
Deux députés poussent les banques à créer des monnaies digitales

Un an après l’entrée en vigueur de la loi Pacte, l’heure est au bilan. Hier, les deux «crypto» députés Laure de La Raudière (Agir) et Pierre Person (LREM) ont rencontré le ministre de l’Economie, Bruno Le Maire, pour faire un point sur l’écosystème blockchain.
Face à l’émergence d’initiatives privées en matière de monnaie digitale, comme le Libra de Facebook, les banques commerciales françaises devraient lancer des stablecoins, estiment les députés. «Nous n’avons pas la volonté de déstabiliser le ‘business model’ des banques commerciales» mais elles «doivent se saisir rapidement de la question des ‘stablecoins’, sous l’impulsion de la banque centrale», déclare Pierre Person. Quel serait l’intérêt pour une banque commerciale ? «Si de nouveaux concurrents arrivent sur le marché et développent des applications intéressantes pour le grand public, les banques vont comprendre. Nous aimerions qu’elles comprennent avant et que les banques françaises se bougent», lance Laure de la Raudière. Or, «dans l’immédiat, ce n’est pas leur priorité de lancer un ‘stablecoin’. Pour elles, c’est quasiment de la R&D», regrette Pierre Person.
Pour les banques se pose surtout la question de sortir d’un «modèle existant» qui marche. «Certaines banques ont des résultats financiers impressionnants grâce au fonctionnement actuel du secteur. Il est normal qu’elles n’aient pas envie de changer de modèle, même si leurs performances s’amoindrissent», admet le député. Pour émettre un stablecoin, les banques devront demander une licence de monnaie électronique.
Encourager Bpifrance à prendre des risques
L’autre dossier abordé avec Bruno Le Maire concernait la création d’un fonds de plusieurs dizaines de millions d’euros dédié à la blockchain par Bpifrance. De surcroît, «il faut que l’institution connecte l’écosystème de start-up à la Banque de France», appuie Laure de la Raudière. «Il faut que le pouvoir politique permette et encourage Bprifrance à prendre des risques», ajoute Pierre Person. Autre regret des députés : malgré la réglementation en place, les entrepreneurs souhaitant s’installer en France ne peuvent pas bénéficier de financements importants.
Enfin, dernier point abordé avec Bruno Le Maire : le régime de prestataires de services sur actifs numériques (PSAN), introduit par la loi Pacte. En octobre dernier, le Groupe d’action financière (Gafi) a émis des nouvelles règles en matière de réglementation des cryptoactifs. «Nous sommes le premier pays à être contrôlé par le Gafi à l’aune de ces nouvelles règles. Cela tombe bien car nous avons une réglementation exhaustive. Mais un volet pose problème : la question du caractère facultatif du label pour les PSAN. La direction générale du Trésor et l’exécutif craignent qu’à l’aune de ce caractère facultatif nous soyons sanctionnés. Il existe un débat sur le fait qu’il faille rendre ce caractère obligatoire pour tous», indique Pierre Person.
Bruno Le Maire devrait trancher sur ce sujet au mois de mars, pour une éventuellement modification d’ici à juillet. «Nous souhaitons rester sur le dispositif de la loi Pacte car il nous paraît solide. Si la réglementation était modifiée sans débat législatif, il y aurait à la fois une incompréhension des acteurs et une perte de compétitivité pour la France», conclut le député.
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Astrid Panosyan-Bouvet visée par une plainte autour d'un redressement fiscal évité à une entreprise
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Etats-Unis : ce que l'on sait de Tyler Robinson, l'assassin présumé de Charlie Kirk
Washington - Tyler Robinson, assassin présumé du militant conservateur américain Charlie Kirk, a été arrêté jeudi soir et identifié publiquement vendredi par les autorités américaines. Voici ce que l’on sait de lui. Aîné d’une fratrie de trois enfants dans le sud de l’Utah Tyler Robinson, 22 ans, vivait «depuis longtemps avec sa famille dans le comté de Washington», à l’extrémité sud-ouest de l’Utah, près de la frontière avec le Nevada et l’Arizona, a indiqué le gouverneur de l’Etat, Spencer Cox. Il a fait ses études primaires et secondaires dans la ville de St George et n’a pas de casier judiciaire dans l’Etat, selon les médias américains. «Pendant 33 heures, j’ai prié pour que (...) ce ne soit pas l’un d’entre nous, mais quelqu’un venu d’un autre Etat ou d’un autre pays», a confié vendredi le gouverneur au sujet du meurtrier présumé de Charlie Kirk, tué d’une balle dans le cou mercredi lors d’un débat public sur un campus universitaire. «Mais cela s’est passé ici, et c'était l’un d’entre nous», a-t-il reconnu. Des photos publiées sur les réseaux sociaux de sa mère, Amber, semblent montrer une famille unie. Tyler Robinson était l’aîné de trois garçons. Après sa sortie du lycée en 2021, il a «brièvement étudié à l’Université d’Etat de l’Utah pendant un semestre en 2021", selon cet établissement. Aucune affiliation politique connue Tyler Robinson est un électeur enregistré dans cet Etat majoritairement républicain mais il n’a aucune affiliation politique connue. Un membre de sa famille a néanmoins témoigné que «Robinson était devenu plus politisé ces dernières années», a souligné le gouverneur Cox. Ce membre de la famille a fait état d’une récente conversation avec un parent au cours de laquelle Tyler Robinson avait mentionné la prochaine venue de Charlie Kirk dans l’Utah et partagé son hostilité à sa personne et à ses opinions, très conservatrices. Des messages à tonalité antifasciste ont été retrouvés sur les munitions découvertes après l’assassinat, a indiqué Spencer Cox. «Sur des inscriptions sur les trois munitions non utilisées on pouvait lire +Eh fasciste! Attrape ça!», a expliqué le gouverneur. Une deuxième douille était gravée du refrain de la célèbre chanson antifaciste «Bella ciao» mais d’autres inscriptions paraissaient plus difficiles à interpréter, dont des symboles inspirés de l’univers des jeux vidéo. Dénoncé par des membres de sa famille Tyler Robinson a été signalé aux autorités par des membres de sa famille. Jeudi soir, selon le gouverneur «un membre de la famille» du suspect a joint un ami, lequel a ensuite contacté les autorités pour les informer que «Robinson leur avait avoué ou laissé entendre son implication» dans l’assassinat. «C’est là qu’il vivait et c’est là qu’ils l’ont remis aux autorités», a indiqué M. Cox. Il a été appréhendé jeudi soir vers 22H00 locales (04H00 GMT vendredi) après 33 heures de traque, selon le directeur de la police fédérale (FBI), Kash Patel. Selim SAHEB ETTABA © Agence France-Presse