
Plusieurs banques européennes pourraient avoir besoin de fonds publics
Alors que les banques et les autorités européennes répètent à l’envi qu’aucune recapitalisation du secteur n’est nécessaire, d’autres observateurs commencent à évaluer les montants dont ces établissements auront besoin en cas d’aggravation de la crise de la dette en zone euro et de défaut grec. Entre l’écartement des CDS rendant le financement plus cher et les réductions des tailles de bilan grevant les bénéfices, il sera en effet de plus en plus difficile pour les banques de renforcer leurs fonds propres par mise en réserve des résultats.
Dans une note du 8 septembre, Goldman Sachs établit plusieurs scénarios de dépréciations sur les dettes souveraines de la zone euro. La banque a repris les données des stress tests menés par l’Autorité bancaire européenne sur 91 banques et y a appliqué des dépréciations sur la Grèce de 40% à 80% et sur l’Irlande et le Portugal de 20% à 60%. Elle a également envisagé une mise en valeur de marché conduisant à une perte de 5% à 20% sur les titres italiens et espagnols. Ainsi, l’exposition aux trois premiers pays provoquerait une «destruction de capital» comprise entre 30 et 67,1 milliards d’euros. Les pertes résultant de la mise en valeur de marché des dettes espagnoles et italiennes totaliseraient quant à elles de 19,4 à 77,6 milliards d’euros.
Si ces dépréciations ne s’appliquaient qu'à la Grèce, à l’Irlande et au Portugal, 18 banques afficheraient un ratio core tier 1 inférieur à 5%, niveau minimum exigé par les stress tests, et nécessiteraient 25,9 milliards d’euros de capital. En cas de dépréciation des dettes de tous ces pays, 27 banques n’atteindraient pas ces 5% et devraient trouver 29,8 milliards d’euros. Les montants nécessaires aux banques pour atteindre au moins 6% de ratio core tier 1 s’élèveraient cette fois respectivement à 38 milliards et 49,1 milliards.
Et en calculant les besoins pour obtenir un ratio de 7% comme requis par les règles de Bâle 3, l’addition se fait encore plus lourde. «Le point central de notre scénario de ‘choc souverain’ aurait pour résultat 38 banques demandant 30 à 92 milliards d’euros de capital pour respecter un seuil de core tier one de 5% à 7%», écrivent les analystes de Goldman Sachs.
Ils estiment que les plus affectées par ces dépréciations seront principalement les petites banques grecques, espagnoles, italiennes et les Landesbanken, qui devraient faire appel aux fonds publics. Les banques françaises échappent à cette liste.
Plus d'articles du même thème
-
Données extra-financières : le big-bang européen
Le reporting de durabilité annonce d’importants bouleversements pour les émetteurs et les investisseurs. -
Une nouvelle donne pour l'industrie de la donnée
La généralisation des reportings durables et normés des entreprises et le développement de 'databases' gratuites poussent les fournisseurs de données et de notations à évoluer. -
Charlotte Gardes (FMI): «Les initiatives de finance durable se multiplient dans les pays émergents»
Charlotte Gardes est experte climat, énergie, stabilité financière au Fonds Monétaire International (FMI). Elle réfléchit aux mécanismes permettant de stimuler les flux d'investissements vers les pays en développement.
Sujets d'actualité
- L’étau se resserre autour de la fiscalité du patrimoine
- Rattrapé par des suspicions sur Credit Suisse, UBS décroche en Bourse
- ADP, Vinci et Eiffage affichent leur confiance face à la menace de surtaxe
- Coty entrera jeudi à la Bourse de Paris
- La surtaxe des profits bancaires devient la règle en Europe
Contenu de nos partenaires
-
Europe
Ukraine: pourquoi la Pologne a perdu ses nerfs
Sur fond d'élections incertaines dans trois semaines, Varsovie ouvre une crise avec Kiev en annonçant la fin des livraisons d'armes -
A boulets rouges
Sophie Binet déclare la guerre aux patrons
La nouvelle secrétaire générale de la CGT joue le rapport de force face aux chefs d'entreprise tant dans les réunions ministérielles que sur les piquets de grève -
Editorial
Climat: le difficile numéro d’équilibrisme du Président
Le chef de l’Etat a beau promettre du concret, de la simplicité, du «positif», la transition écologique est comme le courant électrique : on va invariablement de la borne «plus» vers la borne «moins»