
Le nouveau CCF repart en conquête

En reprenant le réseau de HSBC en France, My Money Group et son actionnaire, le fonds Cerberus, ont fait un pari : créer une banque patrimoniale de référence à même de creuser son sillon dans un marché dominé par des mastodontes généralistes. Depuis le 1er janvier 2024, la marque centenaire CCF, pour Crédit Commercial de France, s’est réinstallée dans le paysage en prenant possession de ses 235 agences.
Malgré quelques irritants relevés par la clientèle, comme la suppression de DAB dans de nombreuses agences parisiennes, le cap a été passé sans encombres. La preuve, selon le directeur général du CCF Niccolo Ubertalli, la banque n’a enregistré que 1,4% de pertes sur ses dépôts – en grande partie, des dépôts à terme -, contre 10% en moyenne pour des migrations bancaires de ce type. Le nombre de réclamations traitées par le réseau a, quant à lui, baissé de 40% en six mois.
Aussi complexe soit-elle, la bascule informatique n’est pas le seul défi pour le management de la banque. Il lui faut désormais en faire un objet rentable, non seulement en fidélisant la clientèle mais surtout en l’équipant. La priorité : le développement commercial. Le directeur général du CCF, qui pilotait jusqu’en juillet 2022 les activités italiennes d’UniCredit, croit pour cela dans « l’agilité d’une banque à taille humaine ».
La machine du crédit repart
La dynamique commerciale a été relancée sur la collecte de fonds, comptes-titres et assurance, mais aussi sur le crédit immobilier. Alors que la machine s’est dégrippée grâce aux premières baisses de taux, le CCF a enregistré au mois de juin « une production record depuis plus de deux ans ». A 208 millions d’euros, elle a été multipliée par dix depuis le début de l’année.
La barre fixée par Niccolo Ubertalli est haute : il ambitionne d’atteindre l’équilibre des comptes à fin 2026. De son côté, la banque privée Milleis, lancée en 2017 par le fonds Anacap après le rachat de Barclays France, n’a enregistré son premier bénéfice qu’en 2023…
Les agences piloteront leur PNB
Pour y parvenir, il n’est pas question d’emprunter la même voie que des néobanques dont le coût d’acquisition de la clientèle est très élevé, mais de miser sur « la qualité de service, la réactivité de nos conseillers et l’offre sur l’étagère », détaille Niccolo Ubertalli. Et d’ajouter : « Contrairement aux réseaux des banques universelles qui adressent également une cible patrimoniale parmi d’autres, le CCF est entièrement dédié à cette clientèle. Nous travaillons véritablement en architecture ouverte. Puisque nous n’avons pas de produits maison, nous poussons les meilleurs produits de nos partenaires, Goldman Sachs, Pictet, Morgan Stanley ou Neuberger Berman, en fonction du profil et de l’intérêt du client».
Le directeur général du CCF, qui a présenté ses grandes orientations stratégiques aux élus du CSE le 23 juillet en attendant un plan plus élaboré à l’automne, croit aussi à la force du modèle relationnel. Il veut, pour cela, déléguer le pouvoir de décision aux agences et faire de leurs directeurs de véritables entrepreneurs pilotant localement leur produit net bancaire (PNB). « C’est bien plus efficace que de fixer des objectifs de ventes par familles de produits », estime Niccolo Ubertalli.
Quelle optimisation pour le réseau ?
A l’heure où ses concurrents taillent dans leurs réseaux domestiques, le dirigeant insiste également sur « la force que représentent les 3.000 collaborateurs du CCF qui ont fait le succès de cette migration ». Tandis que le coefficient d’exploitation des banques françaises a atteint le record de 73% en 2023, Niccolo Ubertalli ambitionne, à terme, d'être plus efficace. Au prix d’une rationalisation du réseau d’agences ? « Il n’y a pas que la réduction des coûts, on peut aussi agir sur la croissance des revenus », se défend-il, tout en reconnaissant qu’une optimisation du maillage est possible. A Paris, à peine reprises et passées sous enseigne CCF, des agences ont déjà fermé.
