
Le mentorat, une carte à jouer pour les jeunes financiers

La première opération du genre a eu lieu l’année dernière, et le Club des jeunes financiers (CJF) a décidé de la renouveler cette année. Le programme de mentoring saison 2 a débuté en novembre, avec un appel à candidatures pour des mentors disponibles et motivés, côtoyant tous le Centre des professions financières (CPF), dont le CJF est la branche jeunes. Leur mission ? Accorder une oreille attentive à un junior, l’orienter en fonction de ses attentes, le conseiller sur les compétences à acquérir ou à développer et partager leur propre vécu professionnel. En organisant à cet effet une à trois rencontres d’ici à mars 2023, au rythme de chacun.
«Nous avions de plus en plus de demandes de la part de nos jeunes financiers, surtout des étudiants, qui souhaitaient être mis en relation avec des profils expérimentés», explique Anne-Audrey Claude, la présidente du CJF. Pour les uns, il s’agit d’appréhender de manière plus opérationnelle l’exercice de certains métiers. D’autres s’interrogent sur ce qu’ils peuvent faire avec leur master, car il existe beaucoup de métiers de niche. Certains sont en poste mais voudraient travailler sur leur mobilité externe ou bien s’apprêtent à prendre des responsabilités managériales.»
Hauts potentiels et réseaux féminins
La crise sanitaire a été le déclencheur de ce projet, en gestation depuis déjà quelque temps, qui a d’abord débouché sur l’organisation d’une semaine dédiée incluant des ateliers RH (reconduits dans le programme) et des rencontres avec des mentors. Une réponse à l’appréhension des jeunes « qui se demandaient comment passer cette période ». La deuxième édition, dont le format a été repensé, permettra d’offrir un accompagnement à une vingtaine de membres du CJF qui en ont exprimé le souhait et dont la candidature a été validée en interne. Une initiative que l’équipe du club aimerait pouvoir pérenniser et développer avec le soutien d’un mécène.
Car le mentorat spécifiquement consacré aux profils financiers n’est guère répandu dans l’Hexagone. Il se pratique surtout au sein même des entreprises, par exemple dans le cadre de programme d’accompagnement de hauts potentiels. Un outil de développement et d’apprentissage – ancré dans une relation interpersonnelle, confidentielle et bienveillante –, que les réseaux féminins n’ont d’ailleurs pas tardé à s’approprier, à l’instar des « Essenti’Elles ». Créé il y a une dizaine d’années et fort de 1.400 membres, le réseau de femmes de la communauté BPCE s’applique à favoriser l’évolution professionnelle des collaboratrices à tous les niveaux de responsabilités.
« Nous disposons d’une équipe dédiée à l’organisation du mentorat, qui se déploie dans le cadre de campagnes annuelles, et d’un ‘book’ de mentors volontaires, dirigeants, managers ou experts, explique Nelly Desbarrières, marraine du réseau. Les collaboratrices intéressées en sélectionnent deux, en fonction de leurs aspirations, le plus souvent centrées sur un souhait d’évolution professionnelle. Nous parvenons toujours à trouver le bon duo mentor-mentorée, et, cette année, nous en avons très exactement constitué 52. » Preuve de l’attrait de ce coup de pouce dans les carrières féminines.
Maillage
L’exemple peut aussi venir de l’étranger. De l’autre côté de l’Atlantique, le Québec, qui entend positionner Montréal comme place financière de premier plan en matière de finance durable, a fait du mentorat l’un des leviers de sa stratégie de développement des talents. « Nous avons beaucoup d’atouts pour la localisation des activités financières, mais le premier facteur d’attractivité, ce sont les cerveaux, d’où la nécessité de veiller à l’adéquation entre la formation, les compétences et l’emploi », souligne Florian Roulle, vice-président finance durable de Finance Montréal, la « grappe » financière de la Belle Province.
Il y a un an et demi, celle-ci a lancé un plan d’action pour le développement de la main-d’œuvre en investissement responsable et finance durable, qui cible trois types de populations : les étudiants des filières en finance, gestion et comptabilité, les personnes en phase de transition professionnelle (qui souhaiteraient par exemple mettre leurs compétences en responsabilité sociétale des entreprises, ou RSE, au service d’institutions financières), ainsi que les nouveaux immigrants économiques qui veulent intégrer le secteur financier. « Nous sommes partis du constat qu’encore aujourd’hui de nombreux étudiants n’entendent même pas parler d’ESG [critères environnementaux, sociaux et de gouvernance, NDLR] pendant leurs études, ce qui est un non-sens pour celles et ceux qui vont constituer la relève », estime Florian Roulle. Les intéressés se voient donc d’abord offrir un accès gratuit à des modules de formation complémentaire sur ces sujets. Et bénéficient, après coup, du soutien d’un mentor via une plateforme dédiée.
« L’idée est de favoriser le maillage entre des professionnels et des étudiants qui ont fait l’effort d’aller un cran plus loin et qui, selon leur niveau d’études, s’interrogent sur la meilleure façon d’aborder le développement durable ou de trouver un emploi dans la finance responsable, développe Florian Roulle. Nos différentes cohortes sont en outre parrainées par une institution financière qui organise à leur intention une activité de réseautage interne leur permettant d’échanger avec des collaborateurs et de s’informer sur les stages ou les perspectives de carrière. » A ce jour, 400 personnes ont déjà suivi ce programme, assure Finance Montréal, qui s’appuie sur une trentaine de mentors issus de l’écosystème des services financiers.
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