
Société Générale - Crédit du Nord : une inédite prime de fusion promise aux salariés

La tension monte à l’approche de la fusion des réseaux Société Générale et Crédit du Nord, qui sera effective au plan juridique au 1er janvier prochain. Alors que les salariés des back offices et des fonctions supports ont commencé à recevoir dans le réseau à l’étoile bleue leurs « courriers d’affectation » au sein de la nouvelle banque de détail SG, le groupe va devoir s’assurer de l’adhésion des équipes à son grand projet structurant. La Société Générale, qui vient de signer sa deuxième augmentation générale des salaires en 10 ans, va ainsi débloquer une enveloppe supplémentaire de 35 millions d’euros pour accorder une « prime de fusion » aux salariés des deux réseaux de banque de détail.
D’un montant de 1.000 euros, cette dernière ne sera versée qu’en 2024, a annoncé la direction au cours d’une ultime réunion le 16 novembre. Elle sera conditionnée à la bonne réalisation de la fusion non seulement au plan juridique et informatique, la migration devant s’achever le 19 mai prochain, mais aussi à l’avancée des157 regroupements d’agences prévus par la direction en 2023. Si cet objectif est atteint à 75%, la prime sera débloquée.
L’idée d’une prime de fusion avait été poussée par le SNB, syndicat représentatif avec plus de 35% des voix, après des négociations annuelles obligatoires (NAO) sur les salaires particulièrement agitées, qui s’étaient malgré tout soldées par la signature d’un accord majoritaire. Le SNB, qui a par ailleurs obtenu le déblocage d’une enveloppe supplémentaire pour les salariés des services informatiques, devrait sans surprise signer la proposition de la direction ce vendredi 18 novembre. Mais les autres organisations représentatives sont plus critiques. Elles pointent une « négociation qui n’en est pas une ».
La proposition de la Société Générale est, en effet, non négociable tant sur le montant que les conditions d’attribution. La banque s’est saisie d’une disposition de la loi Pacte, « l’intéressement de projet », qui lie la distribution d’une prime à la réussite d’un projet d’entreprise. Aucune charge fiscale ni sociale ne s’y applique. Si elle n’obtient pas d’accord avec les syndicats représentatifs, elle utilisera l’enveloppe de 35 millions d’euros à sa guise… mais perdra l’avantage fiscal et social.
Des mobilités qui passent mal
La CGT, qui ne compte pas signer cet accord, appelle à « distribuer un intéressement et une prime de partage de la valeur (ndlr : nouvelle prime Macron) pour tous les salariés de la banque, et non la moitié des effectifs », selon son délégué syndical Philippe Fournil. Les syndicats considèrent, par ailleurs, que cette solution est insatisfaisante pour garder les salariés mobilisés alors qu’ils constatent, sur le terrain, des inquiétudes croissantes voire un regain de démissions à l’approche de la fusion. « Les lettres d’affectation envoyées froidement aux salariés du Crédit du Nord pour leur annoncer une mobilité à l’autre bout de la région parisienne sur le site de Val de Fontenay qui augmente considérablement leur temps de transport quotidien ont été vécues violemment », raconte Philippe Fournil.
Cédric Perennes, délégué CFDT au Crédit du Nord, constate « très peu d’adhésion au projet de fusion sur le terrain, voire même du rejet ». « Même les cadres du groupe Crédit du Nord sont moins enthousiastes. Les lettres envoyées aux salariés ne correspondent pas toujours aux promesses faites sur leurs futures affectations. Dans certains bassins d’emplois plus dynamiques comme l’Ile-de-France, les démissions ont augmenté et les départs se sont effectués à un rythme plus rapide que les suppressions de postes cibles dans le plan Vision 2025. » Et d’ajouter : « c’est un véritable big bang sur le plan technologique aussi avec un changement complet des outils. Je ne vois pas comment on peut faire réussir cette fusion sans l’adhésion du corps social. C’est aussi important que la migration informatique. »
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Chine : Xi Jinping s'est entretenu avec le dirigeant nord-coréen Kim Jong Un
