
L’angoisse des transporteurs de fonds

« Je ne ressens pas de peur mais une certaine angoisse lorsque je rencontre des clients », confie Pierre*, la cinquantaine, convoyeur de fonds chez Loomis France. En un peu plus de vingt ans de carrière dans son métier, il n’a jamais vu pareille crise. « Nous avons une paire de gants et un masque par jour, indique ce professionnel qui travaille dans le sud de la France. Au début de la crise du coronavirus, lorsque nous n’avions pas ce matériel de protection, nous avions discuté du droit de retrait avec les collègues. Aujourd’hui, nous continuons à faire notre travail qui est de continuer à faire circuler l’argent liquide en France. » Alors que la période de confinement se prolonge, le secteur du transport de fonds qui emploie près de 10.000 salariés en France, est complètement bouleversé. Considéré comme un service économique essentiel, il doit poursuivre son activité tout en s’adaptant à une conjoncture dégradée. « Les tournées pour collecter l’argent dans le secteur commercial se sont nettement réduites, elles sont désormais étalées, observe François Daoust, délégué général de la Fédération des entreprises de la sécurité fiduciaire (Fedesfi). Mais l’approvisionnement des distributeurs automatiques bancaires (DAB) – plus de 70.000 en France – continue, même si des agences bancaires ferment. »
Guide de bonnes pratiques
Pour mieux protéger les salariés de ce secteur dans lequel exercent des convoyeurs de fonds, mais aussi des opérateurs de traitement de valeurs dans des centres-forts, un guide de bonnes pratiques qui a reçu l’agrément des ministères du Travail et du Transport vient d’être diffusé à leur intention. « Dès la fin de la première semaine de confinement, nous avons travaillé sur ce guide avec les organisations syndicales, déclare Michel Tresch, président-directeur général (PDG) de Loomis France, qui emploie 4.500 collaborateurs en France. Nous y avons décliné un certain nombre de mesures afin d’assurer la sécurité des salariés du secteur et celle de nos clients. » Le respect des gestes barrières est particulièrement compliqué pour les convoyeurs de fonds (ils représentent 60 % de l’effectif de Loomis France). « Dans nos métiers, les salariés travaillent souvent en milieu confiné. Dans le transport de fonds avec trois personnes dans un espace assez réduit, ainsi que dans les salles de traitement des espèces, il n’est pas facile d’y respecter ces gestes », reconnaît Michel Tresch. Désormais, la prise de température est devenue systématique pour tous les salariés avant leur prise de poste et ce sont, le plus souvent possible, les mêmes équipes de convoyeurs qui assurent les tournées. Les convoyeurs doivent en outre nettoyer l’intérieur de leur véhicule et leur matériel (clés, badges, talkies-walkies...) après chaque fin de service.
Au début de la crise sanitaire, les difficultés d’approvisionnement de matériels de protection avait suscité beaucoup d’inquiétudes chez les professionnels. « Les sociétés du secteur ont été prises de court. On a mis du temps à obtenir tout l’équipement nécessaire », témoigne Jacky Gontier, secrétaire fédéral en charge du transport de fonds chez FO. « Au départ, nous étions démunis en termes d’équipement de protection. Nous avions des gants mais pas de gel hydroalcoolique, ni de masques. Maintenant, nous avons du gel, et des masques sont arrivés dans notre secteur », précise Pascal Quiroga, coordinateur national de la CFDT pour la branche transport de fonds. Chez Loomis France, « nous arrivons à alimenter nos 60 agences en France en gel, et les gants et les masques ont été acheminés, toutes nos agences sont entièrement dotées des équipements de protection », assure Michel Tresch.
Néanmoins, des tensions se sont récemment fait sentir lorsque les sociétés de transport de fonds ont demandé un relèvement du plafond de transport dans les véhicules légers à 100.000 euros, contre 30.000 euros actuellement. « Nous avons demandé au ministère de l’Intérieur quelques aménagements, en Ile-de-France, sur quelques sites uniquement, comme lever l’obligation de charger les automates avec un véhicule blindé et trois hommes à bord et augmenter le plafond dans les véhicules légers banalisés, confirme le dirigeant de Loomis France. Le ministère de l’Intérieur n’a pas souhaité pour l’heure donner de suite favorable, car il attend encore une étude sur l’impact et les risques en matière de criminalité. » Dans un communiqué du 7 avril, l’intersyndicale CFDT-FO-CGT-CFTC-CGC s’est dite fermement opposée à ce relèvement. « Je suis contre la demande de dérogation pour accroître le seuil de transport d’espèces, cela augmenterait l’insécurité pour le convoyeur avec un risque accru d’agressions », pointe Romain Brulat, responsable du secteur du transport de fonds à la CGT. L’intersyndicale a par ailleurs demandé l’ouverture de négociations sur « la possibilité du versement d’un complément en chômage partiel afin que les salariés perçoivent 100 % de leur salaire ».
