
PLACES FINANCIÈRES - Brexit, un butin à partager

Le Brexit est effectif depuis le début de l’année et ses retombées pour le secteur financier dans l’Europe des 27 sont regardées une à une. Personne, dans ce milieu, n’aurait imaginé que la sortie d’Europe du Royaume-Uni se ferait sans accord comme cela s’est finalement produit, conduisant les activités financières britanniques sous licence à perdre leur passeport.
Du coup, banques, assureurs, gérants, plateformes de trading ont implanté sur le continent leurs activités ou accroissent leur présence. « Les projections de 2017 sur les transferts d’activités et de salariés de Londres vers l’Europe continentale suite au Brexit semblent en passe de se réaliser alors même qu’elles paraissaient extravagantes au départ, observe ainsi Matthieu Galian, consultant chez Heidrick & Struggles. Il était question de 75.000 professionnels rejoignant le continent au total, dont 10.000 la première année post-Brexit. De fait, on estimait à 7.500 les emplois créés en Europe en finance et imputables au Brexit en février 2021. Nous-mêmes constatons une montée en puissance de nos missions depuis septembre 2020. »
Multipolarité
Si les chiffres semblent toutefois encore loin des prévisions lancées dès 2016, elles-mêmes démarrant à 35.000 postes et pouvant varier du simple au double, cela tient aux circonstances. « Ces chiffres présentent une très forte volatilité depuis trois ans du fait de l’incertitude politique liée au Brexit puis à la crise sanitaire qui ont conduit à une mise en œuvre plus lente d’un certain nombre de plans de contingence et à une validation différée de ces plans par les superviseurs. Ensuite, les confinements tant au Royaume-Uni que dans l’Union européenne à partir de début 2020 ont occasionné des retards et difficultés supplémentaires dans les installations du fait des restrictions à la liberté de circulation », explique Bercy. Les retombées en emplois et en actifs transférés ne devraient pas décevoir dans les mois à venir, sauf en cas de nouvelle dégradation de la situation sanitaire. Les superviseurs européens, notamment la Banque centrale européenne (BCE) et l’Autorité européenne des marchés financiers (Esma), feront un point de situation à l’automne et s’assureront que les effectifs présents dans les entités européennes sont suffisants. En gestion, il est toujours possible de gérer à Londres des fonds enregistrés en Europe mais les révisions des directives AIFM (gestion alternative) et Ucits vont mettre fin à ce type de dipositif.
D’ores et déjà se dégagent des grandes lignes de la nouvelle Europe financière avec plusieurs centres importants, Dublin et Luxembourg en gestion, Amsterdam pour les plateformes de cotation, Francfort pour la banque commerciale et… Paris en généraliste. La place pourrait aussi se positionner davantage en compensation des dérivés, l’équivalence accordée en urgence aux chambres du Royaume-Uni en dérivés de taux ayant comme échéance juin 2022. Il s’agira d’éviter le piteux résultat auquel a abouti l’absence d’accord en négociation de dérivés : l’Europe n’a pas reconnu l’équivalence aux spécialistes de Londres. Conclusion, face à l’absence de coordination réglementaire entre le Royaume-Uni et l’Europe, une partie de l’activité s’est dirigée vers les plateformes américaines (swap execution facilities ou SEF) qui sont reconnues par les deux protagonistes.
In fine, il faudrait inclure dans les retombées les créations de nouvelles activités en Europe de préférence au Royaume-Uni, décisions qui ne sont jamais vraiment explicites. Malgré tout l’optimisme encouragé par ces perspectives, tous les observateurs ne sont pas convaincus par l’effet boule de neige attendu. « L’écosystème en place outre-Manche est efficace et les investisseurs privilégient toujours cette simplicité plutôt que l’hétérogénéité des règles et des pratiques dans l’Europe des 27 », note ainsi Pierre Bismuth, directeur général de Myria AM. La liquidité restera déterminante pour conserver aux marchés anglo-saxons leurs premières places, et l’Europe avec ses multiples centres financiers doit en plus éviter le risque de dispersion. « L’Europe s’achemine vers une coexistence de plusieurs places financières et l’importance de l’Union des marchés de capitaux grandit pour limiter le plus possible les coûts qu’entraînera cette multipolarité », relève de son côté Pierre Bollon, délégué général de l’Association française de la gestion financière (AFG).
