
Salaires 2018, avis de prudence

Si la « digitalisation » des métiers de la banque a des effets bien visibles sur l’emploi et les agences, son impact est encore difficile à mesurer sur les niveaux de rémunération des plus de 370.000 salariés du secteur en France. En comparaison avec les employés d’autres entreprises privées, ceux des établissements bancaires bénéficient d’un statut social plutôt favorable. C’est surtout le cas pour les cadres qui représentent plus de 60 % des effectifs bancaires (périmètre AFB, hors banques mutualistes). Alors que le salaire médian annuel brut (variable inclus) s’est élevé à 48.000 euros en 2016, selon la dernière étude de l’Association pour l’emploi des cadres (Apec), il atteint 55.000 euros dans la banque-assurance, pour un salaire moyen de 59.000 euros. Il s’agit ainsi du secteur d’activité le plus rémunérateur pour les cadres, derrière l’industrie pharmaceutique et les télécommunications. « D’après les études que nous réalisons, il ressort que le secteur bancaire est plus généreux que d’autres sur le plan des rémunérations, confirme Jean-Philippe Gouin, associé capital humain chez Deloitte. La banque de réseau se situe ainsi 4 % au-dessus du marché, et à 7 % si l’on prend en compte l’intéressement, la participation et l’épargne salariale. »
En 2018, comme en 2017, les directeurs des ressources humaines du monde bancaire seront confrontés à une délicate problématique : maîtriser, voire contracter, la masse salariale tout en maintenant, malgré tout, des pratiques de rémunération assez attractives pour attirer et fidéliser les talents clés. « La transformation de leurs modèles économiques conduit les banques à des politiques salariales assez prudentes, observe Jean-Philippe Gouin. Leurs budgets d’augmentation des salaires devraient s’inscrire en hausse de 2 % en 2018, comme cette année. En comparaison, dans les autres entreprises du secteur privé, les budgets devraient être en hausse de 1,8 % l’an prochain. »
Variable collectif
La banque de réseau, particulièrement touchée par la vague digitale, sera très concernée par la prudence salariale anticipée l’an prochain par les experts. « Côté banque de détail, les résultats financiers des établissements bancaires affichent une certaine stabilité dans un environnement marqué par les taux bas, relève Khalil Ait-Mouloud, consultant en rémunération en charge des services financiers chez Willis Towers Watson. Les changements organisationnels et les réductions d’effectifs ont un impact sur les salaires. En 2018, les fixes devraient progresser en moyenne de 1,5 %, contre 1,7 % l’année précédente. » Même les métiers les plus recherchés ne bénéficient pas d’un traitement de faveur, comme l’explique Frédéric Hatsadourian, manager division banque-assurance chez Robert Walters : « Les fonctions commerciales restent recherchées, notamment dans la gestion de patrimoine. Les rémunérations sont donc soutenues par ces besoins de recrutement mais sans euphorie. Les fixes se situent à 45.000/48.000 euros brut par an pour les chargés d’affaires qui ont trois à cinq années d’expérience. » Le contexte est d’autant plus tendu pour les salariés des banques de détail qui occupent une fonction commerciale que les modalités liées à leur rémunération variable sont en train de changer. « Les rémunérations variables dans les métiers commerciaux de la banque de détail sont assez inégales selon les différentes enseignes, rappelle Frédéric Hatsadourian. Mais la tendance générale est la stabilité, voire la diminution, notamment car les systèmes de commissionnement tendent à disparaître progressivement dans les agences bancaires. » « La rémunération de la performance collective est une tendance lourde partout, car les entreprises ont de plus en plus conscience que la performance est le résultat d’un travail d’équipe et d’une collaboration, explique Jean-Philippe Gouin. La rémunération variable est en train de vivre une évolution importante dans les banques. Le commissionnement à l’acte appartient au passé et les établissements ont mis en place des systèmes de variables collectifs, à l’échelle d’une agence ou d’un groupe d’agences. »