Chômage partiel
En effet, le dispositif du chômage partiel est largement utilisé dans ce secteur qui fait face à un net ralentissement de son activité. « Le chômage partiel a démarré dès la fin de la première semaine de confinement. Et il va augmenter, l’activité étant de l’ordre de 30 % à 40 % aujourd’hui », prévient Pascal Quiroga. « La baisse d’activité suit la baisse de la consommation globale en France, souligne de son côté le patron de Loomis France. Nous subissons une baisse de 40 % à 50 % des volumes d’espèces habituellement traités. Nous devons continuer à travailler, mais avec un absentéisme important (actuellement de 15 % à 20 %). » Chez Loomis France, les convoyeurs et les opérateurs de valeur, soit 70 % des effectifs, sont concernés par le chômage partiel. Ce n’est pas encore le cas pour les techniciens de maintenance des automates. « Même si des agences bancaires ferment, les automates côté rue doivent continuer à distribuer des espèces. Les techniciens font aussi des interventions d’ordre technique sur les DAB afin qu’ils ne soient pas en arrêt », précise Michel Tresch. Dans une profession où les salaires ne sont pas très élevés (1.630 euros mensuels brut pour un convoyeur sans ancienneté, 1.546 euros pour un opérateur de valeurs, d’après la convention collective), le chômage partiel a un impact important sur les rémunérations. « Les primes conventionnelles sont prises en compte dans le calcul du chômage partiel mais pas les primes annexes. Cela crée un manque à gagner pour les salariés », soulève Pascal Quiroga. « Cela peut représenter plusieurs centaines d’euros de perte de revenu, c’est conséquent », témoigne aussi Jacky Gontier.
Une autre source d’inquiétude dans le transport de fonds concerne le paiement sans contact, dont le plafond a été relevé de 30 euros à 50 euros. Une mesure qui sera effective à partir du 11 mai dans les commerces. « C’est vraiment un risque pour notre secteur, affirme Jacky Gontier. Nous redoutons que le rehaussement de ce plafond devienne ensuite la norme. » « Les salariés du transport de fonds sont inquiets de la montée du paiement sans contact, abonde Pascal Quiroga. Une enseigne de la grande distribution a augmenté le plafond de sa carte de paiement, les banques incitent aussi les clients à utiliser le sans contact. La crainte, c’est de voir ces pratiques se poursuivre après la crise sanitaire. » Une crainte d’autant plus ressentie que les consommateurs et les commerçants manifestent de la méfiance envers le paiement par espèces, même si le risque de contagion est très faible, selon la Banque de France. « La grande crainte, c’est le passage au tout-électronique. Il faut quand même se souvenir que 90 % du territoire est rural en France. En outre, le versement des minimas sociaux passe par de l’argent liquide », soutient François Daoust (Fedesfi), qui veut rappeler « l’exemple de la Suède qui est récemment revenue à l’argent liquide après avoir beaucoup encouragé l’usage de la carte bancaire ».
*Le prénom a été modifié.
Les consommateurs boudent les paiements en « cash » « Attention à la psychose du paiement par espèces ! », avertit Michel Tresch, président-directeur général de Loomis France. Et pour cause. Au cours de la semaine du 30 mars au 5 avril, le nombre de retraits a chuté de 60 % par rapport à la semaine équivalente de l’année dernière, « avec un montant moyen retiré toutefois plus élevé par rapport à l’habitude (entre 120/130 euros). C’est toujours à Paris que la baisse de fréquentation est la plus élevée », selon le GIE Cartes Bancaires (CB). Parallèlement, dans un contexte de méfiance des consommateurs et des commerçants concernant le paiement en espèces, le paiement sans contact progresse. Dans les commerces tels que les hypermarchés, supermarchés, grands magasins, hard discount, boulangeries, bars/tabacs, pharmacies, centres médicaux..., la hausse du sans contact sur la tranche 0-30 euros était de 4 % entre la semaine qui a précédé le confinement et la deuxième semaine après son début (L’Agefi Hebdo du 9 avril 2020). Une hausse appelée à se poursuivre puisque le GIE CB a annoncé, le 17 avril, que le plafond des paiements sans contact sera relevé de 30 euros à 50 euros à partir du 11 mai prochain. Aujourd’hui, 60 % des paiements par carte concernent des paiements de moins de 30 euros, dont les deux tiers réalisés en mode sans contact, selon le GIE CB. « Les 100 % doivent être visés, estime ce dernier. Grâce au relèvement du plafond du paiement sans contact par carte à 50 euros, ce sont plus de 70 % des paiements par carte en magasin qui pourraient être réalisés à terme en mode sans contact. »
