
JPMorgan provisionne face au risque de récession

JPMorgan Chase a publié un résultat net en baisse de 17% à 9,7 milliards de dollars au troisième trimestre 2022. Ce recul s’explique notamment par une provision additionnelle de 808 millions de dollars pour faire face au risque de défauts, alors qu’au troisième trimestre 2021 la banque avait relâché 2,1 milliards de dollars de réserves constituées pendant la crise du Covid-19. Au total, la provision pour perte de crédit de la banque atteint 1,5 milliard de dollars.
Les résultats du trimestre écoulé pâtissent par ailleurs d’une perte de 959 millions de dollars essuyée sur ses activités de titres. Son revenu s’affiche, en revanche, en hausse de 10% à 33,5 milliards de dollars. Victimes de l’attentisme des clients dans un environnement marqué par l’inflation et les incertitudes économiques, les revenus de la banque d’investissement ont plongé de 43% à 1,7 milliards de dollars.
La crainte d’une récession dure
Le directeur général de la banque Jamie Dimon se montre de plus en plus alarmiste sur la conjoncture mondiale, invitant le secteur à se préparer au pire. «Aux États-Unis, les consommateurs continuent de dépenser avec des bilans solides, les offres d’emploi sont abondantes et les entreprises restent saines», souligne-t-il dans un communiqué. «Cependant, il y a des vents contraires importants juste en face de nous - une inflation obstinément élevée entraînant une hausse des taux d’intérêt, les effets incertains du resserrement monétaire, la guerre en Ukraine et la hausse des risques géopolitiques, la fragilité de l’offre et des prix du pétrole. Alors que nous espérons le meilleur, nous restons toujours vigilants et nous nous préparons à de mauvais résultats afin que nous puissions continuer à servir les clients même dans les moments les plus difficiles», met-il en garde.
A la veille de la publication des résultats, il avait déjà tiré la sonnette d’alarme sur un risque de récession aux Etats-Unis à la mi-2023. Jusqu’ici, la consommation est restée soutenue outre-Atlantique, mais cette situation ne devrait pas durer plus de «neuf mois», a-t-il pronostiqué devant l’Institut de la Finance Internationale à Washington. L’inflation persistante devrait amener la Réserve Fédérale à augmenter les taux au-dessus de 4,5%, a-t-il ajouté. Le resserrement de la politique monétaire ainsi que les problèmes d’approvisionnement en gaz du fait de la guerre en Ukraine créent des «turbulences énormes» qui menacent l'économie mondiale, a-t-il encore souligné.
En début de semaine dans une interview à la chaîne CNBC, le patron de JPMorgan avait, par ailleurs, estimé que le S&P 500 pourrait subir «une nouvelle baisse de 20 à 30%» en cas de «récession dure». Il avait déjà mis en garde les investisseurs au printemps dernier contre «l’ouragan» économique en préparation, avant de suspendre en juillet son programme de rachat d’actions. La publication de ses résultats pour le second trimestre, jugés décevants par rapport aux attentes, avait alors fait décrocher l’ensemble des valeurs bancaires en Bourse.
Alors que le retour du risque systémique alimente les craintes vis-à-vis du secteur bancaire, le ratio de solvabilité CET1 de JPMorgan s'élève à 12,5%, au-dessus des exigences réglementaires. «En dépit des incertitudes sur l'évolution des règles de Bâle 3», Jamie Dimon se dit confiant dans la capacité à atteindre 13% au premier trimestre 2023. «Nous espérons pouvoir reprendre les rachats d’actions en début d’année prochaine», a-t-il ajouté.