Certains métiers des fonctions dites « supports » parviennent à résister à la tendance de la modération salariale. Il s’agit des postes en « tension », autrement dit difficiles à pourvoir sur le marché du recrutement en raison de la rareté des profils. « Ces métiers bénéficient d’enveloppes d’augmentations plus favorables, souligne Khalil Ait-Mouloud. C’est le cas des fonctions de contrôle interne, risques et conformité. Les fixes devraient s’afficher en hausse moyenne de 1,7 % en 2017 (+2 % à +2,2 % pour les fonctions de contrôle) ». Les métiers qui profitent des plus fortes rémunérations fixe et variable sont, selon Jean-Philippe Gouin « les spécialistes de l’actuariat (+8 % par rapport à la moyenne générale des autres métiers bancaires), et les experts de la conformité et audit interne (+8 %) ». « Les salaires sont orientés à la hausse dans les fonctions liées à la lutte antiblanchiment, l’audit interne et la conformité », constate aussi Sandrine Robin, manager banque-assurance du bureau parisien du recruteur Expectra. Bien sûr, les métiers qui sont au cœur de la « digitalisation » (big data, intelligence artificielle, marketing digital, etc.) sont, eux aussi, portés par des vents favorables. « Il faut souvent aller chercher des spécialistes en dehors du monde bancaire, ce qui a un coût, note Khalil Ait-Mouloud. D’autant que ces professionnels prennent en compte la proposition de l’employeur dans sa totalité (contenu du poste, responsabilités, environnement de travail), et comme les banques ne sont pas aussi agiles que des ‘pure players’ de la ‘tech’, elles sont obligées d’appuyer sur le levier ‘rémunération’ pour attirer ces profils. » « Ce sont des métiers de plus en plus spécialisés et surtout nouveaux pour les acteurs de la banque, commente Isabelle Fastrez, consultante au sein du cabinet de recrutement Aravati spécialisé dans les métiers du numérique (voir le graphique). On cherche par exemple des personnes capables de piloter des DMP, ‘data management platforms’, outils qui lient la connaissance client aux données médias afin d’optimiser les parcours d’acquisition. »
Pas d’« effet Brexit » en BFI
Autre grand pôle-métier qui suscite des interrogations sur les niveaux de rémunération en 2018 : la banque de financement et d’investissement (BFI) qui pourrait profiter d’un éventuel « effet Brexit » si l’attractivité de la Place de Paris se traduit par l’implantation de plusieurs acteurs anglo-saxons. « Il n’y pas, pour le moment, d’effet positif lié au Brexit dans ces métiers, avertit Amaury La Clavière, senior manager en charge de la division banque d’investissement chez Robert Walters. Il y a des recrutements, des mobilités et des banquiers français qui reviennent de Londres à Paris (en hausse de 5 %), mais cela ne se répercute pas sur les niveaux de salaires. » Khalil Ait-Mouloud est, pour sa part, optimiste : « Les résultats financiers affichent des disparités selon les lignes-métiers en BFI. Sur le plan des rémunérations (fixes+bonus), 2018 devrait être meilleure que l’année précédente en moyenne, même si certains grades (‘associate’, VP) concentreront les hausses salariales tandis que d’autres (‘director’, ‘managing director’) seront moins bien lotis. Cette année, les fixes en BFI devraient progresser de 1,9 % en moyenne, contre 1,8 % en 2017. » Même si le bonus reste une composante déterminante dans la rémunération totale, les règles récentes d’encadrement de ces primes ont conduit les banquiers de BFI à porter une attention croissante à d’autres éléments. « La rémunération n’est plus le seul point de focalisation entre les candidats à un poste et les recruteurs, raconte Amaury La Clavière. Les premiers connaissent les contraintes des seconds, surtout lorsqu’il s’agit de postes/fonctions qui tombent sous le coup de la réglementation CRD 4 (les preneurs de risque). Les candidats sont donc désormais très attentifs au projet qu’on leur présente, à l’équipe, à son ‘track record’, sa visibilité à l’extérieur… » Plus que jamais, c’est la loi de l’offre et de la demande sur le marché de l’emploi qui influencera les pratiques de rémunération dans les établissements bancaires.
