« L’endettement actuel des ménages est bien inférieur à celui de 2011 »

La parole à... Guillaume Derrien, économiste chez BNP Paribas
Stéphanie Salti, à Madrid

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Guillaume Derrien, économiste chez BNP Paribas

Quels sont les risques de la remontée des taux pour les ménages espagnols ?

La politique de durcissement monétaire de la BCE aura un impact économique tangible pour les ménages espagnols. Cela va se manifester sur le coût des emprunts, qui devraient poursuivre leur remontée, et pourrait également affecter les prix immobiliers. Ces derniers sont restés très dynamiques jusqu’à la fin du deuxième trimestre, avec un taux de croissance annuel dépassant les 9 % en septembre, du jamais-vu depuis quinze ans. Conjugué à la difficulté de certains ménages à honorer leurs échéances de remboursement, l’ensemble de ces facteurs risque de peser sur la consommation et sur l’activité de façon générale.

Sur une note positive, le niveau d’endettement des ménages est, dans son ensemble, bien inférieur à ce qu’il était lors de la crise de 2011, ce qui réduit les risques de contagion économique. Le taux d’emploi continue aussi à surprendre favorablement. Et si les indicateurs PMI dans le secteur manufacturier ont flanché en octobre, nous n’avons toujours pas observé de matérialisation sur le marché de l’emploi.

Quelles sont vos anticipations sur l’évolution de l’inflation dans le pays ?

Même si elle reste élevée, l’inflation a continué de refluer au mois d’octobre, à 7,3 %, conséquence d’un ralentissement des prix énergétiques. Les mesures gouvernementales, à la fois l’exception ibérique et le plafonnement des prix régulés sur le marché de l’énergie, portent leurs fruits. A l’inverse, les pressions inflationnistes se sont diffusées à d’autres postes de consommation – les produits alimentaires et les services récréatifs et culturels notamment –, et leur pic reste difficile à prévoir. Après avoir connu une hausse de l’inflation plus précoce que les autres pays européens dès le printemps 2021, l’Espagne semble aujourd’hui légèrement mieux placée que d’autres pour revenir à des taux plus soutenables.

Comment se porte l’économie espagnole de façon générale ?

A la différence de nombre de pays européens, l’Espagne n’a toujours pas recouvré son niveau d’activité pré-Covid, son PIB réel se situant toujours, au troisième trimestre 2022, 2 % en deçà de son niveau de 2019. On assistera, cette année, à un effet de rattrapage, avec des anticipations de croissance à 4,3 % selon le FMI. Pour l’an prochain, le gouvernement espagnol table sur une hausse de l’activité de 2,1 %, une estimation optimiste et qui se fonde sur une augmentation importante des investissements potentiellement liés au plan de relance. Pour l’heure, nous ne constatons pas d’impact significatif du plan de relance sur la croissance.

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