
Les obligations Relance entament leur dernière ligne droite

Le compte à rebours d’un an est presque lancé. Alors que la rumeur grondait chez certains investisseurs, la Fédération Française de l’assurance (FFA) a confirmé à L’Agefi que les obligations Relance étaient sur les rails. «Cette semaine, nous lançons l’appel à candidature des gérants pour le dispositif obligations Relance», explique Franck Le Vallois, directeur général de la FFA. Ces candidatures seront alors étudiées à partir de la mi-juillet. «Nous visons le closing du fonds obligations Relance d’ici la fin du mois de juillet», précise-t-il, alors que les obligations Relance pourront être distribuées jusqu’au 30 juin 2022 dans le cadre de l’accord conclu avec Bruxelles.
La rédaction de la thèse d’investissement, réalisée à la suite des discussions avec les représentants des gérants français (France Invest et l’AFG) sous la coordination de la direction générale du trésor, a permis d’arrêter les modalités pratiques du dispositif. «Nous structurons le dispositif de telle sorte que les sociétés de gestion aient la possibilité de se regrouper. Ainsi, elles pourront travailler en groupe de gestion pour mailler le territoire national et adresser plus rapidement un grand nombre d’entreprises à la recherche de financements», détaille par exemple Franck Le Vallois.
Bercy espère 6 milliards d’euros avec cet instrument qui, avec les prêts participatifs, doit permettre de mobiliser 20 milliards d’euros. Début avril, Dominique Gaillard, président de l’association professionnelle France Invest, disait vouloir atteindre cet objectif auprès des investisseurs institutionnels. Plusieurs assureurs interrogés par L’Agefi prétendent pour le moment ne pas avoir de stratégie définie sur ces obligations, laissant planer quelques doutes.
Déjà, les prêts participatifs n’ont pas atteint les 14 milliards espérés par Bercy. Après un premier closing fin avril qui a permis de mobiliser 18 assureurs et d’atteindre 11 milliards d’euros sur les 14 milliards espérés par Bercy, la FFA indiquait qu’un second closing était à prévoir en juin 2021 «compte tenu de l’intérêt manifesté par plusieurs investisseurs potentiels». Si la possibilité n’est pas fermée, un dirigeant d’un grand bancassureur français confirme à L’Agefi les difficultés rencontrées sur le terrain pour distribuer les prêts participatifs. Ces derniers pâtissent d’un manque de lisibilité alors que les instruments pour accompagner les entreprises pendant la crise, à l’image desprêts garantis par l’Etat, sont encore disponibles.
Une bonification adossée à des objectifs ESG
Précisément, les obligations Relance sont des obligations subordonnées assimilables à des quasi-fonds propres et remboursables au bout de huit ans. Elles sont destinées aux sociétés n’ayant pas ouvert précédemment leur capital à un acteur financier. «Notre thèse d’investissement cible les entreprises des secteurs industriels ou de services opérant une transformation de leurs moyens de production ou en phase de croissance organique, externe ou à l’international. Par ailleurs, nous introduirons une bonification en termes de taux d’intérêt pour les entreprises qui renforceraient leurs fonds propres ou qui atteindraient des objectifs de type ESG», ajoute Franck Le Vallois.
Le montant financé est plafonné à 12,5% du chiffre d’affaires 2019 pour les PME et 8,4% pour les ETI. Leur rémunération s’élève à 5% pour les PME et 6% pour les ETI (contre 4% et 5% pour les prêts participatifs, dont le différé de remboursement de quatre ans se révèle par nature moins risqué qu’une échéance à huit ans).
Surtout, elle repose sur une garantie d’Etat de 30% dans une structure à deux étages. Afin de faciliter le processus d’investissement des assureurs et de garantie de l’Etat, un fonds faîtier regroupera les compartiments obligataires gérés par délégation par des fonds et chaque fonds sera tenu de co-investir à hauteur de 10% (sans garantie de l’Etat sur cette partie) afin d’assurer un alignement d’intérêts.
Plus d'articles du même thème
-
La prise de décision reste un défi pour les conseils d’administration
Afin de les aider à effectuer les meilleurs choix pour l’entreprise, l’Institut français des administrateurs (IFA) vient de dévoiler son dernier guide «Le Conseil d’administration face à l’exercice de la décision» -
Ursula von der Leyen promet un «sommet européen» sur le logement
Dans son discours sur l’état de l’Union, la présidente de la Commission européenne a fait trois propositions pour lutter contre la crise secoue le Vieux continent. Au-delà d’un sommet, elle a annoncé un plan pour des logements abordables et une «initiative juridique» concernant les locations touristiques. -
Samsung Life devient actionnaire du gérant de dette privée Hayfin
L’assureur coréen se fait une place minoritaire au capital de la société de gestion européenne auprès d’autres actionnaires stratégiques. Il devient coutumier de ce type d’opération mêlant GP-stake et engagement en tant que LP auprès de gérants de non-coté.