Le directeur général, qui a supprimé plusieurs échelons de décision et dirige lui-même le réseau, affirme vouloir fidéliser ses salariés et leur permettre de monter en compétences. Signe de cet investissement dans le capital humain, il injecte 7 millions d’euros dans une « CCF Académie» installée à Fussy dans le département du Cher. Une école de formation en 100% présentiel.
Si l’accent est mis sur la croissance organique, Niccolo Ubertalli ne se dit «pas fermé à la croissance externe si elle fait sens industriellement ». Alors que le CCF distribue encore les produits de HSBC Assurances Vie - qui n’avait pas été cédée par la banque britannique - il pourrait être intéressé par le rachat d’une compagnie d’assurance. Un marché sur lequel les banques françaises sont très actives. En témoigne la reprise de Neuflize Vie par BNP Paribas.
A lire aussi: Avant de reprendre le réseau de HSBC France, la Banque des Caraïbes se sépare de ses clients et de ses salariés
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Ramallah - La reconnaissance prochaine de la Palestine par plusieurs Etats dont la France, en marge de l’Assemblée générale de l’ONU, adresse un message clair à Israël sur les «illusions» de l’occupation, a déclaré mercredi la ministre des Affaires étrangères palestinienne, Varsen Aghabekian Chahine. Dans un entretien accordé à l’AFP à quelques jours du sommet sur la question palestinienne que Paris et Ryad doivent coprésider le 22 septembre à l’ONU, et où plusieurs pays ont promis de reconnaître l’Etat de Palestine, Mme Aghabekian, qui s'était dite «choquée» par l’inaction de l’Union européenne face à la guerre à Gaza, voit dans ce nouvel élan diplomatique la réalisation d’une promesse de la communauté internationale qu’elle attendait depuis longtemps. Q: A quoi vous attendez-vous la semaine prochaine? R: Cette reconnaissance ne changera pas immédiatement la situation sur le terrain. Certains diront peut-être: +mais qu’est-ce que cette reconnaissance, qu’est-ce que cela signifie si je ne vois pas la fin de l’agression contre la bande de Gaza?+, mais ça contribue à mettre fin à l’agression contre la bande de Gaza. La reconnaissance n’est pas symbolique. C’est quelque chose de très important, car cela envoie un message très clair aux Israéliens sur leurs illusions de [vouloir] continuer leur occupation pour toujours. Elle envoie également un message clair aux Palestiniens : +nous soutenons votre droit à l’autodétermination+, elle renforce le concept et la solution à deux Etats. Cela nous donne un élan pour l’avenir car on pourra s’appuyer sur ça et chaque pays qui reconnaîtra la Palestine prendra des engagements fondés sur cette reconnaissance. Chaque étape compte. Nous ne pouvons pas nier le fait que la reconnaissance nous rapproche de la concrétisation effective de l’Etat, mais oui, nous devons également travailler à un cessez-le-feu permanent [à Gaza] et à d’autres aspects nécessaires pour que les gens voient un avenir en Palestine. Q: Israël critique ces annonces de reconnaissance, que lui répondez-vous? R: Le monde d’aujourd’hui comprend et voit ce dont Israël est capable en tant qu’Etat occupant, expansionniste et annexionniste, et comprend ce qu’Israël dit, car il n’hésite pas à le dire. Israël dit au monde: +je veux aller de l’avant, je veux construire ce grand Israël+, ce qui implique une atteinte à la sécurité, à l’indépendance et à la souveraineté des Etats voisins. Et la non-reconnaissance renforcera les extrémistes de tous bords [israéliens et palestiniens, NDLR], car ceux-ci ne veulent pas voir deux Etats coexister. Q: Et si Israël refuse? R: Israël ne veut pas négocier. Allons-nous donc rester à la merci de cet Etat occupant jusqu'à ce qu’il commence à penser que nous voulons