gestion au deuxième trimestre. Le coefficient d’exploitation de la banque se dégrade légèrement au deuxième trimestre à 65,8%. La cible annoncée pour 2025 est de 62%, mais des efforts supplémentaires pourraient donner un signal positif.

«Une gestion plus ambitieuse des coûts devrait être accueillie favorablement, mais il faudra du temps pour que le cours de Bourse tienne compte de l’amélioration, étant donné le passé mitigé de la Société Générale, et le nouveau directeur général devra gagner la sympathie des investisseurs par des résultats concrets», observent les analystes de JP Morgan. «Néanmoins, avec un message plus rassurant sur le capital, une partie de la sous-performance de cette année devrait s’inverser », ajoutent-ils.

Optimisation du capital

C’est sur l’optimisation du capital que Slawomir Krupa est le plus attendu. Les analystes de Jefferies estiment que ce dernier pourra combler les besoins en capital pour répondre aux nouvelles règles de Bâle 3 sans «affecter la redistribution». La banque rouge et noire a annoncé une cible de 12% pour son ratio CET 1 en 2025. Au deuxième trimestre, il s’établit à 13%, en recul de 0,5 point, affecté par l’acquisition de Leaseplan. La Société Générale a toutefois généré 35 points de base par croissance organique, ce qui semble bien la positionner pour atteindre cet objectif.

Optimistes, les analystes de JP Morgan considèrent même qu’elle pourrait le dépasser et accroître la part des rachats d’actions au sein de la distribution totale. La Société Générale a annoncé qu’elle distribuerait 50% de son résultat net sur la période 2022-2025, dont jusqu’à 40% sous la forme de rachats d’actions. Elle vient de confirmer le lancement de son nouveau programme de 440 millions d’euros.

Des cessions en Afrique, et après ?

La cession annoncée de ses filiales dans quatre pays du continent africain, qui «sera bouclée d’ici à la fin de l’année» a confirmé le directeur général délégué Pierre Palmieri, devrait libérer 5 pb sur le ratio CET 1. La Société Générale a laissé entendre qu’elle souhaitait maintenir sa présence sur le continent où elle jouit d’une position forte au Maroc, au Sénégal et en Côte d’Ivoire. Mais, selon les analystes de JP Morgan, «d’autres cessions de filiales de petite taille comme le Bénin et le Ghana ne sont pas exclues, bien que l’impact en termes de capital (près de 5 pb) soit modeste.» La vente de la filiale en Tunisie, pour laquelle la Société Générale a indiqué «engager une réflexion stratégique» pourrait générer 7 pb sur le ratio CET 1, estiment-ils encore.

Jusqu’où ira la revue stratégique ? Slawomir Krupa renvoie une fois de plus aux annonces prévues lors de la Journée investisseurs. «Nous souhaitons nous assurer que notre portefeuille est optimisé en permanence, en termes de fonctionnement, de synergies, de rationalité de notre présence», assure-t-il. Lever de rideau le 18 septembre.

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