Intesa Sanpaolo gagne des parts de marché à coût nul

En reprenant les actifs sains de BP di Vicenza et de Veneto Banca avec le soutien financier de Rome, la première banque italienne se renforce dans une région riche.
Ivan Best

La liquidation des banques vénitiennes, Banca Popolare di Vicenza et Veneto Banca, ce week-end, fait les affaires d’Intesa Sanpaolo, qui a repris leurs actifs sains. Les cours boursiers de la première banque italienne ont fini la journée de lundi sur une hausse de3,52% à 2,708 euros. Le marché a apprécié les conditions de l’opération, qu’un analyste résume simplement : «Même si Intesa a agi sous l’amicale pression de l’Etat italien, l’opération a du sens, la banque va augmenter son chiffre d’affaires et sa part de marché, pour un coût en capital a priori nul.»

Il n’entrait pas a priori dans la stratégie d’Intesa de se renforcer en Italie dans la banque de détail, sa volonté étant d’investir plutôt dans l’assurance ou la banque privée. Pour autant, il est difficile de trouver des défauts à l’opération, du point de vue de l’actionnaire. La banque n’aura pas à assumer les mauvais risques, le rachat des actifs sains des deux banques vénitiennes lui coûtera un euro. Et les coûts de restructuration seront pris en charge par l’Etat. Deux tiers des 960 agences bancaires des deux établissements vénitiens seront fermées, 40% des 9.960 postes seront supprimés, mais sans licenciements secs, au moyen de départs volontaires et de pré-retraites. Pour financer ces restructurations, l’Etat italien alloue à Intesa pas moins de 1,285 milliard d’euros.

La reprise des prêts «sains» accordés par les banques vénitiennes, évalués à 26,1 milliards, augmentera bien sûr les besoins en capital d’Intesa. Mais ces capitaux destinés à maintenir le ratio de solvabilité CET 1 à 12,5% seront fournis par l’Etat italien, à hauteur de 3,5 milliards d’euros, indique la banque dans un communiqué. Seule contrepartie aux 4.785 milliards que recevra la banque de la part de l’Etat, Intesa pourrait verser une soixantaine de millions d’euros à titre d’indemnisation aux petits porteurs d’obligations BP di Vicenza et Veneto Banca. Par ailleurs, l’Etat italien garantit Intesa contre tout risque survenu après la vente (entre autres sur les actifs repris), à hauteur de 1,5 milliard.

Intesa va donc pouvoir se renforcer dans une région riche de l’Italie, notamment dans les activités que le groupe a désignées comme prioritaires, telles que la banque privée, l’asset management ou l’assurance. Les équipes de Citi évaluent à 5% la hausse du bénéfice net d’Intesa à l’horizon 2020, grâce aux synergies susceptibles d’être dégagées à l’issue de cette opération.

Un évènement L’AGEFI

Plus d'articles Banque

Contenu de nos partenaires

Les plus lus de
A lire sur ...