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Etats-Unis : ce que l'on sait de Tyler Robinson, l'assassin présumé de Charlie Kirk
Washington - Tyler Robinson, assassin présumé du militant conservateur américain Charlie Kirk, a été arrêté jeudi soir et identifié publiquement vendredi par les autorités américaines. Voici ce que l’on sait de lui. Aîné d’une fratrie de trois enfants dans le sud de l’Utah Tyler Robinson, 22 ans, vivait «depuis longtemps avec sa famille dans le comté de Washington», à l’extrémité sud-ouest de l’Utah, près de la frontière avec le Nevada et l’Arizona, a indiqué le gouverneur de l’Etat, Spencer Cox. Il a fait ses études primaires et secondaires dans la ville de St George et n’a pas de casier judiciaire dans l’Etat, selon les médias américains. «Pendant 33 heures, j’ai prié pour que (...) ce ne soit pas l’un d’entre nous, mais quelqu’un venu d’un autre Etat ou d’un autre pays», a confié vendredi le gouverneur au sujet du meurtrier présumé de Charlie Kirk, tué d’une balle dans le cou mercredi lors d’un débat public sur un campus universitaire. «Mais cela s’est passé ici, et c'était l’un d’entre nous», a-t-il reconnu. Des photos publiées sur les réseaux sociaux de sa mère, Amber, semblent montrer une famille unie. Tyler Robinson était l’aîné de trois garçons. Après sa sortie du lycée en 2021, il a «brièvement étudié à l’Université d’Etat de l’Utah pendant un semestre en 2021", selon cet établissement. Aucune affiliation politique connue Tyler Robinson est un électeur enregistré dans cet Etat majoritairement républicain mais il n’a aucune affiliation politique connue. Un membre de sa famille a néanmoins témoigné que «Robinson était devenu plus politisé ces dernières années», a souligné le gouverneur Cox. Ce membre de la famille a fait état d’une récente conversation avec un parent au cours de laquelle Tyler Robinson avait mentionné la prochaine venue de Charlie Kirk dans l’Utah et partagé son hostilité à sa personne et à ses opinions, très conservatrices. Des messages à tonalité antifasciste ont été retrouvés sur les munitions découvertes après l’assassinat, a indiqué Spencer Cox. «Sur des inscriptions sur les trois munitions non utilisées on pouvait lire +Eh fasciste! Attrape ça!», a expliqué le gouverneur. Une deuxième douille était gravée du refrain de la célèbre chanson antifaciste «Bella ciao» mais d’autres inscriptions paraissaient plus difficiles à interpréter, dont des symboles inspirés de l’univers des jeux vidéo. Dénoncé par des membres de sa famille Tyler Robinson a été signalé aux autorités par des membres de sa famille. Jeudi soir, selon le gouverneur «un membre de la famille» du suspect a joint un ami, lequel a ensuite contacté les autorités pour les informer que «Robinson leur avait avoué ou laissé entendre son implication» dans l’assassinat. «C’est là qu’il vivait et c’est là qu’ils l’ont remis aux autorités», a indiqué M. Cox. Il a été appréhendé jeudi soir vers 22H00 locales (04H00 GMT vendredi) après 33 heures de traque, selon le directeur de la police fédérale (FBI), Kash Patel. Selim SAHEB ETTABA © Agence France-Presse -
Malgré sa mort, les partisans de Charlie Kirk restent attachés aux armes à feu
