Goldman Sachs adopte un régime drastique pour faire face à la crise

La firme de Wall Street s’apprête à supprimer des milliers d’emplois. De telles coupes n’avaient pas eu lieu depuis la crise de 2008.
Aurélie Abadie
Les banques américaines, à l’instar de Goldman Sachs, ont indiqué qu’elles ne rachèteront pas d’actions au troisième trimestre.
Goldman Sachs comptait 49.100 employés à la fin du troisième trimestre 2022, et pourrait supprimer jusqu’à 3.200 postes.  -  Bloomberg

Pour les banques américaines, l’année 2023 sera placée sous le signe de l’austérité. Goldman Sachs s’apprête ainsi à tailler sévèrement dans ses coûts. La firme de Wall Street, qui comptait 49.100 employés à la fin du troisième trimestre 2022, pourrait supprimer jusqu’à 3.200 postes à compter de ce mercredi, rapportent Bloomberg et le Financial Times qui s’appuient sur des sources proches de la banque. Cette dernière s’est refusée à confirmer un tel chiffre.

Son PDG David Solomon avait déjà averti ses salariés dans un mémo envoyé avant les fêtes de fin d’année. « Divers facteurs ont un impact sur le paysage commercial, notamment le resserrement des conditions monétaires qui ralentit l’activité économique. Pour notre équipe de direction, l’accent est mis sur la préparation de l’entreprise à surmonter ces vents contraires », avait-il alors expliqué.

Une banque d’investissement au ralenti

La firme de Wall Street est confrontée, comme ses concurrentes, à un ralentissement dans la banque d’investissement, du fait de la baisse des volumes de conseil en fusions-acquisitions depuis la guerre en Ukraine. Les commissions dans la banque d’investissement ont presque été divisées par deux en 2022, avec 77 milliards de dollars de revenus au niveau mondial, contre 132,3 milliards de dollars un an plus tôt, selon les données de Dealogic. Dans ce contexte, Goldman Sachs pourrait réduire jusqu’à 40% l’enveloppe consacrée aux bonus de ses banquiers d’affaires cette année, avait révélé en décembre le Financial Times. Une baisse historique depuis 2008. De même, les coupes prévues dans ses effectifs seraient les plus importantes depuis la crise financière et dépasseraient celles annoncées chez ses concurrentes comme Morgan Stanley et JPMorgan.

La chasse aux coûts ne se limitera pas à la banque d’investissement. Goldman Sachs, qui se rêvait en nouveau leader de la banque au quotidien avec sa filiale Marcus, a annoncéun rétropédalage en octobre dernier. L’activité de sa banque digitale, qui a cumulé près de 4 milliards de dollars de pertes en quatre ans, sera dissoute et recentrée sur la gestion de fortune. Une restructuration qui devrait logiquement s’accompagner de suppressions de postes. Goldman Sachs réduit chaque année sa masse salariale de 1 à 5%. Les milliers de licenciements auxquels elle compte procéder au cours de cette première quinzaine de janvier devraient s’ajouter à ce programme annuel.

La banque américaine, qui se débat comme ses concurrentes avec les incertitudes macroéconomiques causées par les tensions géopolitiques, est à l’aube d’un nouveau cycle. Après la crise de 2008, elle avait pris le virage - raté - de la banque commerciale. Elle espère désormais diversifier ses revenus en s’imposant comme plateforme de services financiers auprès des grands marchands comme Apple et General Motors.

Cela sera-t-il suffisant pour convaincre les investisseurs, alors que ses résultats sont en perte de vitesse ? Après une année 2021 portée par le rebond post-Covid, qui a vu son bénéfice net grimper de 137% à 21,15 milliards de dollars, 2022 s’annonce moins faste pour Goldman Sachs. Les analystes estiment que son bénéfice devrait chuter d’un peu moins de la moitié, autour de 12 milliards de dollars. Le titre de la banque a, quant à lui, perdu plus de 10% en un an.

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