Les assureurs européens vont pouvoir mieux piloter leurs risques de marché

L’Autorité des assurances Eiopa recalcule désormais chaque semaine ses taux sans risque de référence et ratios d’ajustement sur actions.
Fabrice Anselmi
taux Europe
Le taux sans risque fourni par l’Eiopa sera calculé hebdomadairement.  -  Crédit European Union EP

En raison de la crise liée au coronavirus, l’Autorité européenne des assurances et des pensions (Eiopa) a annoncé le 8 avril qu’elle effectue désormais, et jusqu’à nouvel ordre, des calculs hebdomadaires et non plus mensuels de ses taux d’intérêt sans risque de référence (RFR) et taux d’ajustement symétrique sur actions (EDA). L’objectif est d’aider les compagnies dans le suivi de leur ratio de solvabilité (SCR). Ces informations, publiées chaque vendredi, peuvent présenter d’importantes variations d’une semaine sur l’autre liées à la volatilité actuelle des marchés.

Le taux sans risque fourni par l’Eiopa permet aux assureurs européens d’avoir un calcul homogène de leurs provisions techniques et de SCR puisqu’il sert à l’actualisation de tous les passifs. Il existe un risque d’inadéquation avec les actifs qui varient, eux, en fonction des sous-jacents concernés, par exemple des taux souverains pour un actif composé d’obligations d’Etat. «Le fait d’avoir un RFR hebdomadaire doit permettre un meilleur pilotage du portefeuille et du SCR au moment des reportings réglementaires, et de mieux appréhender la composante VA (volatility adjustement), part du spread de crédit ajoutée au RFR pour actualiser le passif. Nous connaissons actuellement une tension sur le marché du crédit, avec des variations de spreads importantes et rapides. Les assureurs faisant appel au VA dans la valorisation de leur passif pourront ainsi mieux anticiper l’impact sur leur passif», explique Rémi Lamaud, directeur réglementation et ALM chez LBPAM.

Par ailleurs, un ajustement symétrique (EDA) avait été proposé afin de permettre d’affiner le calcul du SCR actions et d’atténuer son effet sur la marge de solvabilité globale de l’assureur. Ainsi, sous Solvabilité 2, ce «choc» actions que l’assureur doit s’appliquer (39% pour les actions de l’OCDE) varie selon que ce taux évolue entre +10% et -10%, selon la position du marché dans un cycle de trois ans - l’Eiopa fournit un indice à cet effet. «Il est crucial pour le pilotage de l’assureur d’avoir une idée précise du SCR actions qui s’appliquera au moment où il devra arrêter sa marge de solvabilité – trimestrielle par exemple. La publication hebdomadaire va permettre de mieux anticiper les mouvements de cette charge en capital et de prendre les mesures nécessaires (allègement ou couverture du portefeuille actions par exemple). Dans ces périodes de forte volatilité, cela peut éviter d’avoir trop de retard si l’évolution a beaucoup bougé depuis trois semaines par exemple», poursuit Rémi Lamaud, qui propose aux institutionnels des projections à douze mois afin d’ajuster leurs scénarios et leurs portefeuilles.

L’indice composite de l’Eiopa reprend 9 grands indices actions européens plus le S&P 500 et le Nikkei 225, avec des pondérations par pays en partant du principe que les assureurs investissent davantage en actions domestiques, et un ajustement lié à la croissance «normale» du marché actions qui peut parfois étonner quand il y a peu de volatilité comme fin 2019. «Avec la crise actuelle, l’EDA est redescendu à sa borne basse et il y resterait même avec hausse rapide de +6,7% : il faudrait une hausse rapide de +31% pour le voir repasser à son niveau neutre de 0%. La vitesse de la reprise du marché actions a une influence sur la moyenne de long terme de l’ajustement symétrique : si la reprise est lente, cela baisse la moyenne de trois ans, et conduit à un ajustement symétrique qui pourrait remonter rapidement ensuite», conclut Rémi Lamaud.

Un évènement L’AGEFI

Plus d'articles du même thème

Contenu de nos partenaires

A lire sur ...