
L’assurance paramétrique profite de l’évolution des risques climatiques
Descartes Underwriting monte sur le podium des assurtechs françaises. La jeune pousse spécialisée dans la protection des grandes entreprises contre les catastrophes naturelles a bouclé une levée de fonds de série B de 120 millions de dollars (107 millions d’euros), la troisième plus importante de l’univers de l’assurtech en France. Cette levée la valorise plus de 500 millions de dollars. Fondée en 2018 par des anciens de Scor, Swiss Re et Axa, Descartes Underwriting a dépassé les 50 millions de dollars de primes en 2021 et vise plus de 100 millions cette année. Elle s’appuie sur les données pour offrir des solutions d’assurance paramétrique qui reposent sur l’établissement d’indices, qui, lorsqu’ils sont atteints, déclenchent le paiement des indemnisations lors de sinistres.
Forte d’une soixantaine de salariés et de plusieurs bureaux à travers le monde (États-Unis, Londres, Singapour et Sydney), elle utilisera cette somme pour continuer à s’étendre, avec en tête l’ouverture d’un bureau à Hong Kong, à Madrid ou en Allemagne. Mais aussi pour recruter des talents et renforcer ses équipes d’ingénieurs logiciels et d’analystes data avec l’ambition de dépasser les 200 salariés dès 2022 et développer sa plateforme technologique. «Nous bénéficions d’une très forte demande avec l’emballement des catastrophes naturelles. Globalement, si le secteur de l’assurance croît, il croît moins vite que les catastrophes naturelles. En outre, les sinistres non assurés croissent plus vite que les sinistres assurés, ce qui montre le défi auquel le secteur de l’assurance fait face», explique Tanguy Touffut qui a cofondé et dirige Descartes Underwriting. Les assureurs estiment à plus de 250 milliards de dollars le coût des catastrophes naturelles en 2021 et autour des 100 milliards de dollars les pertes assurées. 80% des entreprises sont sensibles aux événements météorologiques qui sont affectés par le réchauffement climatique.
Coût, vitesse et transparence
Destinées aux grandes entreprises, les solutions de la jeune pousse s’appuient sur trois forces selon Tanguy Touffut : «le coût, la vitesse et la transparence». Alors qu’environ un tiers du coût d’une prime d’assurance souscrite par une entreprise est liée à la distribution, c’est moins de 20% dans le cas du paramétrique. En outre, s’il faut en moyenne 550 jours après la déclaration des sinistres pour une indemnisation sur le segment des grands risques américains, principal marché de Descartes Underwriting, la jeune pousse revendique la capacité d’indemniser en cinq jours ouvrés maximum.
«Le risque reste le même en paramétrique, mais on le projette, le conçoit et le modélise différemment : cela repose sur une donnée ou un indice émis par un tiers de confiance que personne ne puisse influencer et que l’on peut comparer à des données historiques», abonde Joran Chambolle, expert agricole et assurance paramétrique de Bessé. Le courtier français a lancé il y a un peu plus d’un an Bessé Parametrics et témoigne de l’intérêt porté à ce type d’assurance dans l’Hexagone. Il accompagne déjà plus d’une vingtaine de clients en France et décrit un marché qui a vocation à s’agrandir, à l’image de la réforme des outils de gestion du risque climatique en agriculture qui doit permettre d'étendre l’offre. L’expert insiste toutefois sur la complémentarité avec l’assurance traditionnelle pour expliquer son développement : «L’assurance paramétrique n’a pas vocation à remplacer l’assurance indemnitaire. Elle peut néanmoins venir combler les angles morts de l’assurance traditionnelle.»
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