Sujets d'actualité
ETF à la Une

BNP Paribas AM se dote d’une gamme complète d’ETF actifs
- A la Société Générale, les syndicats sont prêts à durcir le ton sur le télétravail
- Boeing essaie de contourner la grève en cours dans ses activités de défense
- Revolut s’offre les services de l’ancien patron de la Société Générale
- Le rachat de Mediobanca menace la fusion des gestions de Generali et BPCE
- Mistral AI serait valorisé 12 milliards d’euros par une nouvelle levée de fonds
Contenu de nos partenaires
-
Climat : l'augmentation des canicules est liée aux émissions des producteurs d'énergies fossiles, selon des scientifiques
Paris - Le changement climatique a rendu les vagues de chaleur de ces deux dernières décennies plus probables et plus intenses, et les producteurs d'énergies fossiles et de ciment ont «significativement» contribué à cette tendance, conclut une étude publiée mercredi dans Nature. Ses auteurs, une équipe internationale, ont innové en se penchant sur une série de 213 canicules dans le monde durant la période 2000-2023. Ils ont aussi voulu s’intéresser plus particulièrement au rôle des grandes entreprises de production d'énergies fossiles et de ciment, émettrices de gaz à effet de serre. Les études d’attribution consistent généralement à mesurer le degré d’influence du changement climatique sur un événement météorologique extrême particulier. La singularité de cette étude est de passer en revue plusieurs épisodes. «Plus intenses et probables» «Cet article montre que le changement climatique a rendu plus de 200 vagues de chaleur plus intenses et plus probables, et que cette influence augmente», explique à l’AFP Yann Quilcaille, de l’ETH Zurich, auteur principal de l'étude. «Ensuite, nous montrons que les émissions associées aux plus gros producteurs d’énergies fossiles et de ciment contribuent significativement aux vagues de chaleur», souligne-t-il. Le changement climatique d’origine humaine a non seulement rendu les canicules plus probables mais, pour un quart d’entre elles (55 sur 213), cette probabilité a été augmentée d’au moins 10.000 fois. Autrement dit, elles auraient été quasiment impossibles sans le réchauffement du climat. L’influence de ce changement du climat se renforce fortement avec le temps: il a rendu les canicules 20 fois plus probables entre 2000 et 2009, et 200 fois plus probables entre 2010 et 2019. Les scientifiques ont ensuite voulu comprendre le rôle des 180 plus grosses entreprises productrices d'énergies fossiles et de ciment dans cette tendance. Pour leurs calculs, ils ont pris en compte toute la chaîne de valeur des entreprises et l’utilisation par les clients des produits qu’elles commercialisent. Ils ont par exemple attribué à chaque groupe pétrolier les émissions associées à l’essence qu’il a vendue, lorsqu’elle a ensuite été utilisée dans les voitures. Litiges en plein essor Résultat: les émissions liées à ces grandes entreprises ont contribué pour moitié à l’augmentation de l’intensité des canicules par rapport à l'ère pré-industrielle et ont aussi augmenté leur probabilité. Le rôle des 14 plus grosses «majors» (dont Saudi Aramco, Gazprom, Chevron ou BP) apparaît comme très important, pesant autant que les 166 autres entreprises étudiées, dont le rôle n’est pas négligeable pour autant. «Chaque producteur peut être suffisant à lui seul pour rendre possible des vagues de chaleur qui auraient été quasiment impossibles sans changement climatique», souligne Yann Quilcaille. Pascal Yiou, du Laboratoire des sciences du climat et de l’environnement (LSCE), qui n’a pas participé à l'étude, y voit «un résumé de l'état de l’art actuel sur l’attribution des vagues de chaleur», relativisant auprès de l’AFP sa dimension innovante. Karsten Haustein, de l’université de Leipzig, juge pour sa part, dans un commentaire publié par Nature, qu’il s’agit d’un «bond en avant» qui peut être utile pour la justice et la diplomatie climatiques. Les auteurs concluent que l'étude pourrait «renforcer» le rôle de la science de l’attribution devant les tribunaux, alors que le nombre de litiges augmente. Dans un dossier emblématique, un paysan péruvien avait par exemple poursuivi l'énergéticien allemand RWE, l’accusant d'être indirectement responsable de la fonte d’un glacier proche de sa maison. La justice allemande a reconnu fin mai le principe d’une responsabilité mondiale des énergéticiens dans les dommages liés au changement climatique. Ces poursuites «visant des entreprises sont en plein essor, avec des procès contre RWE, Exxon, Shell, Chevron, Holcim, etc. Ces procès se basent souvent sur des résultats scientifiques dépassés, sans les derniers progrès, mais c’est en train de changer», juge Yann Quilcaille. «Le but de notre (étude) est scientifique» mais «nous sommes conscients de son potentiel» pour éclairer ces dossiers, indique le chercheur. © Agence France-Presse -
Verdict
Dette : Fitch, prochain juge du déclin de la signature française
Baissera, baissera pas ? Fitch pourrait faire perdre un A à la note française compte tenu d'une instabilité politique persistante. Mais les marchés ont déjà anticipé cette possible dégradation -
La Cour de cassation garantit qu'un salarié malade pendant ses congés payés peut les reporter
Paris - Un salarié qui tombe malade pendant ses vacances a «le droit de voir son congé payé reporté», selon un communiqué publié mercredi par la Cour de cassation. L’arrêt de la plus haute juridiction était attendu pour mettre le droit français en conformité avec le droit européen, qui prévaudra donc, pourvu que «l’arrêt maladie soit notifié par le salarié à son employeur». En droit de l’Union européenne, «l’objectif du congé payé est de permettre aux salariés non seulement de se reposer, mais aussi de profiter d’une période de détente et de loisirs», explique la Cour de cassation. L’objectif du congé de maladie est différent: il doit «permettre aux salariés de se rétablir d’un problème de santé», poursuit le communiqué qui explique que «ces deux droits n’ont donc pas la même finalité». Dans un autre arrêt publié mercredi, la Cour de cassation a décidé, à la suite d’un pourvoi de trois salariés, le droit au paiement d’heures supplémentaires pour un salarié au décompte horaire, y compris «sur la semaine au cours de laquelle il a posé un jour de congé payé et n’a donc pas réalisé 35 heures de travail effectif». Là aussi, le raisonnement est fondé sur le droit européen qui veut que «toute mesure pouvant dissuader un salarié de prendre ses congés payés est interdite». Or «un calcul des heures supplémentaires qui ne tient pas compte des jours de congé payé fait perdre au salarié un avantage financier qui peut le dissuader de se reposer». © Agence France-Presse