
Les assureurs européens misent eux aussi sur les rachats d’actions

Les assureurs européens participent à la vague des rachats d’actions qui déferle sur le continent. Generali a confirmé lors de la publication de ses résultats semestriels le lancement d’un programme de rachat pour un montant maximal de 500 millions d’euros jusqu’au 29 octobre 2023. Si l’annonce avait déjà été déflorée lors de la présentation du plan stratégique de l’assureur italien, qui veut accélérer le retour à ses actionnaires avec des dividendes cumulés compris entre 5,2 et 5,6 milliards d’euros d’ici 2024, elle reste remarquable puisqu’il s’agit d’une première en quinze ans.
«Le programme a pour but d’utiliser les liquidités excédentaires accumulées au cours des exercices 2019 à 2021 et non utilisées à des fins de redéploiement du capital et de rémunérer les actionnaires en plus de la distribution de dividendes», justifie Generali dans son rapport financier de mi-année. Sur les quatre milliards d’euros que l’assureur prévoyait de déployer dans des opérations de croissance et des fusions-acquisitions dans le cadre de son dernier plan triennal, il lui reste moins de 1 milliard d’euros. L’annonce, qui arrive aussi après une guerre de gouvernance qui a vu certains actionnaires s’affronter sur le maintien de Philippe Donnet à la direction générale, a été accueillie positivement. «Le rachat sera progressivement plus puissant avec les actions aux niveaux actuels», notent les analystes de Bank of America, qui soulignent que le ratio de solvabilité de l’assureur a grimpé de 7 points depuis la fin 2021 à 233%, en haut de sa fourchette cible de 180% à 240%, et après prise en compte du rachat d’actions. En un mois, le titre Generali a lui gagné 5% à 15,41 euros.
Retour aux actionnaires
D’autres acteurs misent sur les rachats d’actions pour séduire leurs actionnaires après le manque à gagner durant la crise épidémique du fait des restrictions demandées par les régulateurs. Oliver Bäte, directeur général de l’assureur allemand Allianz, avait par exemple reconnu en août 2021 que les rachats d’actions seraient plus compliqués durant le pic de la pandémie. Au premier semestre, il a précisé avoir achevé un plan de rachat d’un milliard d’euros et acquis 5,1 millions d’actions au 15 juillet 2022. L’assureur, qui a vu son bénéfice net semestriel plombé par les conséquences de l’affaire des fonds Structured Alpha pour ressortir en baisse de 52,7% à 2,3 milliards d’euros, n’a pas annoncé de nouvelles initiatives. Mais les analystes s’attendent à ce que le groupe entreprenne de nouvelles acquisitions de ses titres dès 2023.
Au contraire, Aviva a franchi le pas. Face à la pression du fonds activiste suédois Cevian, l’assureur britannique avait annoncé fin 2021 qu’il allait reverser 4,75 milliards de livres à ses actionnaires (5,7 milliards d’euros) par le biais d’une distribution d’un dividende de 3,75 milliards de livres et d’un programme de rachat d’actions d’un milliard de livres. Début août, il a finalement dévoilé un dividende intérimaire en hausse de 40% sur un an à 10,3 pence par action au titre des six premiers mois de l’année, mais surtout un nouveau programme de rachat d’actions qui sera lancé à la fin de l’année. Avec un ratio de solvabilité de 213%, largement supérieur à son objectif de 180%, les analystes de RBC capital estiment que les résultats permettent de dégager 2 milliards de livres sterling de fonds propres excédentaires. JPMorgan anticipe une enveloppe de 250 millions de livres par an à partir de 2023. Fort d’un bénéfice d’exploitation en hausse de 14% sur un an à 829 millions de livres sterling sur les six premiers mois de l’année, dépassant la moyenne du consensus des analystes fourni par la société d’un bénéfice de 742 millions de livres, le programme sera financé par une génération de trésorerie meilleure que prévu et par l’assainissement du bilan.
Compenser des dilutions
Axa et Zurich Insurance privilégient, en principe, des rachats d’actions pour compenser la dilution attendue de la vente de portefeuilles. Zurich a cédé un portefeuille de contrats d’assurance vie en Allemagne au groupe Viridium dans une transaction qui devrait ajouter huit points de pourcentage au ratio de solvabilité suisse et qui comprend le transfert de 20 milliards de dollars de réserves nettes. Aussi, l’assureur suisse prévoit le lancement d’un programme de rachat d’actions, qui n‘affectera pas sa politique de dividende, pour un montant de 1,8 milliard de francs suisses (1,8 milliard d’euros).
De son côté, Axa a vendu un portefeuille de 16 milliards d’euros de contrats d’assurance vie et de retraite, pour un montant de 660 millions d’euros à Athora, Axa avait déjà prévu des rachats de titres lors de la clôture de l’opération, attendue au quatrième trimestre de l’année prochaine. Mais à l’occasion de ses comptes semestriels, jugés solides, il a annoncé s’apprêter à lancer, en plus, un nouveau programme de rachat d’un montant maximal de 1 milliard d’euros qui devrait débuter «dans les meilleurs délais» et se terminer «d’ici février 2023». Le groupe justifie cette annonce par la solidité de son ratio de solvabilité, qui ressort à 227% en hausse de 10 points, et sa prévision de remontée de trésorerie, de 5 à 6 milliards d’euros pour l’année 2022. Il a déjà terminé deux programmes de rachat d’actions pour un montant cumulé de 2,2 milliards d’euros sur le semestre.
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