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RDC: à Ntoyo, dans le Nord-Kivu, les survivants des massacres commis par les ADF enterrent leurs morts
Ntoyo - Lundi soir, les habitants de Ntoyo, un village de l’est de la République démocratique du Congo (RDC), s’apprêtaient à assister à des funérailles quand une colonne d’hommes armés a surgi de la forêt. «Parmi eux, il y avait de très jeunes soldats», raconte à l’AFP Jean-Claude Mumbere, 16 ans, rescapé d’un des deux massacres commis par les rebelles ADF (Forces démocratiques alliées) dans la nuit de lundi à mardi, l’un à Ntoyo et l’autre dans un village distant d’une centaine de kilomètres. Le bilan de ces attaques, au moins 89 tués selon des sources locales et sécuritaires, a peu de précédent dans une région pourtant en proie à une instabilité chronique, victime depuis trente ans de multiples groupes armés et conflits. Les ADF, groupe armé né en Ouganda et qui a prêté allégeance à l’Etat islamique, est connu pour une extrême de violence à l'égard des civils. «Ils étaient nombreux et parlaient une langue que je ne comprenais pas. De loin, ils portaient des tenues qui ressemblaient à celles des militaires», se souvient le jeune homme, venu assister mercredi aux funérailles de sa soeur, l’une des victimes de ce nouveau massacre perpétré dans la province du Nord-Kivu. Plus de 170 civils ont été tués par les ADF depuis juillet dans les provinces de l’Ituri et du Nord-Kivu, selon un décompte de l’AFP. Plus au sud, malgré les pourparlers de paix de ces derniers mois, des affrontements se poursuivent entre l’armée congolaise (FARDC) et affiliés, et le groupe armé antigouvernemental M23, soutenu par le Rwanda et son armée, qui s’est emparé des grandes villes de Goma et de Bukavu. A Ntoyo, Didas Kakule, 56 ans, a été réveillé en sursaut par les premiers coups de feu. Il dit avoir fui avec femmes et enfant à travers les bananeraies pour se réfugier dans la forêt voisine, avec d’autres habitants. Tapis dans l’obscurité, les survivants n’ont pu que contempler leurs maisons consumées par les flammes. «Les coups de feu ont retenti longtemps. Ma maison a été incendiée, ainsi que le véhicule qui était garé chez moi. Chez nous, heureusement, personne n’a été tué», dit Didas Kakule. Jean-Claude Mumbere, lui, a été touché par une balle pendant sa fuite. «Ce n’est qu’après m'être caché dans la forêt que j’ai réalisé que je saignais», affirme-t-il. «Inaction» Mercredi, Ntoyo, 2.500 habitants, n'était plus qu’un village fantôme, et la plupart des survivants partis se réfugier dans l’agglomération minière voisine de Manguredjipa. Une dizaine de corps étaient encore étendus sous des draps ou des bâches, battus par une forte pluie. Des volontaires ont creusé des tombes, assistés par des jeunes des environs, et planté 25 croix de bois dans la terre humide. Une partie des dépouilles avait déjà été emportée par les familles, les cercueils ficelés à la hâte sur des motos. Parmi les quelques proches de victimes venus aux funérailles, Anita Kavugho, en larmes devant la tombe de son oncle. Il est mort "à cause de l’inaction des autorités qui ne réagissent pas aux alertes», peste la jeune femmme, une fleur à la main. Des pickups de l’armée congolaise stationnent non loin, devant un véhicule calciné. Le déploiement de l’armée ougandaise (UPDF) aux côtés de l’armée congolaise dans le nord-est de la RDC depuis 2021 n’a pas permis de mettre fin aux multiples exactions des ADF, groupe formé à l’origine d’anciens rebelles ougandais. Quatre militaires congolais étaient présents à Ntoyo au moment de l’attaque. Les renforts stationnés à environ 7 km à Manguredjipa sont arrivés trop tard. «C’est leur faillite, on signale aux militaires que les assaillants sont tout près, et ils n’arrivent pas à intervenir», lâche Didas Kakule, amer. Cette énième tuerie risque d’aggraver la «fissure» entre l’armée et la population, estime Samuel Kakule, président de la société civile de Bapere. Les ADF «se dispersent en petits groupes pour attaquer nos arrières», répond le lieutenant Marc Elongo, porte-parole de l’armée congolaise dans la région, présent à Ntoyo mercredi. Quelques jours auparavant, les forces ougandaises et congolaises s'étaient emparées d’un bastion ADF dans le secteur et avaient libéré plusieurs otages du groupe, selon l’armée. Mais comme souvent, les ADF se sont dispersés dans la forêt, et ont frappé ailleurs. Une stratégie pour attirer les militaires loin de ses bases, selon des sources sécuritaires. © Agence France-Presse