Orem - Boeden Seitzinger est encore «traumatisé» par la mort de Charlie Kirk. Cet électricien américain était dans les tous premiers rangs du rassemblement où l’influenceur pro-Trump a été tué d’une balle dans le cou. «J’ai vu le sang jaillir de son artère carotide», raconte à l’AFP le jeune homme, coiffé d’une casquette rouge «Make America Great Again». «Il était évident qu’il n’allait pas s’en sortir. C'était terrifiant.» Malgré la mort de cette figure de la droite américaine, il rejette en bloc l’idée d’instaurer des contrôles plus stricts pour obtenir des armes à feu aux Etats-Unis. "Ça n’aurait rien changé. Quand on veut, on peut, les gens se procurent des armes, quoi qu’il arrive», souffle-t-il, lors d’une veillée à la mémoire du militant conservateur à Orem, dans l’Utah (ouest). Un suspect est actuellement en garde à vue pour le meurtre de M. Kirk. Les autorités n’ont pas encore expliqué dans quelles conditions le fusil à lunette, retrouvé dans des bosquets près de la scène de crime, a été acquis. Mais une chose est sûre : l’Utah, où l’influenceur a trouvé la mort, est un des Etats les plus permissifs en matière d’armes à feu. Dans cette région très conservatrice, les adultes peuvent porter des armes à feu sans permis, sauf pour les jeunes âgés de 18 à 20 ans. Sur les campus, comme celui de l’université Utah Valley, où M. Kirk a été tué, avoir une arme est possible à condition d’avoir un permis. Défenseur du deuxième amendement Âgé de 18 ans, M. Seitzinger a grandi en chassant avec sa famille et s’est procuré il y a quelques mois son premier fusil. L’achat a pris trente minutes, temps nécessaire pour que la boutique vérifie ses antécédents. Il refuse toute règle qui l’aurait obligé à attendre plusieurs jours. «Ce n’est pas ce que Charlie aurait voulu», estime-t-il. «Charlie disait souvent que le danger d’une arme à feu vient uniquement de son propriétaire. Il ne faut pas blâmer l’arme à feu, mais plutôt la personne qui la brandit», reprend-il. «Le fait qu’il soit mort ne m’inspire pas une peur des armes à feu, cela me rend méfiant envers les gens.» Le militant, qui a été abattu alors qu’il répondait à une question sur les tueries par armes à feu, était un ardent défenseur du deuxième amendement de la Constitution américaine. Il avait par exemple estimé que «cela vaut la peine, hélas, de déplorer chaque année un certain nombre de morts par arme à feu afin de pouvoir jouir du deuxième amendement, qui protège nos autres droits offerts par Dieu». Avec plus d’armes à feu en circulation que d’habitants, les Etats-Unis affichent le taux de mortalité par arme à feu le plus élevé de tous les pays développés. En 2024, plus de 16.000 personnes, sans compter les suicides, ont été tuées par arme à feu, selon l’ONG Gun Violence Archive. «Dissonance» Les gouvernements successifs n’ont jusqu'à présent pas réussi à endiguer les tueries, fléau de la vie quotidienne systématiquement suivi des traditionnelles «prières» envoyées par la classe politique. A 73 ans Reed Fansworth, a lui aussi prié pour M. Kirk avec des centaines de personnes lors de la veillée. Dans la foule, ce manager d’une entreprise d’informatique a aperçu quelques personnes porter des armes, et s’est senti rassuré. «L’Utah, c’est un peu le Far West», sourit-il, grand drapeau étoilé en main. «Quand tout le monde porte une arme, vous faites attention à votre comportement.» «La mort de Charlie ne change pas grand-chose», poursuit-il. «Nous devons nous préoccuper des personnes qui ressentent cette colère, mais nous ne devons pas retirer les armes de tout le monde.» De son côté, Leah Marett avoue ressentir une «dissonance», face à l’assassinat de M. Kirk. Mais pour cette étudiante de 25 ans, le débat reste «insoluble». «Il y a tellement d’armes à feu en circulation, même si nous essayions de les retirer, tout le monde ne les rendrait pas», pressent-elle. «Nous laisserions beaucoup de personnes en possession d’armes à feu, et les innocents se retrouveraient sans défense.» Romain FONSEGRIVES © Agence France-Presse -
A Matignon, les partenaires sociaux réclament des preuves de « rupture »
