
La Société Générale s’arme face au risque de ralentissement économique

Alors que les incertitudes géopolitiques et macro-économiques s’accroissent, les banques françaises redoublent de prudence. La Société Générale a ainsi publié vendredi un résultat net en baisse de 6,4% sur un an à 1,5 milliard d’euros, sous l’effet notamment de nouvelles provisions. Ces dernières se composent d’une dotation de 302 millions d’euros sur encours sains (stages 1 et 2) et de 154 millions d’euros sur encours douteux (stage 3).
Au total, la banque de La Défense est assise au 30 septembre 2022 sur un stock de provisions de 3,7 milliards d’euros, composé aux deux tiers de provisions sur des encours sains. La Société Générale, qui n’a constaté aucun défaut de paiement jusqu’ici, se veut donc rassurante quant à l’évolution de son scénario économique alors que tous s’inquiètent d’un possible ralentissement à venir qui pourrait affecter la demande de crédit et faire grimper le coût du risque.
Signe de cette confiance, elle maintient sa prévision d’un coût du risque contenu entre 30 et 35 points de base sur l’année 2022. Son directeur général Frédéric Oudéa, qui passera la main à Slawomir Krupa au mois de mai prochain, reconnaît tout de même que « les conséquences de la guerre en Ukraine sont difficiles à prévoir, le crédit va devenir plus cher et plus rare ».
Une révision des scénarios en France
Au troisième trimestre, le coût du risque de la Société Générale s’établit à 31 points de base, soit 456 millions d’euros, ce qui reste limité et dans la fourchette basse en Europe. Reste que la hausse enregistrée au cours de l’été est spectaculaire. Pour l’ensemble du groupe Société Générale, le coût du risque a été multiplié par deux entre le deuxième et le troisième trimestre. Sur le marché français, où les emprunteurs sont pourtant particulièrement protégés étant donné les caractéristiques des prêts à taux fixe et la réglementation sur le taux d’usure qui freine la remontée des taux, le provisionnement a été multiplié par dix entre le deuxième et le troisième trimestre, s’établissant à 32 points de base. La Société Générale explique avoir revu ses scénarios pour les ménages et les entreprises risquant d’être affectées par la crise de l’énergie, en augmentant ses provisions de stages 1 et 2.
Une prudence maintenue en 2023
En 2023, la banque de La Défense continuera à maintenir cette politique de prudence. « Il est responsable de mettre de côté le plus possible, tout en restant dans notre guidance, pour préparer une année 2023 dont on sait bien qu’elle sera plus incertaine », a averti Frédéric Oudéa.
La veille, BNP Paribas avait également publié un coût du risque contenu, à 39 points de base au troisième trimestre, et à 31 points de base en excluant l’impact exceptionnel du moratoire sur les prochaines échéances de crédits en Pologne. Mais la banque française a augmenté ses provisions sur encours douteux (stage 3) de 250 millions d’euros au cours du trimestre. Au cours des neufs mois écoulés, elle a mis de côté 710 millions d’euros supplémentaires pour couvrir les risques sur ses encours sains (stages 1 et 2).
Si les banques françaises veulent éviter tout discours alarmiste sur une possible détérioration de l’économie, elles se préparent, dans les faits, à faire face à des temps plus difficiles. « Nous nous attendons à une vraie augmentation du coût du risque qui fera pression sur le résultat net. Mais l’effet ne sera pas immédiat car les banques françaises sont très provisionnées, elles n’ont pas repris leurs provisions Covid », pronostiquait Guillaume Lucien-Baugas, analyste bancaire chez Moody’s, lors de la conférence de rentrée de l’agence.
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