peut-être négocier ? Si les gens pensent qu’Israël va se présenter à la table des négociations, cela n’arrivera jamais. Depuis que nous nous sommes engagés dans ce processus de paix [avec les accords d’Oslo en 1993, NDLR], nous avons vu davantage de nos terres annexées par Israël, davantage d’activités de colonisation, davantage de violence de la part des colons et davantage d'étouffement de notre vie. Nous ne laisserons pas cela continuer. Nous demandons simplement que nos droits, tels qu’ils sont consacrés par le droit international, soient respectés. Et nous savons qu’ils [le gouvernement israélien du Premier ministre Benjamin Netanyahu, NDLR] vont essayer d’annexer davantage, et nous le voyons sur le terrain. Nous voyons les barrières érigées à l’entrée des villages et des villes. La violence va s’intensifier. [Mais] Israël ne peut pas continuer à agir comme un Etat au-dessus des lois, car s’il veut vivre dans la paix et la sécurité dans la région, il doit agir comme un Etat normal. Nous ne pouvons pas rester les bras croisés et dire: +c’est Israël, nous ne pouvons rien y faire+. Q: L’opposition des Etats-Unis est-elle un problème? R: Au bout du compte, le monde entier sera d’un côté, et probablement Israël et quelques pays de l’autre. [Ces reconnaissances] changent la donne, et nous devons donc les envisager positivement et continuer d’avancer. Nous espérons que [les Etats-Unis du président américain Donald Trump] finiront par accepter ce qui est nécessaire dans cette région, c’est-à-dire deux Etats. Q: Certains pays lient leur reconnaissance à un cessez-le-feu à Gaza ou au désarmement du Hamas. Cela peut-il freiner votre élan ? R: En ce qui concerne le désarmement du Hamas, je pense qu’il y a un consensus à ce sujet. Et par ailleurs, même le Hamas dit qu’il ne veut pas faire partie du gouvernement de Gaza après la guerre. Donc si un accord de paix est conclu et qu’il y a un cessez-le-feu permanent, cela ne devrait pas poser de problème. Chloe ROUVEYROLLES-BAZIRE © Agence France-Presse -
Royaume-Uni : 5 000 londoniens ont manifesté contre la visite de Donald Trump
Londres - «Trump n’est pas le bienvenu», «Pas de tapis rouge pour la haine": quelque 5.000 personnes selon la police ont manifesté mercredi dans le centre de Londres, sous un ciel gris, contre la venue du président américain qui a entamé une visite d’Etat au Royaume-Uni. A une quarantaine de kilomètres du château de Windsor, où Donald Trump est reçu avec les honneurs par la famille royale, les manifestants ont marché de Regent’s Park jusqu’au Parlement britannique. «Il sème la destruction et le désordre à travers le monde entier», a indiqué à l’AFP Dave Lockett, ancien enseignant de 67 ans, qui s’inquiète que les «idées véhiculées par Trump gagnent la société» britannique. Une centaine d’organisations politiques et ONG comme Amnesty International, les Amis de la Terre, Palestine Solidarity Campaign ou Stand Up to Racism ont participé à la marche, sous haute surveillance policière avec 1.600 agents et un hélicoptère. La Metropolitan Police a estimé à 5.000 le nombre de manifestants, brandissant des pancartes «Les migrants sont les bienvenus, Trump n’est pas le bienvenu», «Non aux fascistes» ou «Pas de tapis rouge pour la haine». «J’ai observé le premier mandat de Donald Trump, avec tous les dégâts qu’il a causés, et je suis terrifié par le deuxième», déclare à l’AFP Dale Phelan, 28 ans, dont la pancarte dénonce l’existence de «camps de concentration» pour les migrants outre-Atlantique. «Tout ce qui se passe aux Etats-Unis arrive ensuite généralement ici», ajoute-t-il, citant la promesse de Nigel Farage, à la tête du parti d’extrême droite britannique Reform UK, d’expulser jusqu'à 600.000 migrants en cinq ans s’il devenait Premier