Les négociations salariales s’annoncent agitées chez Covéa

L’ouverture des négociations annuelles obligatoires salaires et temps de travail 2023, initialement prévue en décembre, a été avancée au 18 novembre.
Bertrand De Meyer
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Les organisations syndicales souhaitent des hausses générales pour tous les collaborateurs afin de bien tenir compte du contexte.  -  Kevin Schneider/Pixabay

Covéa n’échappe pas aux questions de pouvoir d’achat soulevées par les syndicats face au bond de l’inflation. La direction du groupe d’assurance mutualiste a annoncé en interne l’ouverture anticipée des négociations annuelles obligatoires (NAO) salaires et salaires et temps de travail 2023, initialement prévue en décembre, au 18 novembre, sous la pression des organisations syndicales. Premier assureur de biens et de responsabilité en France, Covéa, qui regroupe Maaf, MMA, GMF et le réassureur PartnerRe, revendique 23.000 collaborateurs, dont 21.000 basés en France.

« Nous avions saisi la direction depuis juin 2022 pour rouvrir les négociations autour des NAO 2022 après l’explosion de l’inflation. Face aux refus que nous recevions, nous avons alors demandé d’ouvrir plus tôt les NAO pour 2023, ce qui va être fait », explique Eric Garreau, délégué syndical central CFDT, première organisation syndicale avec 40,6% de représentativité relative au niveau du groupe. Cette volonté de rouvrir les négociations pour 2022 était partagée par la CGT, deuxième organisation syndicale du groupe avec 19,2% de représentativité. « Nous avons envoyé deux courriers à la direction des ressources humaines pour demander la réouverture des NAO 2022 qui sont restés lettre morte. Ce ne sont pas trois semaines d’avance qui vont faire la différence », regrette Françoise Winterhalter, déléguée syndicale centrale CGT Covéa.

Hausses générales et télétravail

En 2022, les négociations se sont soldées par un PV de désaccord. Une hausse générale de 0,9% pour les salariés gagnant jusqu’à 55.000 euros par an, ainsi qu’une enveloppe d’augmentations individuelles de 1,1% de la masse salariale et une prime Macron de 500 euros ont été octroyées aux salariés, sans clause de revoyure. Covéa précise avoir redistribué près de 4 points de masse salariale à ses collaborateurs en 2022 au travers de mesures salariales variées. « Nous restons bien loin des 6,2% d’inflation constatée aujourd’hui. La pression est d’autant plus forte socialement que les collaborateurs ont dans l’esprit que l’enveloppe de 1,1% d’augmentations individuelles ne touche pas tous les collaborateurs », relate Eric Garreau.

A mesure que la première réunion approche, les différentes organisations travaillent sur leurs demandes.« Nous réclamons des hausses générales pour tous les collaborateurs pour tenir compte du contexte. Il faudra que l’on aboutisse sur quelque chose proche de l’inflation. Nous souhaitons aussi une prime de partage de la valeur qui serait versée avant la fin de l’année 2022», énumère Eric Garreau. « Nous revendiquons des hausses générales significatives avec, impérativement, des clauses de revoyure de façon à ce que l’on puisse faire en sorte de s’adapter à la situation le cas échéant », avance de son côté François Winterhalter. Une intersyndicale pourrait se former. Interrogée, la direction de Covéa n’a pas souhaité faire de commentaires.

Les négociations s’inscrivent dans un climat qui se tend au sein du groupe. « Nous souffrons d’un manque de personnel dans un contexte lourd de multiplication des sinistres, notamment naturels, qui illustrent ce manque de main d’œuvre. Il nous manque du monde partout, y compris dans les agences commerciales, un droit d’alerte a même été lancé par le CSE de la Maaf. Ces négociations s’inscrivent aussi dans un enjeu d’attractivité », abonde la syndicaliste. Pour pallier ce problème d’attractivité et de qualité de vie, la CFDT entend adopter une approche globale incluant la question du télétravail. Jusqu’ici restreint à deux jours par semaine, voire aucun dans les réseaux, l’organisation défend le passage à trois jours de télétravail par semaine, et un jour dans les réseaux.

Contrat santé-prévoyance

A quelques mois des élections syndicales, qui se tiendront en mai 2023, les organisations ne sont pas concentrées uniquement sur les questions de salaire et de télétravail. Le 26 octobre, la direction a annoncé lors d’un Comité social et économique central (CSEC) la résiliation des contrats santé et prévoyance de son partenaire Malakoff Humanis avec effet le 31 décembre. Mis en œuvre le 1er janvier 2018, ces contrats, pris en charge par l’employeur à 60% sur la santé et 75% sur la prévoyance, faisaient l’unanimité. Mais confronté à un déficit de 5 millions d’euros sur la partie prévoyance en quatre ans, Malakoff Humanis a demandé une augmentation tarifaire de 56% par rapport à 2021 refusée par Covéa, qui a aussitôt lancé un appel d’offres, sur les mêmes garanties, dont l’arbitrage est attendu le 26 novembre.

« Que valent 5 millions d’euros pour la protection des milliers de salariés de Covéa au regard des 8 milliards d’euros payés cash pour l’acquisition de PartnerRe ? », a réagi la CGT. « En changeant de partenaire, nous ne changeons pas la problématique du déficit qui devrait aboutir à des hausses tarifaires », s’inquiète de son côté Eric Garreau.

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