LA FRANCE CROIT EN SON ÉCOSYSTÈME Le Brexit n’a pas encore fait sentir tous ses effets mais d’ores et déjà, Paris a des motifs de satisfaction. La France aurait accueilli plus d’une centaine d’établissements financiers, se plaçant en deuxième position derrière Dublin, selon le think tank New Financial. Le gouvernement chiffrait récemment à 3.000 les emplois directs créés depuis 2017 dans la finance parisienne, tous métiers confondus (marchés, banque, assurance, gestion d’actifs…), ce chiffre devant monter à 4.000 emplois d’ici à fin 2022. Ce nombre serait déjà atteint selon Paris Europlace (lire ‘La parole à... Arnaud de Bresson’) qui évoquait 5.000 emplois directs l’an dernier. « Le chiffre de 3.000 emplois cité par le gouvernement correspond à un pointage précis mais incomplet, il ne recense ni les acteurs de très petite taille, ni les emplois créés par des institutions n’ayant pas eu besoin d’autorisation du superviseur des filiales déjà installées à Paris ou des succursales de filiales en Europe. Faute de moyens, ces créations d’emplois ne sont pas recensées de façon exhaustive. Elles sont significatives et les estimations de Paris Europlace semblent réalistes, déclare Christian Noyer, en mission depuis 2016 pour convaincre les acteurs étrangers de s’implanter à Paris. Pour l’estimation des emplois indirects, un multiple de 3 ou 4 semble adéquat. Cela recouvre, en plus du multiplicateur économique classique, les métiers liés à la finance, avocats, auditeurs, techniciens des systèmes d’information (un nombre important en France parce que le cœur de activités qui sont venues à Paris sont les activités de marché). » Une dynamique semble engagée.
Le consensus domine quant au potentiel de Paris comparé aux autres places européennes. « Une grande partie des emplois post-Brexit viennent à Paris, seule grande ville en Europe hors Londres, et seule capable d’accueillir des salariés en très grand nombre. Et Paris offre une concentration de sièges sociaux, d’acteurs globaux par exemple dans la banque ou l’asset management », résume Stéphane Boujnah, président du directoire d’Euronext.
La place peut tabler sur une concentration de grands émetteurs et les cotations semblent reprendre en cette sortie de crise. « Paris a accueilli récemment une demi-douzaine d’introductions (IPO), nous tablons sur un nombre record d’ici à la fin de l’année, déclare Arnaud de Bresson, délégué général de Paris Europlace. Cinq cotations de Spac (‘special purpose acquisition companies’) à Paris ouvrent également le jeu dans ce nouveau segment. »
Les grandes banques ont entamé le déploiement d’activité dès 2018 mais certains groupes, notamment américains, accroissent leur présence dans la capitale, comme JPMorgan qui a déplacé 140 collaborateurs à Paris et prévoit d’y compter 800 collaborateurs fin 2022. L’événement est d’autant plus notable que la banque envisageait au départ de concentrer sa présence européenne à Francfort. Bank of America a installé 400 postes dans les activités de marché, Goldman Sachs a accru ses effectifs de 50 à 150 personnes et envisage d’aller jusqu'à 300 collaborateurs en mettant l’accent sur le trading actions.

Une ruche pour la gestion
En gestion, l’Autorité des marchés financiers (AMF) recensait, à fin 2020, 21 sociétés de gestion dont la création en France était directement liée à la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne. Selon l’AFG, le bilan est toutefois plus étoffé. « La montée en puissance des implantations de sociétés de gestion à Paris suite au Brexit est nette, nous estimons leur nombre à plus de quarante, indique Pierre Bollon. Paris est de loin la plus grande place de gestion de l’Union européenne avec près de 4.400 milliards d’euros, et est aussi une place importante pour la domiciliation des fonds d’investissement. L’écosystème, qui inclut investisseurs, fournisseurs de services, AMF, région, ministères, est très efficace et réactif. »
En effet, les arrivées ne concernent pas seulement des sociétés venant de Londres, comme le montrent les cas de Symbiotics, Nomura Alternative Investment Management France et Amundsen Asset Management. « Le mouvement amorcé en 2018 va se poursuivre et notre dernier séminaire en ligne pour conseiller les candidats intéressés par la place de Paris a attiré les responsables d’une trentaine de sociétés de gestion basées au Royaume-Uni », ajoute Pierre Bollon.
