
La Banque Postale dévoile un plan stratégique décomplexé

La Banque Postale est maintenant un bancassureur comme les autres, et cela se ressent dans ses nouvelles orientations. Si l’entreprise publique ne renie pas son caractère singulier, du fait de son ouverture au plus grand nombre, elle n’échappe pas aux exigences de rentabilité. La société, qui a publié la semaine dernière un résultat retraité de 738 millions d’euros, grâce à l’intégration de CNP Assurance en 2020, a détaillé ce mardi son plan stratégique à l’horizon 2030. Celui-ci passera par un point d'étape en 2025, date à laquelle ont été fixés les principaux objectifs chiffrés du groupe.
La banque vise une progression annuelle de son produit net bancaire (PNB) de 3% par an jusqu’à cette échéance. Ensuite, elle veut abaisser son coefficient d’exploitation de 10 points de base, à environ 60 %, contre 70,2% en 2020. Toujours à échéance 2025, elle vise un accroissement de son exposition à l’international, qui passerait de 15% aujourd’hui (exclusivement lié aux activités hors de l’Hexagone de la CNP) à 20%. Enfin, elle attend un meilleur retour sur capitaux propres, mesuré par un RoNE (return on notional equity) de 8% dès 2023, contre 6,3% en 2021.
Objectifs de croissance
Pour parvenir à cela, la banque compte jouer sur plusieurs leviers, en s’appuyant notamment sur un plan de 3,4 milliards d’euros d’investissements informatiques sur 5 ans. Sur la banque de détail, elle va tenter d’augmenter sa pénétration sur le segment de grande clientèle, qui aujourd’hui représente 20% de ses revenus bancaires (30% des crédits aux personnes morales sont notamment attribués aux collectivités locales et aux bailleurs sociaux). La Banque Postale veut doubler le nombre de ses clients PME et ETI, multiplier ses flux par 2,5 pour augmenter ses parts de marché sur ce segment et atteindre 5%.
Toujours pour les entreprises, mais aussi pour les particuliers, la Banque Postale mise également sur l’existant, en menant des politiques commerciales visant à augmenter l’équipement de ses clients, notamment sur le segment patrimonial. Le développement du crédit à la consommation sera par ailleurs lui aussi source de croissance, avec un objectif de 40% d’encours supplémentaires d’ici 2025.
S’appuyer sur les agences
La banque a par ailleurs précisé que si elle voulait maîtriser ses coûts, elle ne veut pas fermer de points de vente et compte, au contraire, s’appuyer sur son réseau de 7.700 agences et de 17.000 points de contact. Elle continuera donc à moderniser ses sites, à hauteur de 300 à 400 par an sur les 5 prochaines années.
Enfin, à l’international, la banque continuera de s’appuyer sur la CNP, dont le Brésil et l’Italie représentent respectivement 34% et 21% du chiffre d’affaires, mais n’exclut pas non plus, même pour des activités de la banque, comme le crédit à la consommation, la banque privée ou la gestion d’actifs, « d’aller explorer des opportunités en dehors du territoire », a déclaré Philippe Heim, le président du directoire de la Banque Postale, lors d’une conférence de presse. D’ailleurs, Olivier Levy-Barouch, directeur de la stratégie et de l’innovation, a confirmé que, même si ce n’était pas à l’international, « la croissance des actifs de LBPAM, (la société de gestion du groupe, qui a pour objectif de passer de 50 à 70 milliards d’encours gérés d’ici 2025, ndlr), passera forcément par de la croissance externe », notamment sur des expertises d’actifs réels.
La Banque Postale est aussi citée comme potentiel repreneur de Floa banque, la coentreprise de crédit à la consommation de Casino et du Crédit Mutuel. Sur ce point, Philippe Heim n’a pas voulu faire de commentaire.
