
La douloureuse mue de l’assurance-vie

A force d’annoncer la mort du contrat d’assurance-vie en euros, les cassandres finiront bien par avoir raison. 2019 avait déjà sonné comme une prise de conscience générale dans la profession. De grands acteurs promettaient enfin de ne plus verser des rendements déconnectés de la réalité des marchés, afin de sauvegarder une solvabilité que les compagnies les plus fragiles se voyaient contraintes de restaurer en toute hâte. On n’avait encore rien vu : avec 2020, une « tempête parfaite » s’est abattue sur le secteur. Les achats massifs des banques centrales dépriment, et pour longtemps, les niveaux des rendements obligataires ; même une remontée de l’inflation, toujours annoncée et jamais vérifiée depuis dix ans, ne vaut plus garantie de resserrement monétaire. Le placement financier préféré des Français a perdu de sa superbe au profit de l’épargne la plus liquide, et enregistrait des retraits nets avant même que le confinement ne porte un coup d’arrêt à sa commercialisation.
L’actualité nous offre un exemple frappant de ce revers de fortune. Aviva a décidé cet été de sonder le marché en vue d’une cession de ses activités en France. Celles-ci se résument, aux yeux du grand public, à un nom, le contrat Afer, un monument du fonds en euros qui donne à l’association d’épargnants un droit de regard sur l’identité du futur repreneur. Mais le poids de ce métier historique, devenu gourmand en capital et peu rémunérateur, a aujourd’hui de quoi faire réfléchir à deux fois tous ceux qui regardent le dossier. Les larges fourchettes de prix qui circulent lorsqu’on évoque Aviva France disent tout de la difficulté à évaluer en 2020 le cœur de réacteur de l’assurance-vie.
Les produits hybrides, eurocroissance en tête, qui se proposent de faire sauter le verrou du rendement et du capital garantis sur toute la durée de vie des contrats, n’ont toutefois pas encore rencontré leur public. Pour les assureurs, le grand défi reste d’accompagner la diversification des avoirs de leurs clients, du fonds en euros vers les classiques unités de compte. Ils ont aujourd’hui un formidable argument de vente, la mobilisation générale décrétée par les pouvoirs publics en faveur du financement de la relance, à l’heure où le renforcement des fonds propres des entreprises doit constituer un substitut indispensable à la dette. Mais convaincre les particuliers d’investir indirectement dans des sociétés fragilisées en sortie de crise réclamera patience et doigté. Ce sont ces mêmes contrats qui, pour une pettie partie d’entre eux, promouvaient les fonds H2O AM, aujourd’hui gelés, sans s’embarrasser de précautions. Des précautions, il en faudra pourtant aux assureurs s’ils veulent laisser intacte leur réputation.
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