L’annonce récente de Citadel qui s’implante, outre BlackRock qui se renforce, s’ajoute au flux alimenté surtout par des sociétés fondées par des Français. « Notre fonds patrimonial, qui est souscrit essentiellement par des particuliers via leurs contrats d’assurance-vie, doit en conséquence être référencé par les compagnies d’assurances, rapporte Charles Monot, président de Monocle AM qui était géré depuis Londres et enregistré en Europe. Le Brexit compliquait le schéma de référencement de notre fonds auprès de ces compagnies. Depuis que nous nous sommes implantés à Paris, les portes se sont ouvertes.»
La capitale française table aussi sur l’attrait des conditions faites aux professionnels. « Paris dispose de plusieurs atouts avec des salaires d’un niveau satisfaisant, une localisation plus centrale que Dublin, des impôts moindres qu’aux Pays-Bas, un droit social moins contraignant pour les employeurs qu’en Allemagne », expose Matthieu Galian. Les réserves de personnel qualifié, en finance et en compétences technologiques, comptent aussi dans des décisions qui engagent l’avenir. D’ores et déjà s’installent à Paris des acteurs qui ne sont pas contraints de se relocaliser, comme les gérants alternatifs, les fonds d’investissement. Ces chiffres devraient ainsi également augmenter du fait de l’arrivée de nouveaux acteurs très divers, comme Millenium, Citadel ou Access Bank, qui s’implantent en France, ou d’acteurs qui, une fois arrivés, développent des activités connexes. On peut penser par exemple à l’assureur Chubb qui a augmenté ses effectifs d’une cinquantaine de salariés depuis 2017 ou encore à Goldman Sachs ou d’autres banques américaines qui développent des activités de private banking, représentant une vingtaine de personnes.
FRANCFORT, JEU À SOMME NULLE POUR L’EMPLOI
Siège de la BCE et du mécanisme de supervision unique, le choix de Francfort s’est imposé comme une évidence pour de nombreux établissements bancaires. D’après la BaFin, la ville aurait attiré 63 établissements depuis l’annonce du Brexit, dont 36 banques et 14 sociétés de gestion. Morgan Stanley, JPMorgan et Goldman Sachs représentent plus de la moitié des 675 milliards d’euros déjà transférés de Londres vers l’Allemagne. Selon la Bundesbank, ces actifs hérités du Brexit pourraient totaliser 1.000 milliards d’euros fin 2022, grâce, en particulier, à l’arrivée de banques d’investissement.
Le développement de la place financière se traduit aussi dans les emplois créés : 3.600 depuis le vote du Brexit, selon une analyse des statistiques de la sécurité sociale réalisée par le département du développement économique de la ville de Francfort (source : Frankfurt Main Finance, mars 2021). C’est bien en deçà des 10.000 créations d’emplois annoncées en 2019. Et surtout, « l’effet Brexit » va être très atténué par la perspective de coupes claires au sein des établissements allemands. Deutsche Bank et Commerzbank ont déjà annoncé 28.000 suppressions de postes au niveau mondial d’ici à 2022. Selon une étude récente de la banque Helaba, ces plans sociaux pourraient concerner 2.000 professionnels pour la seule ville de Francfort.

AMSTERDAM EN PLEINE ACTION
Comme un tour de magie. Plus ancienne Bourse au monde, puisant ses racines au début du XVIIe siècle, Amsterdam connaît un nouvel âge d’or, étant devenue cette année le principal centre de négociation d’actions européennes au comptant. De la 4e place en décembre 2020 avec 2,2 milliards d’euros d’échanges quotidiens (selon les statistiques de CBOE), Amsterdam a affiché 9,2 milliards en janvier, chipant la couronne à Londres qui chute de 14,3 à 8,2 milliards. Mais comme tout tour de passe-passe, cette consécration confirmée depuis lors a un « truc » : elle découle directement du Brexit, les transactions sur actions européennes devant être nouées au sein de l’Union. Le bond néerlandais vient directement du choix de migration de deux plateformes alternatives (MTF, multilateral trading facilities), CBOE et Turquoise (le n°3 Aquis a choisi Paris). Elles ont ainsi simplement déplacé leurs flux, apportant à Amsterdam 6,5 milliards d’euros d’échanges quotidiens en janvier contre… 0,02 milliard en décembre. Cela ne privant pas Euronext Amsterdam d’une part du gâteau (de 2,2 à 2,7 milliards).