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Risques de «débordements»: Retailleau veut un Premier ministre «rapidement» face aux manifestations de septembre
Paris - Le président des Républicains (LR) et ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau a jugé mardi qu’il y avait «urgence à nommer un Premier ministre» parce qu’il ne doit pas «y avoir de pouvoir vacant» à la veille de manifestations et face à «un mois de septembre propice à tous les débordements». «Nous avons besoin très rapidement d’un Premier ministre pour que le pouvoir soit incarné. C’est capital, y compris d’ailleurs en matière de maintien de l’ordre», a insisté le ministre devant la presse à l’issue d’une réunion des dirigeants de LR. «Demain il y a cette journée où Monsieur Mélenchon et ses amis veulent créer un climat insurrectionnel, il y aura une possible dégradation de la note (de la dette de la France) le 12 et ensuite la journée intersyndicale le 18. On est sur un mois de septembre propice à tous les débordements», a-t-il alerté. Une fois désigné, le nouveau Premier ministre devra, avant de former un gouvernement, «se retourner vers l’ensemble des formations politiques pour dessiner un chemin d’intérêt général pour la France et nos compatriotes», a-t-il jugé. M. Retailleau a répété qu’il jugeait «inconcevable» que le Premier ministre soit «socialiste» car, selon lui, «le projet socialiste ne correspond pas à ce que veulent la majorité des Français qui sont plutôt à droite». Quant à la participation des LR au gouvernement, «elle n’a rien d’automatique» et dépendra du «contenu de la politique», a-t-il assuré, répétant les priorités de la droite sur la sécurité, l’immigration et la fiscalité. © Agence France-Presse -
Hong Kong: le sort du magnat des médias Jimmy Lai, emprisonné, inquiète en raison de sa santé fragile
Washington - S’il mourait en prison, le magnat des médias pro-démocratie de Hong Kong, Jimmy Lai, deviendrait un porte-parole plus puissant encore de la liberté, selon son fils Sebastien Lai, interrogé par l’AFP lors d’un passage à Washington. «C’est horrible pour moi de dire cela, mais si mon père mourait en prison, il deviendrait en réalité un symbole encore plus fort pour la liberté, un martyr de ses convictions», a estimé Sebastien Lai, en visite à Washington pour rencontrer des responsables et parlementaires américains et réclamer une plus forte pression internationale sur Pékin. Accusé de sédition et de collusion avec des forces étrangères lors des manifestations prodémocratie de 2019 dont il a été une figure clé, Jimmy Lai, 77 ans, est emprisonné depuis décembre 2020. Jugé pour atteinte à la sécurité nationale lors d’un procès fleuve entamé en décembre 2023, il encourt une peine pouvant aller jusqu'à la perpétuité. Il a plaidé non coupable. Le jugement, mis en délibéré, sera annoncé «en temps utile», a indiqué fin août une juge du tribunal de Hong Kong. Selon Sebastien Lai, la libération de son père serait dans l’intérêt même des autorités chinoises. «Comme on l’a vu avec beaucoup de dissidents, une fois libérés, ils perdent une grande partie de leur supposé pouvoir», a-t-il fait remarquer. Fondateur du journal prodémocratie Apple Daily, aujourd’hui interdit, Jimmy Lai est accusé d’avoir demandé à des gouvernements occidentaux qu’ils imposent des sanctions à la Chine et à sa région administrative spéciale de Hong Kong, après la répression du mouvement pro-démocratie. Il est également accusé d’avoir produit des articles et contenus séditieux, notamment dans des éditoriaux signés de son nom. Ces deux infractions sont sévèrement réprimées par la loi. La première en vertu de celle sur la sécurité nationale, adoptée après les manifestations parfois violentes de 2019 dans l’ex-colonie britannique rétrocédée à la Chine en 1997. L’autre selon une loi datant de l'ère coloniale. La santé du militant s’est nettement détériorée en prison. Diabétique, il souffre d’insuffisance cardiaque et ne reçoit que des soins médicaux limités. Il a été maintenu à l’isolement dans une cellule étouffante, sans climatisation. Pour Sebastien Lai, les pays occidentaux comme la France devraient convaincre la Chine qu’il y aurait «des conséquences très concrètes» pour Hong Kong si son père devait mourir en prison. Il a salué le soutien de l’Allemagne et du Royaume-Uni, où il réside aujourd’hui et dont son père Jimmy a acquis la nationalité en 1994. «On ne peut pas vraiment faire beaucoup plus que de donner la citoyenneté à quelqu’un», a-t-il fait valoir. Quant au président américain Donald Trump, il a promis pendant sa campagne de «sortir de là» le militant hongkongais. «Je vais faire tout ce que je peux pour le sauver», a réaffirmé le président américain le 14 août sur Fox News, précisant avoir mentionné le dossier auprès du numéro un chinois Xi Jinping. Shaun TANDON © Agence France-Presse