La banque éthique Nef cherche les moyens de son indépendance

Le spécialiste de l'économie sociale et solidaire doit lever 30 millions d’euros de capital pour s’affranchir de la garantie du Crédit Coopératif.
La banque éthique Nef est spécialiste du financement de l’économie sociale et solidaire en France.
La banque éthique Nef est spécialiste du financement de l’économie sociale et solidaire en France.  -  Crédit Nef.

La Nef se prépare à voler de ses propres ailes. La « banque éthique », spécialiste du financement de l’économie sociale et solidaire en France, a décidé de prendre son indépendance complète et a fait une demande de transformation d’agrément en ce sens à l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR). Détenu par 41.700 sociétaires, au premier rang desquels Mirova, le groupe coopératif se repose aujourd’hui sur la garantie du Crédit Coopératif (BPCE) pour justifier d’une solvabilité et d’une liquidité adéquates vis-à-vis du superviseur bancaire. Mais voilà des années qu’il se sent à l’étroit dans cette relation de dépendance, et rêve de se détacher de l’orbite de BCPE pour pouvoir proposer seul une offre bancaire incluant le compte courant.

Cette autonomie a un coût : la Nef doit augmenter ses fonds propres de 30 millions d’euros sur trois ans, en partant d’une base de 50 millions d’euros fin 2021. Une marge de sécurité d’autant plus nécessaire aux yeux de la tutelle que la banque éthique connaît une forte croissance. En 2021, le stock d’épargne sur livret a progressé de 34% à 700 millions d’euros et les encours de crédit de 40% à 571 millions, pour un total de bilan approchant le milliard. Cette année, la banque a collecté 89 millions depuis janvier 2022, portant l’encours à 788 millions à fin septembre. Le taux de croissance ralentit légèrement aussi côté crédit, avec une production de 187 millions d’euros sur les neuf premiers mois de l’année contre 200 millions pour la totalité de 2021.

L’effet hausse des taux

La Nef s’est donc mise en quête d’argent frais. Elle vient de lancer une campagne d’émission de parts sociales auprès de ses sociétaires, baptisée le « Big Banque », en déposant la marque fin septembre. Bilan des courses : 2,6 millions d’euros récoltés à fin octobre, et un objectif de 4 millions à mi-novembre. Pour trouver le solde d’ici au printemps 2023, l’objectif est de lever autant auprès des particuliers que des institutionnels, sous forme de parts sociales ou de capital hybride, une solution déjà utilisée l’an dernier. Le Fonds européen d’investissement s’est ainsi engagé à souscrire 10 millions d’euros de titre subordonnés remboursables, dont la moitié a été appelée en 2021.

Le groupe a mandaté à cet effet la banque d’affaires Gimar, a appris L’Agefi, une information que la Nef ne souhaite pas commenter. Le moment serait propice pour attirer de nouveaux partenaires financiers. Alors que la Nef est arrivée tout juste à l’équilibre d’exploitation l’an dernier pour un produit net bancaire de 10,5 millions d’euros, la hausse des volumes et des taux lui permet d’espérer mieux. « Une hausse de 0,4 point, c’est un million de résultat en plus », explique une source financière.

Plusieurs pistes sont explorées. L’entrée d’un assureur familier du monde coopératif et de l’économie sociale aurait pour avantage de favoriser les ventes croisées de produits bancaires et d’assurance. La Nef, qui compte déjà à son tour de table la Banque alternative suisse, pourrait aussi se tourner vers d’autres banques éthiques en Europe, la plus connue étant la néerlandaise Triodos. A condition d’éviter que le financement pour l’indépendance ne se transforme en nouvel adossement.

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