La place a su récolter d’autres fruits du Brexit. Comme celui, en lien direct avec le trading actions, des introductions en Bourse, où elle bénéficie, selon Stéphane Boujnah, président du directoire d’Euronext, d’« un puissant momentum en attirant cette année les IPO de grands groupes internationaux ». Comme en 2021 avec, côté Euronext Amsterdam, l’espagnol Allfunds, le polonais InPost ou le tchèque CTP. En attendant Universal Music. Au 15 juin, ce marché a accueilli 9 cotations en 2021, contre 3 pour chacun des deux exercices complets 2019 et 2020. Pour 11,3 milliards d’euros levés, contre 0,3 et 2,7 milliards respectivement.
Marché des émissions carbone
Sans oublier le transfert effectif depuis juin, depuis Londres toujours, du marché européen des droits d’émission de carbone opéré par ICE (InterContinental Exchange). « Un marché d’un milliard d’euros d’échanges quotidiens, voué à grandir sur fond de finance verte pour laquelle Amsterdam jouit déjà d’une solide réputation », pointe Antoine Pertriaux, responsable d’Adamantia Research Institute. Stéphane Boujnah relève tout de même que « très souvent, les acteurs migrent des activités depuis Londres dans des villes où ils avaient déjà une présence ». C’est le cas pour ICE avec ses droits à polluer, comme pour CBOE. Qui a dévoilé un projet de création en septembre à Amsterdam de sa plateforme européenne de dérivés actions, une décision qui n’est pas étrangère à la présence locale de sa chambre de compensation EuroCCP.
Cet « effet boule de neige », comme le nomme Antoine Pertriaux, ne suffit pas à expliquer pourquoi ces acteurs estiment que l’herbe est plus verte à Amsterdam. « Chaque place dispose d’avantages spécifiques, les Pays-Bas n’en manquent pas », note Stéphane Boujnah. Il faut tout de même relever son point noir, par rapport aux autres places européennes : le plafonnement du bonus des banquiers à 20 % de leur salaire fixe. En revanche, les sociétés y trouvent surtout « une plus grande flexibilité réglementaire, notamment fiscale. Amsterdam est perçue comme une place internationale neutre », glisse le patron d’Euronext. Gage de bon accueil, une société peut par exemple y écrire l’intégralité de la documentation requise pour entrer en Bourse en anglais uniquement, langue courante localement.

SOLIDE LUXEMBOURG
Le Grand-Duché est reconnu pour être « l’antichambre » de la gestion d’actifs. Si le Luxembourg compte peu d’équipes de gestion sur place, il s’est construit une solide réputation en matière d’offres servicielles en asset management. « De nombreux gestionnaires anglo-saxons disposent déjà d’une plateforme de distribution d’OPCVM à Luxembourg, note Nicolas Mackel, président-directeur général de Luxembourg for Finance. Le Brexit n’a fait que renforcer une tendance avec le référencement de leur offre alternative précédemment commercialisée depuis Londres. » Les gestionnaires anglo-saxons « arrimés » dans la capitale londonienne pour diffuser en Europe leur hedge funds, et notamment leurs fonds non cotés, ont traversé la Manche côté Grand-Duché, licence AIFM en poche, pour compléter leur offre Ucits historiquement agréée par cette place. BC Partners, Blackstone, Carlyle ou encore ICG ont fait ce choix.
La stratégie est la même de la part des banques. « Alors de que de nombreux établissements étaient déjà présents à Luxembourg dans le domaine des fonds ou avec une activité de ‘corporate finance’, on a vu des grands acteurs comme JPMorgan, Citi ou Goldman Sachs y ajouter des activités de banque privée », poursuit Nicolas Mackel. Avant la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne, Bank of Singapore avait opté pour Londres en qualité de « comptoir » pour atteindre le continent européen. Le Brexit annoncé, la banque a changé de braquet pour le Luxembourg, optant pour ce qui fait la renommée du Grand-Duché depuis toujours : « Un environnement d’affaires et un cadre légal jugés solides », met-il en lumière.
