
Pour une concentration bancaire à bas bruit

Les superviseurs bancaires appellent à la consolidation en Europe, les voilà servis. Deux pays, l’Espagne et l’Italie, mènent aujourd’hui la danse. Le Crédit Agricole vient de rouvrir le jeu de l’autre côté des Alpes en jetant son dévolu sur l’établissement lombard Credito Valtellinese, son partenaire dans l’assurance et candidat désigné de longue date à un adossement en raison de sa petite taille. Rien d’extraordinaire pourtant dans cette opération qui consolide sa présence sur son deuxième marché après la France. La banque verte a trop souffert dans son histoire récente d’avoir sacrifié son bon sens à l’ivresse des vaines conquêtes, comme en Grèce, pour ne pas s’en tenir désormais à une stratégie d’acquisitions à bas bruit.
Mais en éliminant l’une des pièces de l’échiquier bancaire italien, le groupe coopératif réduit le champ des options pour ses concurrents locaux. Deux mouvements se dessinent à présent. Un rapprochement entre deux autres prêteurs du nord de l’Italie, BPM et BPER, Milan et l’Emilie-Romagne, le premier n’ayant plus de chance de rejoindre le Crédit Agricole à brève échéance. Le deuxième mariage, autrement plus complexe, consisterait pour Rome à privatiser le grand malade du système bancaire italien, Monte dei Paschi, au profit d’UniCredit, en donnant au préalable à ce dernier toutes les garanties financières pour digérer un tel gibier.
En Espagne, c’est BBVA qui a effectué un virage spectaculaire en sortant à bon prix des Etats-Unis pour croquer son compatriote Sabadell. Là aussi, le marché bruisse de nouvelles rumeurs d’adossement, car les petits auront de plus en plus de mal à pousser à l’ombre des gros.
Ceux qui espéraient de grands mariages transfrontières, ou une nouvelle campagne d’Italie pour les banques françaises après la razzia des années 2000, en seront pour leurs frais. L’inachèvement de l’Union bancaire et les règles sur les établissements systémiques rendent encore prohibitive la constitution de mastodontes européens. Toutes ces opérations ont en commun d’être des fusions domestiques, propices aux réductions de coûts. Elles pourraient entraîner une recomposition des alliances dans les usines de production : derrière les réseaux de distribution se joue la puissance des filiales d’assurance, de gestion d’actifs ou de crédit à la consommation. A défaut de susciter des annonces spectaculaires, ce mouvement de concentration est nécessaire pour redorer le blason boursier d’un secteur qui traite à prix cassé. Il appartient aussi aux superviseurs de l’encourager en permettant à nouveau aux banques les plus solides de rémunérer leurs actionnaires.
Plus d'articles Banque
-
UBS veut rediscuter les termes de l'accord avec Michael Klein sur First Boston
UBS va entamer des discussions avec Michael Klein pour dénouer un accord qui aurait permis à l’homme d’affaires de Wall Street de prendre le contrôle d’une grande partie de la banque d’investissement de Credit Suisse, rapporte le Financial Times, sur la base de personnes proches de l’affaire. Ces négociations, qui interviennent quelques jours après qu’UBS a été contrainte de racheter son rival suisse pour 3,25 milliards de dollars, soulignent l’opinion des dirigeants d’UBS selon laquelle Michael Klein a obtenu des conditions trop favorables. UBS estime également qu’il est intéressant de conserver certaines parties de l’unité de banque d’investissement de Credit Suisse, aujourd’hui disparue. «Nous supposons que [Klein] fait du «cherry picking». L’accord a été conclu alors que la banque vendeuse avait un pistolet sur la tempe et nous ne sommes plus dans cette position», a déclaré une personne proche d’UBS. «Nous ne sommes pas là pour enrichir Michael Klein aux dépens de nos actionnaires». -
Le rachat de Credit Suisse soulage les intermédiaires financiers français
La situation de la banque helvétique inquiétait les distributeurs de produits structurés. L'occasion pour eux de se recentrer sur des acteurs tricolores lors des prochaines constructions de produits. -
Des dizaines de milliers d’emplois sont menacés par le rachat de Credit Suisse
Le sauvetage de Credit Suisse par UBS devrait se traduire par des dizaines de milliers de suppressions d’emplois, rapporte le Financial Times. L’activité domestique de Credit Suisse et sa banque d’investissement, employant collectivement plus de 30.000 personnes, devraient payer le plus lourd tribut, selon des sources proches des projets d’UBS. Même s’il est trop tôt pour quantifier les suppressions de postes, elles pourraient représenter jusqu’à un tiers des 120.000 emplois des deux groupes.
Contenu de nos partenaires
Les plus lus de
- La Société Générale présente sa nouvelle direction autour de Slawomir Krupa
- Credit Suisse entraîne le secteur bancaire européen dans sa chute
- Les actions chutent avec les banques américaines
- L’électrochoc SVB met la finance sous tension
- Credit Suisse, trois ans de descente aux enfers
- Les gérants prennent la mesure de la persistance de l’inflation
- Silicon Valley Bank : la chute éclair de la banque des start-up
- Slawomir Krupa sort la Société Générale du brouillard
- Chute de SVB : les Etats-Unis garantissent les dépôts et HSBC rachète les actifs anglais
-
Bras de fer
Automobile: les libéraux allemands font le forcing sur les carburants synthétiques
Le ministre des Transports menace de ne pas voter à Bruxelles l'interdiction du moteur thermique à partir de 2035 -
Tournant
Royaume-Uni: l'accord sur le protocole nord-irlandais marque-t-il la fin de la politique partisane sur le Brexit?
Les compromis consentis par l’Union européenne et le soutien de principe du Labour mettent les « Brexiter » dos au mur -
Edifiant
Politique du logement: 38 milliards pour quels résultats?
Les pouvoirs publics consacrent un budget bien supérieur à celui de la moyenne de l’Union européenne pour aider les Français à mieux se loger. Sans atteindre les effets attendus