ministre. Le président américain évite la capitale britannique et le public pour sa deuxième visite d’Etat, de mercredi à jeudi, largement à l’abri des regards. «Valeurs progressistes» «Il sait que nous protestons contre lui», et préfère «faire un petit tour triste en calèche tout seul à Windsor, avec un défilé que personne ne verra», ironisait un porte-parole de Stop Trump Coalition. Selon un sondage YouGov/Sky publié mercredi, près de la moitié des Britanniques (45%) pensent que c'était une erreur d’inviter Donald Trump pour une deuxième visite d’Etat, et quasiment 70% d’entre eux ont une opinion défavorable du président américain. Dans le cortège, qui avance au rythme des tambours, flottent de dizaines de drapeaux palestiniens, une pancarte accusant Trump, allié d’Israël, de «bombarder des enfants à Gaza pendant qu’il festoie au Royaume-Uni». «Personne ne devrait l’accueillir», dénonce Yashi Sriram, doctorante de 32 ans, qui «n’en revient pas qu’on lui déroule le tapis rouge». La manifestation de mercredi n’a pas rassemblé autant de participants que celles qui avaient été organisées lors de la première visite d’Etat du président américain, en 2019. A cette époque, un ballon géant baptisé «Baby Trump», le caricaturant en bébé furieux en couche-culotte, avait flotté au-dessus de la capitale, avec la bénédiction du maire travailliste Sadiq Khan. Les relations sont tendues entre l'édile et Donald Trump, qui l’a en juillet qualifié de «mauvais type». Sadiq Khan a quant à lui appelé le gouvernement travailliste de Keir Starmer, soucieux de maintenir de bonnes relations avec le président américain, à savoir se montrer «critique» et à «dire la vérité» à Donald Trump. «Nous sommes déterminés à faire de notre ville une forteresse contre la haine et un phare d’espoir (...), nous défendons fièrement nos valeurs progressistes» a-t-il écrit dans une tribune dans le Guardian, quelques jours après une manifestation d’extrême droite qui a rassemblé jusqu'à 150.000 personnes à Londres. Avant son arrivée, des dizaines de manifestants anti-Trump s'étaient rassemblés à Windsor mardi pour protester contre sa venue. Des militants de l’organisation Led by Donkeys («Dirigés par des ânes») ont aussi projeté des images du président et du criminel sexuel Jeffrey Epstein sur une tour du château de Windsor. Quatre personnes ont été immédiatement arrêtées. Clara LALANNE © Agence France-Presse -
Nucléaire iranien : Paris, Berlin et Londres exigent des avancées, menacent de sanctions
Paris - Les ministres des Affaires étrangères allemand, britannique et français ont signifié mercredi à leur homologue iranien qu’ils attendaient toujours des gestes «concrets» sur le programme nucléaire pour éviter la réimposition de leurs sanctions qui pourrait intervenir dans dix jours. Johann Wadephul, Yvette Cooper et Jean-Noël Barrot se sont entretenus par téléphone mercredi avec Abbas Araghchi, qui dit l’Iran disposé à trouver une solution «juste et équilibrée». A l’issue de leur entretien téléphonique, le gouvernement allemand a affirmé que «la balle était dans le camp de l’Iran». Les trois pays, réunis sous l’acronyme E3, «ont réitéré l’offre d’extension» du délai avant un rétablissement des sanctions (dit «snapback»), «proposée il y a près de deux mois», a expliqué à l’AFP une source diplomatique française. «Il revient à l’Iran de s’en saisir au plus vite en faisant les gestes concrets nécessaires», a-t-elle ajouté. «L’Iran est prêt à trouver une solution juste et équilibrée qui garantisse les intérêts mutuels», a déclaré de son côté Abbas Araghchi tout en prévenant que «pour atteindre cet objectif», les E3 devaient adopter «une approche responsable et indépendante» et «s’abstenir de se laisser influencer par d’autres acteurs», ciblant