C’est également cette stabilité politique et sociale, ce rayonnement international, que sont venus chercher les assureurs. Ces acteurs s’inscrivent dans le long terme « et recherchent un maximum de garanties », estime-t-il. Si la capitale anglaise concentrait de nombreuses compagnies dans le quartier d’affaires de la City, notamment autour du siège social du Lloyd’s, de nouvelles enseignes s’érigent aujourd’hui dans le ciel de Luxembourg comme CNA Hardy, AIG ou Hiscox.
Complémentarité
La dimension internationale du Luxembourg est un argument de vente que le pays a récemment su mettre en avant auprès de l’industrie digitale. « Alipay, dans le secteur des paiements, a installé une équipe d’une trentaine de personnes », comptabilise Nicolas Mackel. Mais si, selon l’étude de New Financial, 95 acteurs financiers tous secteurs confondus ont ainsi relocalisé une partie de leur business ou étendu leur présence sur le sol luxembourgeois, faisant du Grand-Duché la troisième destination post-Brexit avec 17 % des transferts opérés derrière Dublin et Paris, « il ne s’agit pas de disputer le championnat d’Europe des places financières, ironise-t-il, mais de jouer la carte de la complémentarité. Contrairement à Paris ou Francfort, Luxembourg n’a jamais été un centre d’expertises en banque d’investissement ou en dérivés, par exemple ». A ce titre, le pays confirme son leadership en matière d’agréement de fonds d’investissement et élargit sa compétence à la gestion alternative, non cotée comprise.
DUBLIN – CANARY DWARF
Est-ce à cause des similitudes linguistiques, voire climatiques ? Dublin est en tout cas la gagnante du Brexit : 135 entreprises, soit 25 % des relocalisations, ont décidé de s’y installer. L’île ne manque pas d’arguments. D’une part, le système légal est celui du common law ; et il n’y a qu’un seul superviseur, l’Irish Financial Services Regulation Authority, niché au sein de la banque centrale. Cette simplicité facilite le transfert des activités en Irlande, d’autant que les liens entre les deux places financières existent depuis longtemps, Dublin concentrant de nombreuses activités aux services financiers, notamment aux banques commerciales. Barclays et Bank of America, pour ne citer que les plus importants, ont donc choisi cette destination.
Le pays est particulièrement attractif pour les gérants d’actifs : 51 gérants y ont déménagé. Il existe une expertise certaine : plus de 13.000 professionnels travaillent dans le secteur, selon l’Irish Fund Association. Et l’écosystème est favorable : le pays est deuxième en Europe pour les activités de service ou de domiciliation de fonds (Mancos, pour management companies). Les Ucits concentrent plus de 70 % des encours des fonds irlandais, mais le gouvernement a su faire preuve de pragmatisme : pour attirer les fonds alternatifs, tentés par le Luxembourg, les régulations sur la création de structures de partnership ont été assouplies en fin d’année dernière. Résultat, 9 hedge funds ont choisi l’Irlande, contre 10 pour le Luxembourg. Cerise sur le gâteau, la fiscalité irlandaise sur les entreprises, déjà légère, est encore plus souple pour les fonds, notamment les exchange-traded funds. Il existe par ailleurs plus de 70 accords fiscaux entre l’île et d’autres pays, qui simplifient encore les procédures pour des entreprises étrangères à l’Union européenne.
Ces chiffres sont à tempérer : les gérants ont pu chercher à profiter d’une technicalité pour ouvrir une « boîte aux lettres » dans un pays européen qui les aurait dispensés d’avoir à déplacer une part importante de leurs opérations. La Bank of Ireland a dû rappeler, fin mars, l’obligation d’une présence (« substance ») minimale en Europe pour pouvoir continuer à y exercer.
Pour aller plus loin, la vidéo de l’interview de Maja Torun, responsable de la banque d’investissement, JPMorgan France dans la version digitale de L’AGEFI HEBDO
Pour aller plus loin, la vidéo de l’interview de Sebastian Ayton, managing director, Goldman Sachs dans la version digitale de L’AGEFI HEBDO
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