
La gestion du risque devient le talon d’Achille de Credit Suisse

C’est presque une loterie. Les conséquences de l’exposition de Credit Suisse à la débâcle du fonds Archegos alimentent les rumeurs, qui évaluent entre 4 milliards et 7 milliards de dollars la perte pour la banque helvétique. Celle-ci n’a pas souhaité commenter ces chiffres, renvoyant vers son communiqué de presse de lundi qui indiquait que la perte «pourrait être très importante et matérielle pour (les) résultats du premier trimestre». Une tendance se détache toutefois parmi les analystes : les pertes seront gérables pour la banque suisse mais pas sans conséquences sur son profit et son ratio de fonds propres CET1. Sous l’hypothèse partagée par la plupart d’une perte comprise entre 3 et 4 milliards de dollars, Berenberg estime que le ratio CET1 pourrait passer de 12,9% à une fourchette entre 12,1% et 11,8%. Loin de l’objectif de plus de 12,5%.
Ce qui inquiète surtout, c’est le niveau de capital distribuable. «Nous pensons que Credit Suisse va devoir suspendre ses rachats d’actions», commente l’analyste de Berenberg Eoin Mullany. La banque écrivait dans son rapport annuel «prévoir de racheter au moins 1 milliard de francs suisses d’actions en 2021, sous réserve des conditions économiques et de marché». Elle en avait déjà racheté pour 209 millions de francs au 12 mars 2021. Or, «Credit Suisse dispose d’un montant maximum distribuable (MDA, maximum distribuable amount) de 9 milliards de dollars sur ses 39 milliards de fonds propres», estime un analyste. Mais ce montant sera amputé des pertes. De son côté, JPMorgan estime qu’une «perte importante au premier trimestre 2021 pourrait affaiblir temporairement les tampons de capital, si elle est suffisamment importante et avant que des bénéfices annuels ne soient générés.»
L’agence de notation S&P Global Ratings, qui a dégradé ce mardi la perspective de la banque de stable à négative, s’inquiète pour le modèle de la banque : «Il existe un risque significatif que la clarification des raisons d’une perte matérielle potentielle liée à un seul client révèle des déficiences dans le système de gestion des risques du Credit Suisse Group ou une appétence pour le risque qui n’est pas en adéquation avec les notations actuelles.» Après les affaires d’espionnage, la dépréciation de 414 millions de francs suisses liée à sa participation dans York Capital en 2020, l‘amende de 600 millions de dollars pour les RMBS de la crise de 2008 au début de l’année, et les déboires de l’affaire Greensill, c’est la philosophie globale du risque qui est pointée du doigt.
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Immigration clandestine : raid policier dans une usine Hyundai-LG aux Etats-Unis, près de 500 arrestations
Washington - Près de 500 personnes, dont une majorité de Sud-Coréens, ont été arrêtées par la police de l’immigration dans une usine de fabrication de batteries des groupes sud-coréens Hyundai et LG dans l’Etat de Géorgie (sud-est), soupçonnées de travailler illégalement aux Etats-Unis. Le raid, mené jeudi, résulte d’une «enquête pénale liée à des accusations de pratiques d’embauche illégales et à de graves infractions fédérales», a expliqué vendredi Steven Schrank, un agent du service d’enquêtes du ministère américain de l’Intérieur, au cours d’une conférence de presse. Il s’agit de «la plus importante opération des forces de l’ordre sur un même site de toute l’histoire du service des +Homeland Security Investigations+ (+Enquêtes sur la sécurité intérieure+)», a-t-il affirmé, s’exprimant d’Atlanta, dans l’Etat de Géorgie. Les 475 personnes arrêtées dans cette usine, située dans la ville d’Ellabell, se «trouvaient aux Etats-Unis de manière illégale» et «travaillaient illégalement», a affirmé M. Schrank, soulignant que la «majorité» d’entre elles étaient de nationalité sud-coréenne. Sollicité par l’AFP aux Etats-Unis, le constructeur automobile a répondu être «au courant du récent incident» dans cette usine, «surveiller étroitement la situation et s’employer à comprendre les circonstances spécifiques» de cette affaire. «A ce stade, nous comprenons qu’aucune des personnes détenues n'était directement employée par le groupe Hyundai», a-t-il poursuivi, assurant donner «priorité à la sécurité et au bien-être de quiconque travaille sur ce site et au respect de toutes les législations et réglementations». De son côté, LG Energy Solution a affirmé suivre «de près la situation et recueillir toutes les informations pertinentes». «Notre priorité absolue est toujours d’assurer la sécurité et le bien-être de nos employés et de nos partenaires. Nous coopérerons pleinement avec les autorités compétentes», a ajouté cette entreprise. La Corée du Sud, la quatrième économie d’Asie, est un important constructeur automobile et producteur de matériel électronique avec de nombreuses usines aux Etats-Unis. Mission diplomatique Une source proche du dossier avait annoncé quelques heures plus tôt, de Séoul, qu’"environ 300 Sud-Coréens» avaient été arrêtés pendant une opération du Service de l’immigration et des douanes américain (ICE) sur un site commun à Hyundai et LG en Géorgie. De son côté, l’agence de presse sud-coréenne Yonhap avait écrit que l’ICE avait interpellé jusqu'à 450 personnes au total. Le ministère sud-coréen des Affaires étrangères avait également fait d'état d’une descente de police sur le «site d’une usine de batteries d’une entreprise (sud-coréenne) en Géorgie». «Plusieurs ressortissants coréens ont été placés en détention», avait simplement ajouté Lee Jae-woong, le porte-parole du ministère. «Les activités économiques de nos investisseurs et les droits et intérêts légitimes de nos ressortissants ne doivent pas être injustement lésés dans le cadre de l’application de la loi américaine», avait-il poursuivi. Séoul a envoyé du personnel diplomatique sur place, avec notamment pour mission de créer un groupe de travail afin de faire face à la situation. Les autorités sud-coréennes ont également fait part à l’ambassade des Etats-Unis à Séoul «de (leur) inquiétude et de (leurs) regrets» concernant cette affaire. En juillet, la Corée du Sud s'était engagée à investir 350 milliards de dollars sur le territoire américain à la suite des menaces sur les droits de douane de Donald Trump. Celui-ci a été élu pour un second mandat en novembre 2024, en particulier sur la promesse de mettre en oeuvre le plus important programme d’expulsion d’immigrés de l’histoire de son pays. Depuis, son gouvernement cible avec la plus grande fermeté les quelque onze millions de migrants sans papiers présents aux Etats-Unis. Au prix, selon des ONG, des membres de la société civile et jusqu’aux Nations unies, de fréquentes violations des droits humains. D’Atlanta, le Bureau de l’alcool, du tabac, des armes à feu et des explosifs (ATF) a expliqué sur X avoir participé à l’arrestation d’environ 450 «étrangers en situation irrégulière» au cours d’une opération dans une usine de batteries, une coentreprise entre Hyundai et LG. Selon son site internet, Hyundai a investi 20,5 milliards de dollars depuis son entrée sur le marché américain en 1986 et compte y investir 21 milliards supplémentaires entre 2025 et 2028. L’usine d’Ellabell a été officiellement inaugurée en mars, avec l’objectif de produire jusqu'à 500.000 véhicules électriques et hybrides par an des marques Hyundai, Kia et Genesis. Elle devrait employer 8.500 personnes d’ici à 2031. © Agence France-Presse