
La loi Macron pourrait tripler la mobilité bancaire

L’entrée en vigueur ce lundi de l’article 3 de la loi Macron pourrait donner un coup de fouet aux velléités de mobilité bancaire des Français. Dans son premier observatoire de l’attractivité des banques françaises, le cabinet h2\agency mesure une intention de «churn», c’est-à-dire de quitter sa banque, de 14% sur un échantillon représentatif de 4.000 personnes, dont seulement 24% avaient connaissance des mesures facilitant les démarches de la loi Macron.
Alors que le taux d’attrition, qui mesure la perte de clientèle, est généralement chiffré autour de 4% dans l’Hexagone, le rapport d’Inès Mercereau sur la portabilité du compte bancaire remis en 2014 pointait au début des années 2010 un taux de 8% à 9% en Europe. Malgré des hausses de tarifs significatives, notamment dans la tenue de compte, le cabinet Bain mesurait un taux d’attrition de seulement 4,3% entre mai 2015 et avril 2016, soit 0,5 point de plus qu’un an plus tôt.
«Alors que la loi Hamon avait déjà initié une facilitation de la mobilité, qui n’a cependant eu qu’un impact modéré, la loi Macron introduit des notions de gratuité et de portabilité qui posent un tout autre enjeu au secteur bancaire, même si tout n’est pas encore très clair pour les frais associés à des produits comme le PEA et le PEL», souligne Nicolas Hébert, associé et directeur Innovation chez h2\agency, qui estime que «les banques en ligne vont capter des parts de marché».
A l’instar d’autres travaux, l’étude souligne en effet que 86% des sondés jugent les tarifs bancaires excessifs, tandis que 71% déclarent qu’il suffirait que les frais augmentent pour qu’ils décident de changer de banque. Si l’étude pointe que la qualité de la relation demeure essentielle pour 77% des sondés, «les banques en ligne jouent également cette carte en surfant sur l’insatisfaction des clients en matière de relation et de disponibilité» vis-à-vis du conseiller, souligne Nicolas Hébert.
Grâce à son mandat de mobilité interne, qui facilite notamment le transfert des prélèvements et virements récurrents vers un autre établissement, la loi Macron donnerait ainsi un coup de pouce à des banques en ligne qui peinent à s’imposer malgré des tarifs moindres. Alors que l’arrivée d’Orange Bank se profile, leur part de marché pourrait ainsi grimper de 3% à 15% dans les douze prochains mois, estime h2\agency. Cette progression se ferait essentiellement au détriment des banques commerciales, tandis que la part de marché des banques mutualistes baisserait de 58% à 53%.
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