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Immigration clandestine : raid policier dans une usine Hyundai-LG aux Etats-Unis, près de 500 arrestations
Washington - Près de 500 personnes, dont une majorité de Sud-Coréens, ont été arrêtées par la police de l’immigration dans une usine de fabrication de batteries des groupes sud-coréens Hyundai et LG dans l’Etat de Géorgie (sud-est), soupçonnées de travailler illégalement aux Etats-Unis. Le raid, mené jeudi, résulte d’une «enquête pénale liée à des accusations de pratiques d’embauche illégales et à de graves infractions fédérales», a expliqué vendredi Steven Schrank, un agent du service d’enquêtes du ministère américain de l’Intérieur, au cours d’une conférence de presse. Il s’agit de «la plus importante opération des forces de l’ordre sur un même site de toute l’histoire du service des +Homeland Security Investigations+ (+Enquêtes sur la sécurité intérieure+)», a-t-il affirmé, s’exprimant d’Atlanta, dans l’Etat de Géorgie. Les 475 personnes arrêtées dans cette usine, située dans la ville d’Ellabell, se «trouvaient aux Etats-Unis de manière illégale» et «travaillaient illégalement», a affirmé M. Schrank, soulignant que la «majorité» d’entre elles étaient de nationalité sud-coréenne. Sollicité par l’AFP aux Etats-Unis, le constructeur automobile a répondu être «au courant du récent incident» dans cette usine, «surveiller étroitement la situation et s’employer à comprendre les circonstances spécifiques» de cette affaire. «A ce stade, nous comprenons qu’aucune des personnes détenues n'était directement employée par le groupe Hyundai», a-t-il poursuivi, assurant donner «priorité à la sécurité et au bien-être de quiconque travaille sur ce site et au respect de toutes les législations et réglementations». De son côté, LG Energy Solution a affirmé suivre «de près la situation et recueillir toutes les informations pertinentes». «Notre priorité absolue est toujours d’assurer la sécurité et le bien-être de nos employés et de nos partenaires. Nous coopérerons pleinement avec les autorités compétentes», a ajouté cette entreprise. La Corée du Sud, la quatrième économie d’Asie, est un important constructeur automobile et producteur de matériel électronique avec de nombreuses usines aux Etats-Unis. Mission diplomatique Une source proche du dossier avait annoncé quelques heures plus tôt, de Séoul, qu’"environ 300 Sud-Coréens» avaient été arrêtés pendant une opération du Service de l’immigration et des douanes américain (ICE) sur un site commun à Hyundai et LG en Géorgie. De son côté, l’agence de presse sud-coréenne Yonhap avait écrit que l’ICE avait interpellé jusqu'à 450 personnes au total. Le ministère sud-coréen des Affaires étrangères avait également fait d'état d’une descente de police sur le «site d’une usine de batteries d’une entreprise (sud-coréenne) en Géorgie». «Plusieurs ressortissants coréens ont été placés en détention», avait simplement ajouté Lee Jae-woong, le porte-parole du ministère. «Les activités économiques de nos investisseurs et les droits et intérêts légitimes de nos ressortissants ne doivent pas être injustement lésés dans le cadre de l’application de la loi américaine», avait-il poursuivi. Séoul a envoyé du personnel diplomatique sur place, avec notamment pour mission de créer un groupe de travail afin de faire face à la situation. Les autorités sud-coréennes ont également fait part à l’ambassade des Etats-Unis à Séoul «de (leur) inquiétude et de (leurs) regrets» concernant cette affaire. En juillet, la Corée du Sud s'était engagée à investir 350 milliards de dollars sur le territoire américain à la suite des menaces sur les droits de douane de Donald Trump. Celui-ci a été élu pour un second mandat en novembre 2024, en particulier sur la promesse de mettre en oeuvre le plus important programme d’expulsion d’immigrés de l’histoire de son pays. Depuis, son gouvernement cible avec la plus grande fermeté les quelque onze millions de migrants sans papiers présents aux Etats-Unis. Au prix, selon des ONG, des membres de la société civile et jusqu’aux Nations unies, de fréquentes violations des droits humains. D’Atlanta, le Bureau de l’alcool, du tabac, des armes à feu et des explosifs (ATF) a expliqué sur X avoir participé à l’arrestation d’environ 450 «étrangers en situation irrégulière» au cours d’une opération dans une usine de batteries, une coentreprise entre Hyundai et LG. Selon son site internet, Hyundai a investi 20,5 milliards de dollars depuis son entrée sur le marché américain en 1986 et compte y investir 21 milliards supplémentaires entre 2025 et 2028. L’usine d’Ellabell a été officiellement inaugurée en mars, avec l’objectif de produire jusqu'à 500.000 véhicules électriques et hybrides par an des marques Hyundai, Kia et Genesis. Elle devrait employer 8.500 personnes d’ici à 2031. © Agence France-Presse