
La Suisse fait cavalier seul sur le dividende des sociétés financières

La Suisse n’est pas toujours neutre. Sur le dividende, la confédération a depuis longtemps choisi son camp. Les actionnaires d’UBS ont voté le versement de la deuxième moitié de son dividende, conformément à ce qui avait été prévu lors de la présentation des résultats trimestriel du groupe. Pas question pour la banque suisse de s’abstenir et de suivre ses homologues de la zone euro et britanniques, à qui les autorités ont interdit cette pratique au mois de mars dernier. Credit Suisse s’apprête à lui emboiter le pas et à faire de même le 27 novembre.
Ces décisions interviennent alors que la Banque centrale européenne (BCE) doit statuer sur une possible reconduction de cette restriction au cours du mois de décembre. Avant le confinement, les banques avaient bon espoir que l’autorité de Francfort lève son interdiction, mais depuis la deuxième vague de la pandémie de coronavirus en Europe, certaines prises de position, comme celle de Carolyn Rogers, la secrétaire générale du Comité de Bâle, laissent penser que la BCE pourrait pencher davantage vers un statu quo.
Les assureurs l’arme au pied
Les banques ne sont pas les seules concernées. Les sociétés d’assurance aussi se préparent à rémunérer leurs actionnaires à la sortie de la crise. CNP Assurances, par exemple, qui a présenté hier un point d’étape sur ses comptes du troisième trimestre, a renoncé au versement de son dividende pour 2019. L’assureur s’est rangé aux recommandations émises par l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR) en avril, recommandant d’abord de renoncer aux distributions jusqu’en octobre 2020, puis étendant cette mesure à la fin de l’année, se rangeant à l’avis rendu par le Conseil européen du risque systémique (ESRB, pour European Systemic Risk Board) à la fin de l’été.
Mais son directeur financier, Thomas Béhar, n’as pas écarté possibilité d’un dividende pour 2020 «un peu plus fort pour tenir compte du non-versement de cette année», si les comptes de la société le permettaient. Axa, de son côté, qui n’a versé la moitié de son dividende 2019, a renoncé lors de la présentation de ses résultats semestriels à verser l’autre moitié en fin d’année. Cependant, lors d’une réunion auprès d’analystes au début du mois de novembre, son directeur financier Etienne Bouas-Laurent, a considéré qu’il y avait de bonnes raisons pour que le conseil d’administration opte pour un taux de distribution de dividende 2020 au-delà de 50 ou 60%.
Même son de cloche chez Generali. L’assureur a été appelé par l’Ivass, la tutelle de l’assurance en Italie, à ne pas distribuer la seconde moitié de son dividende 2019. Cette distribution n’a cependant été que reportée à 2021, si les autorités de régulation de permettent. Et Philippe Donnet, directeur général du groupe, a déclaré le 18 novembre lors d’une réunion investisseurs que la distribution de dividende atteindrait bien 4,5 à 5 milliards d’euros entre 2019 et 2021, comme prévu, soit un taux de distribution compris entre 55% et 65%.
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Après la chute de Bayrou, des rassemblements improvisés dans plusieurs villes de France
Paris - Des manifestants fêtent lundi soir dans différents endroits de France la chute du gouvernement de François Bayrou devant des mairies, à l’appel du mouvement «Bloquons tout» le 10 septembre. A Nantes, quelque 300 personnes, selon la préfecture, se sont rassemblées en début de soirée, en musique et sous des pancartes marquées «Bye bye Bayrou» et «le 10/09 on bloque tout», quelques confettis survolant le regroupement. «On en profite pour échanger sur les différentes actions prévues le 10 septembre, les informations circulent», rapporte Inès Guaaybess, 30 ans, qui prévoit de se mobiliser mercredi. A Rennes, quelques centaines de personnes, pour beaucoup des étudiants, se sont réunis place de la mairie autour d’une table avec quelques bouteilles et du pain, sur fond de musique et de confettis. Les manifestants se sont ensuite rendus place Sainte-Anne au centre ville, haut lieu de la vie étudiante rennaise. «On est au bout du système» avec «une alternance droite gauche qui ne remet pas en cause le côté capitaliste libéral. Il va falloir bifurquer», assure Jérémie, ingénieur de 37 ans, venu en vélo avec son enfant. A Paris, des rassemblements étaient organisés devant plusieurs mairies d’arrondissement. Dans le 20e, au moins 200 personnes se sont réunies place Gambetta dans une ambiance bon enfant. «C’est une grande victoire ce soir! Le prochain gouvernement devrait penser aux pauvres et aux retraités. Tout est cher, tout augmente. Macron, je voudrais qu’il s’en aille, pourtant j’ai voté deux fois pour lui pour faire barrage» à l’extrême droite, explique Amina Elrhardour, 60 ans. Selon Marius, 25 ans, «il y a vraiment de la démocratie locale qui s’organise» en vue du 10 septembre, tandis que Xavier Keller, 25 ans lui aussi, dit que «le Nouveau Front populaire doit gouverner. On est capable de faire accepter un budget de gauche, je n’ai aucun doute là-dessus». A Bordeaux, plus d’une centaine de personnes, dont de très nombreux jeunes, ont applaudi et crié de joie à l’annonce de la chute du gouvernement Bayrou, au son d’une fanfare. «Il faut qu’on soit visible, on est nombreux à en avoir ras le bol et n’avoir plus confiance en Macron», lance Mathilde, trentenaire ceinturée d’une banane Confédération paysanne. Un rassemblement a également été organisé en fin d’après-midi à Pau, ville dont M. Bayrou est le maire. Le chef de l’Etat a dit vouloir nommer un nouveau Premier ministre «dans les tout prochains jours». © Agence France-Presse