Pékin - Le président chinois Xi Jinping a rencontré jeudi à Pékin le dirigeant nord-coréen Kim Jong Un, a indiqué l’agence de presse officielle Chine nouvelle, sans fournir dans l’immédiat de détails sur le contenu des discussions. Les deux hommes avaient déjà assisté ensemble mercredi dans la capitale chinoise, en compagnie d’autres dirigeants étrangers dont le président russe Vladimir Poutine, à un grand défilé militaire pour commémorer la fin de la Seconde Guerre mondiale. Kim Jong Un est arrivé mardi à Pékin et effectue actuellement une rare visite hors de son pays. Il s’agit de son premier déplacement en Chine depuis 2019. Malgré des périodes de tensions dues à l’agacement de Pékin devant les retombées de la course de Pyongyang à l’armement nucléaire et balistique, les deux pays asiatiques entretiennent d'étroites relations dont les racines plongent dans les champs de bataille de la Guerre de Corée (1950-1953). La Chine apporte son soutien diplomatique, politique et économique à la Corée du Nord, soumise à de lourdes sanctions internationales. Un porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Guo Jiakun, avait indiqué plus tôt jeudi que Xi Jinping et Kim Jong Un allaient se rencontrer pour un échange de vue «approfondi» sur les relations bilatérales. «La Chine est prête à travailler avec la partie nord-coréenne pour renforcer la communication stratégique, resserrer les échanges et la coopération, approfondir l'échange d’expériences en matière de gouvernance et d’administration», avait ajouté M. Guo lors d’un point presse régulier. Kim Jong Un s'était déjà entretenu mercredi avec Vladimir Poutine, qui l’a remercié pour l’envoi de troupes nord-coréennes face aux soldats ukrainiens. «Les relations entre nos pays sont devenues particulièrement amicales, basées sur la confiance entre alliés», avait affirmé à cette occasion le président russe. «Irresponsables» La rencontre entre les dirigeants chinois, russe et nord-coréen durant le défilé militaire de mercredi a piqué au vif le président américain Donald Trump. «Veuillez transmettre mes salutations les plus chaleureuses à Vladimir Poutine et Kim Jong Un pendant que vous conspirez contre les Etats-Unis d’Amérique», a-t-il écrit sur son réseau Truth Social à l’adresse de Xi Jinping. Guo Jiakun a rejeté jeudi ces propos. «La Chine développe ses relations diplomatiques avec tous les pays, sans jamais cibler un tiers», a-t-il réagi. Le porte-parole de la diplomatie chinoise a aussi qualifié d’"irresponsables» les propos de la cheffe de la diplomatie européenne, Kaja Kallas, qui avait décrit cette rencontre entre les trois dirigeants comme un «défi direct au système international basé sur des règles». «Les propos des responsables européens sont empreints de partis pris idéologiques, manquent des connaissances historiques fondamentales et attisent ouvertement la confrontation», a réagi M. Guo. Ces déclarations constituent «non seulement un manque de respect envers l’histoire de la Seconde Guerre mondiale, mais portent aussi atteinte aux intérêts européens», a-t-il ajouté. © Agence France-Presse -
Effets psychologiques de TikTok sur les mineurs: le rapport parlementaire a été adopté
Paris - Le rapport de la commission d’enquête parlementaire sur les effets psychologiques de TikTok sur les mineurs, menée par les députés Arthur Delaporte (PS) et Laure Miller (EPR), a été adopté jeudi à l’unanimité, ont-ils indiqué lors d’une conférence de presse. Ses conclusions seront rendues publiques le jeudi 11 septembre dans la matinée, ont-ils ajouté. Les 28 membres de la commission, lancée en mars 2024, se sont penchés pendant six mois sur l’algorithme de TikTok, qui tend, selon de nombreuses études, à enfermer ses utilisateurs dans «des bulles de filtres», mais aussi les contenus problématiques et la question de leur modération. Ils ont aussi cherché à examiner les répercussions psychologiques de l’application sur les enfants et les adolescents après qu’un collectif de sept familles a assigné le réseau social en justice en France fin novembre 2024, l’accusant d’avoir exposé leurs enfants à des contenus pouvant les pousser au suicide. Plus de 160 personnes (experts, politiques, responsables des réseaux sociaux, influenceurs) ont été auditionnées d’avril à juin par cette commission, a indiqué son président Arthur Delaporte. Certains échanges musclés ont d’ailleurs tourné en boucle sur internet, notamment lorsque l’influenceur masculiniste Alex Hitchens, entendu en visioconférence, a raccroché au nez des députés, stupéfaits. Interrogés sur la possible chute du gouvernement de François Bayrou lundi prochain, qui risquerait d’enterrer les propositions de la commission, les députés ont voulu balayer les inquiétudes. «C’est un sujet de préoccupation majeur des Français», a souligné la rapporteuse de la commission, Laure Miller. «Comme le rapport a été adopté, même s’il y a une dissolution lundi prochain, le rapport existera et fera foi» et pourra «être utilisé par tous les gouvernements, qu’ils soient macroniste ou socialiste», a abondé M. Delaporte. © Agence France-Presse -