Paris - Le nouveau Premier ministre Sébastien Lecornu a commencé à consulter les partenaires sociaux, à moins d’une semaine de la mobilisation intersyndicale du 18: comme les oppositions, la CFDT qui a ouvert le bal, a réclamé des preuves de «rupture» avec les orientations budgétaires du gouvernement sortant. Si la secrétaire générale du premier syndicat français a trouvé Sébastien Lecornu "à l'écoute», Marylise Léon a profité de cet entretien pour réaffirmer sa ferme opposition à la suppression de deux jours fériés et à la relance du conclave sur les retraites, une idée «définitivement enterrée» par la CFDT, a-t-elle dit en sortant de Matignon à la mi-journée. «Il n’y a pas eu de terrain d’atterrissage au moment de la fin du conclave, donc on ne reprend pas les discussions», a-t-elle résumé, à l’issue d’une heure et demie de discussions. Alors que le nouveau Premier ministre a prôné des «des ruptures» sur la forme et le fond, la suppression des deux jours fériés, la plus inflammable des mesures d'économie annoncées par François Bayrou cet été, pourrait être abandonnée. Le nouveau locataire de Matignon «a dit qu’il répondrait sur ce sujet prochainement», a sobrement dit Marylise Léon à la presse. Y aura-t-il une reprise dans un autre cadre que le conclave des négociations sur la réforme des retraites ? Selon elle, Sébastien Lecornu «n’a pas donné de position sur ce qu’il allait donner comme suite sur le sujet des retraites». La CFDT est l’un des trois syndicats à avoir discuté jusqu’au terme du conclave lancé par François Bayrou, pour tenter d’amender l’impopulaire réforme des retraites de 2023. Les négociations avaient pris fin sur un constat de désaccord avec le patronat concernant les modalités de prise en compte de la pénibilité. Avant ou après le 18 Les rencontres bilatérales à Matignon doivent se poursuivre avec le président du Medef vendredi à 19H45, avant la CGT, la CFTC et la CFE-CGC lundi et les deux organisations patronales CPME et U2P, lundi et mardi. Le chef de file de FO, Frédéric Souillot, a quant à lui accepté de rencontrer M. Lecornu mais après le 18 septembre, date de la journée intersyndicale de grèves et manifestations. Elle mettra à nouveau les autorités sous pression, après la participation de 197.000 personnes, selon le ministère de l’Intérieur, à la journée du 10 pour demander la fin de l’austérité budgétaire, l’abrogation de la réforme des retraites ou encore plus de justice fiscale. La cheffe de file de la CGT Sophie Binet a appelé de ses vœux «encore plus de manifestations et de grèves» le 18 que le 10. «Nous avons réaffirmé que nous étions plus que jamais motivés pour aller dans la rue et que nous réussirons la mobilisation du 18 septembre», a assuré Marylise Léon vendredi. Le Premier ministre «n’a pas démenti qu’il pourrait y avoir un certain nombre (...) de travaux, sur une contribution des plus hauts revenus», selon des modalités encore floues, a-t-elle évoqué, tout en demandant des «preuves» de la «rupture». Côté politique, le secrétaire national du PCF Fabien Roussel a expliqué vendredi lors de la Fête de l’Humanité que son parti ne censurerait pas Sébastien Lecornu «a priori» mais qu’il le ferait «sans marque profonde d’un changement de politique», disant lui avoir fait «des demandes sur l’augmentation des salaires, l’abrogation de la réforme des retraites et la diminution des aides accordées aux grosses entreprises». Le PS propose, lui, de revenir sur la réforme des retraites et de mettre en place une taxe Zucman sur les plus hauts patrimoines, deux lignes rouges pour le bloc central. Le numéro un de la CFTC, Cyril Chabanier, entend rappeler lundi au Premier ministre «qu’il ne peut pas repartir sur la même page (budgétaire, NDLR) que l’ancien Premier ministre» car «les efforts reposaient trop sur les travailleurs, les chômeurs, les retraités». Béatrice JOANNIS © Agence France-Presse