sans les nommer les Etats-Unis et Israël. «A ce stade, les mesures prises par l’Iran n’ont pas été suffisantes», avait regretté plus tôt un porte-parole du ministère allemand des Affaires étrangères en référence notamment à l’accord trouvé le 9 septembre entre l’Iran et l’Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) sur un nouveau cadre de coopération. Cet accord ne s’est pas traduit par une reprise immédiate des inspections suspendues par Téhéran après les frappes israéliennes et américaines menées en juin durant la guerre des 12 jours. Conditions Le dernier échange entre les chefs de la diplomatie remontait à fin août lorsque les Européens ont notifié Téhéran le déclenchement du mécanisme du «snapback» permettant de rétablir dans un délai de 30 jours les sanctions de l’ONU contre la République islamique, en vertu de l’accord international sur le contrôle du programme nucléaire iranien de juillet 2015 et endossé à l'époque par une résolution du Conseil de sécurité. Pour éviter ce scénario, qui affaiblirait davantage l'économie iranienne, les pays de l’E3 ont émis plusieurs conditions, selon plusieurs sources diplomatiques occidentales, à commencer par le plein accès par l’AIEA aux sites iraniens. Pour l’heure, l’accès aux installations nucléaires iraniennes ne peut se faire qu’avec l’approbation du Conseil suprême de sécurité nationale, la plus haute instance de sécurité de l’Iran. En outre, inspecter les sites les plus sensibles endommagés par les frappes israéliennes et américaines est particulièrement «compliqué» en raison de «préoccupations environnementales et de sécurité», a mis en avant Téhéran. Discussions incertaines avec Washington Le programme nucléaire iranien empoisonne de longue date les relations de l’Iran avec les pays occidentaux, les Etats-Unis en tête et Israël, ennemi juré de l’Iran, qui soupçonnent le pouvoir iranien de vouloir se doter de la bombe atomique. Ce que l’Iran dément vigoureusement, défendant son droit au nucléaire pour des besoins civils. Début septembre, un rapport confidentiel de l’AIEA, consulté par l’AFP, faisait néanmoins apparaître que l’Iran avait accéléré, avant la guerre de juin, le rythme de production de ses réserves d’uranium enrichi à 60%, seuil proche des 90% nécessaires pour fabriquer une arme nucléaire. La semaine dernière, le chef de la diplomatie iranienne a affirmé que «l’ensemble» de la matière nucléaire enrichie demeurait «sous les décombres» d’installations endommagées par les bombardements en juin, une déclaration susceptible de satisfaire les Européens qui souhaitaient avoir une déclaration sur le statut de ses matières enrichies. Outre la reprise immédiate des inspections des sites par l’AIEA, Berlin, Londres et Paris exhortent l’Iran à reprendre les négociations avec les Etats-Unis. Téhéran et Washington avaient engagé en avril des pourparlers, brutalement interrompus par les frappes d’Israël et des Etats-Unis en Iran. Pour l’heure, les perspectives de reprise des négociations avec Washington demeurent incertaines, alors que Téhéran exclut toute discussion sur des restrictions à son programme balistique, voulu par les Etats-Unis. Lundi, aux côtés du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, le secrétaire d’Etat américain Marco Rubio a déclaré que Washington poursuivrait sa politique de pression maximale contre Téhéran. Le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Esmaeil Baqaei, a qualifié mercredi ces propos d’"absurdités». «Nous restons pleinement engagés dans la recherche d’une solution diplomatique à la crise nucléaire Iranienne», a assuré pour sa part mercredi la source diplomatique française, malgré les obstacles de taille. Delphine TOUITOU avec Jastinder KHERA à BERLIN © Agence France-Presse