Matignon: le PS tente de se poser en alternative de l'après-Bayrou
Paris - Reçu à Matignon jeudi, le PS s’est placé un peu plus au centre des discussions pour l’après-Bayrou, encouragé par les assurances de Laurent Wauquiez de ne pas censurer d’emblée un gouvernement socialiste. Renouvelant son offre de «discuter» sur la «base de travail» des propositions budgétaires des partis de gauche hors LFI, avec «toutes les forces du front républicain», le PS a poursuivi son offensive pour décrocher Matignon après la chute quasi certaine de François Bayrou lundi lors du vote de confiance. C’est d’ailleurs rue de Varenne, après avoir rencontré François Bayrou, que le premier secrétaire Olivier Faure a répété que le prochain Premier ministre choisi par Emmanuel Macron devrait gouverner «sur la base que nous avons définie». Le PS a proposé un effort budgétaire deux fois moindre que les 44 milliards d’euros de François Bayrou. «C’est un projet juste, qui permet de remettre de la couleur dans nos vies», a plaidé M. Faure, l’opposant au plan «dépressif» du Premier ministre. Le chef de l'État avait enjoint mardi aux chefs de l’actuelle coalition gouvernementale - Renaissance, Modem, Horizons, LR - de «travailler avec les socialistes» dans la perspective de la succession de François Bayrou. Jeudi, le chef des députés LR Laurent Wauquiez a assuré que son groupe ne censurerait «ni un gouvernement PS ni un gouvernement RN» pour éviter «une instabilité catastrophique» après l'échec des gouvernements Barnier et Bayrou en moins d’un an. Mais LR, qui ne participerait pas à un tel gouvernement socialiste, doit encore accorder ses violons en interne. «Si LR a accepté d’entrer au gouvernement, c’est justement pour empêcher la gauche d’accéder au pouvoir (...) Si un gouvernement socialiste devait mener une politique contraire aux intérêts de la France, le devoir de la droite serait de l’empêcher», a écrit sur X le président des LR et ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau après les propos de M. Wauquiez. Depuis la dissolution de 2024, l’Assemblée nationale est fracturée en trois pôles, gauche, centre-droit et extrême droite, aucun ne disposant d’une majorité absolue. «Maintenant, nous savons toutes et tous qu’il n’y a aucune solution majoritaire» à l’Assemblée, et le PS «a le mérite de présenter une offre», a encore insisté Olivier Faure. «Travail ingrat» Le PS a rappelé son engagement à ne pas recourir à l’article 49.3 de la Constitution, ce qui obligera à trouver des compromis avec a minima le bloc central pour faire passer des textes, et en premier lieu le budget. Soucieux également qu’une «personnalité de gauche» accède à Matignon, l’eurodéputé Raphaël Glucksmann a souhaité que ce nouveau Premier ministre «annonce d’emblée une méthode (...), celle du compromis». Mais, a-t-il prévenu, il s’agira surtout de «tenir» sur la base de quelques points d’accord jusqu’en 2027, où les grands enjeux politiques se joueront. Un «travail très ingrat» que ne pourra occuper qu’une personnalité dépourvue d’"ambitions pour la suite parce que sinon, les forces politiques refuseront de lui faire des cadeaux». Manière de faire comprendre que lui-même n’est pas candidat à ce poste. Dans l’immédiat, François Bayrou est presque arrivé au terme de ses rencontres avec les partis politiques. Après le PS et les centristes de l’UDI jeudi, il doit encore recevoir le parti radical vendredi. Lundi, la gauche, l’extrême droite, le petit groupe indépendant Liot dans sa grande majorité et quelques députés LR ont promis de ne pas voter la confiance. S’ouvrira ensuite une période d’incertitudes. Emmanuel Macron n’ayant a priori ni l’intention de dissoudre l’Assemblée - comme le réclame le RN - ni de démissionner - comme le voudrait LFI -, il devra nommer un nouveau Premier ministre. Mais de quel bord et dans quel délai ? Choisira-t-il un nouveau Premier ministre issu du «socle commun» qui négocierait un accord de non censure avec le PS ou une personnalité de gauche capable de faire des compromis ? «Le sujet, c'était quand même la personnalité de Bayrou qui a braqué tout le monde», souffle une source ministérielle, laissant entendre que son départ faciliterait les discussions. Lucile MALANDAIN © Agence France-Presse