
La résolution de la banque en faillite SVB pourrait durer deux ans

Ce lundi 13 mars, la Silicon Valley Bank (SVB) jusqu’ici inconnue du grand public en dehors des Etats-Unis, a rouvert ses portes à Santa Clara en Californie. Pourtant, le régulateur local avait acté vendredi dernier la faillite de la banque des start-up, passée sous le contrôle de l’agence fédérale américaine de garantie des dépôts (Federal Deposit Insurance Corporation ou FDIC). Une décision d’urgence destinée à enrayer le bank run, c’est-à-dire l’hémorragie des dépôts dont la banque était victime depuis plusieurs jours.
Créée en 1933, la FDIC a pour mission première de garantir les dépôts via un fonds d’assurance abondé par les primes versées par les banques assurées ainsi que les intérêts perçus sur ses placements en bons du Trésor américain. Un processus qui a été déclenché ce lundi dans le cas des faillites de SVB et Signature Bank, après que la Réserve fédérale et le Trésor ont décidé d’appliquer le «régime d’exception du risque systémique» prévu par la loi Dodd-Frank.
De cette manière, «aucun argent du contribuable américain ne sera versé», rappellent-ils dans un communiqué commun, puisque le fonds prendra à sa charge la part des montants dépassant les 250.000 dollars assurés pour chaque déposant. Les créanciers, détenteurs de dette subordonnée et actionnaires ne sont, quant à eux, «pas protégés», rappelle la FDIC.
Une procédure de résolution peu habituelle
Le rôle de l’agence fédérale ne s’arrête pas là. Cette dernière a, en effet, été désignée comme «le receveur» de la banque en faillite. Elle est chargée d’orchestrer la résolution ordonnée de la banque, c’est-à-dire de trouver un repreneur pour tout ou partie de ses actifs ou bien de la liquider et de rembourser tous les déposants.
Ce processus de résolution intervient habituellement avant que les banques ne fassent faillite, lorsque de sérieux doutes sur leur solvabilité apparaissent. Il a été fortement éprouvé pendant les années de crise financière, la FDIC ayant géré 489 cas de résolution pour un total de 686 milliards de dollars d’actifs entre 2008 et 2013. Le dernier remontait à 2020, lorsque Almena State Bank, basée au Kansas, a été reprise par Equity Bank, une banque communautaire implantée au Kansas et au Missouri.
A lire aussi: La faillite de la supervision bancaire américaine
Une «bridge bank» pour gérer la transition
Dans le cas de SVB, comme de Signature Bank, l’agence fédérale est intervenue en urgence après la faillite. Elle a ainsi recours à un outil qui n’a été utilisé que trois fois au cours des deux crises financières des années 2000 : la création d’une banque temporaire, ou «bridge bank», chargée d’assurer la transition jusqu’à la tenue de la résolution effective de la banque.
Tous les dépôts assurés et non assurés de SVB et tous ses actifs ont ainsi été transférés au sein de la Silicon Valley Bridge Bank. Dans les faits, ses agences tout comme ses services en ligne ont rouvert lundi aux «heures normales», les clients ont accès à leurs fonds, leurs cartes de débit, leurs chéquiers et «sont tenus de continuer à payer leurs échéances de prêts».
Cette bridge bank, dont la durée de vie maximale est de deux ans, peut être soumise aux mêmes contraintes réglementaires que les banques privées, en termes d’exigences de fonds propres par exemple. Comme le veut la procédure, la FDIC a révoqué le précédent management de SVB et formé un conseil d’administration pour cette nouvelle banque. Elle a placé à sa tête Tim Mayopoulos, l’ancien président et directeur général de l’association fédérale nationale des prêts immobiliers, plus récemment président de Blend Labs, une société californienne qui fournit l’infrastructure cloud au secteur bancaire. L’agence fédérale devra donc d’ici mars 2025 trouver un ou des repreneurs pour ses actifs et redistribuera l’excès de cash éventuel issu de la vente à ses créanciers sous forme de «dividendes», comme le prévoit la procédure de résolution. Si aucune offre n’est jugée attractive, elle procédera à sa liquidation.
Plus d'articles Faillite de SVB
-
Les Etats-Unis font bloc autour de leurs banques régionales
Tandis que JPMorgan s'efforce de sauver First Republic Bank, le Trésor se dit prêt à d'autres mesures de soutien au secteur pour éviter une contagion de la crise. -
BlackRock avait prévenu SVB de la faiblesse de ses contrôles de risque
La branche conseil de BlackRock, Financial Markets Advisory Group, avait prévenu la Silicon Valley Bank que ses contrôles des risques étaient « substantiellement en deçà » de ceux de ses concurrents début 2022, rapporte le Financial Times, citant plusieurs sources proches du dossier. La banque californienne déchue avait recruté BlackRock en octobre 2020 pour analyser l’impact potentiel de différents risques sur son portefeuille de titres. Plus tard, elle a élargi le mandat pour étudier les systèmes de risques, les processus et les personnes du département qui gérait ses investissements. Le rapport de contrôle des risques publié en janvier 2022 montre que SVB était à la traîne par rapport à des banques similaires sur tous les 11 critères étudiés et était « substantiellement en deçà » sur 10 des 11, selon ces sources. D’après des consultants, SVB était incapable de produire des mises à jour en temps réel ou même hebdomadaires sur ce qui arrivait à son portefeuille de titres. -
Peter Thiel avait 50 millions de dollars à la SVB lorsqu’elle a coulé
Peter Thiel a déclaré qu’il avait 50 millions de dollars sur un compte ouvert auprès de la Silicon Valley Bank lorsqu’elle a fait faillite, alors même que son fonds de capital risque a prévenu les sociétés de son portefeuille que la banque américaine était menacée, rapporte le Financial Times. L’investisseur a été largement accusé d’avoir précipité une ruée sur la banque, au cours de laquelle les déposants ont essayé de retirer plus de 40 milliards de dollars en 24 heures la semaine dernière. Son fonds de capital-risque, Founders Fund, a été parmi ceux qui ont conseillé aux clients de diversifier leurs dépôts dans d’autres banques. Mais Peter Thiel a conservé son argent chez SVB, estimant que la banque ne ferait pas faillite.
Contenu de nos partenaires
- La Société Générale présente sa nouvelle direction autour de Slawomir Krupa
- Credit Suisse entraîne le secteur bancaire européen dans sa chute
- Les actions chutent avec les banques américaines
- L’électrochoc SVB met la finance sous tension
- Credit Suisse, trois ans de descente aux enfers
- Les gérants prennent la mesure de la persistance de l’inflation
- Silicon Valley Bank : la chute éclair de la banque des start-up
- Slawomir Krupa sort la Société Générale du brouillard
- Chute de SVB : les Etats-Unis garantissent les dépôts et HSBC rachète les actifs anglais
-
Editorial
Motion de censure: Macron et le poison des trois paradoxes
Premier paradoxe, démontrer qu'une majorité alternative n'existe pas ne renforcera pas pour autant l'actuelle majorité relative, abîmée par trois mois d'hystérie sur les retraites -
Sous haute tension
Les banques européennes soumises à un stress test grandeur nature
Les opérations de sauvetages menées tambour battant en Suisse et aux Etats-Unis peinent à convaincre les investisseurs -
Faire durer le plaisir
Motion de censure: le supplice chinois de la macronie
Après la journée chaotique de jeudi, Elisabeth Borne devra remonter à la tribune de l'Assemblée lundi, pour l'examen d'une motion de censure transpartisane visant à faire tomber son gouvernement. Les macronistes, trompés par LR, ont dû reprendre leurs esprits et leur calculatrice