
Bruxelles croit à un changement de cycle

Le redémarrage de la croissance a été long et fastidieux… mais nous avons des indications très claires qu’une reprise cyclique est en cours», a expliqué mardi le commissaire européen en charge de l’euro Pierre Moscovici. La croissance de la zone euro devrait être de 1,5% en 2015 (soit 0,2% de révision à la hausse par rapport à février) et de 1,9% en 2016, selon la Commission. Cette embellie repose sur la dépréciation de l’euro, la baisse des prix du pétrole mais aussi les performances de l’Allemagne.
Mais Bruxelles voit aussi dans ces «vents favorables» le «fruit des réformes structurelles» et d’une «orientation budgétaire globalement neutre» défendues depuis 2010. Avec la Finlande, l’Espagne et le Portugal, la France fait partie des rares pays de la zone euro dont le déficit devrait rester supérieur à 3% en 2015. Elle affiche également un niveau d’endettement supérieur à la moyenne (95% en 2014 contre 94,2% pour l’ensemble de la zone euro) et qui, surtout, continuera à croître d’ici 2016 à 97% (contre 92,5%).
La dette publique de l’Allemagne devrait, elle, reculer de 74,7 à 68,2% pendant cette période. Surtout l’excédent de la balance des paiements de la première économie de la zone euro restera largement supérieur à 7% en 2015 et en 2016 avec un chômage qui pourrait descendre sous les 5% dès cette année, soit moins de la moitié du reste de la zone euro. L’amélioration du solde extérieur de la zone euro «continue de masquer des asymétries considérables entre économies débitrices et créditrices», s’inquiète toutefois la Commission, qui compte sur la poursuite des réformes pour rééquilibrer les flux d’investissement vers les pays de la périphérie.
En dépit de meilleures perspectives de croissance, Bruxelles ne compterait pas revoir à la hausse l’impact nominal des 0,5% d’ajustement budgétaire demandés à Paris. «Si ces 4 milliards sont solides, la Commission les considèrera comme une bonne base de discussion», a expliqué Pierre Moscovici, tout en écartant l’exclusion de la hausse des dépenses militaires du calcul du déficit. «Tout doit être financé», a-t-il dit. Les recommandations macroéconomiques par pays seront présentées en début de semaine prochaine et l’aval des plans de réformes et des budgets est attendu pour juin.
En attendant, l’attention de Bruxelles reste tournée vers la Grèce où au vu de «l’incertitude persistante, une révision à la baisse (des prévisions de croissance) était inévitable», a indiqué le commissaire. Bruxelles table sur 0,5% en 2015…. et un très optimiste 2,9% en 2016, qui devraient rendre moins douloureuse l’analyse de soutenabilité de la dette. Les travaux du «groupe de Bruxelles» visant à débloquer la dernière tranche du 2e plan d’aide se sont accélérés depuis la fin de la semaine dernière et le remaniement de l’équipe de négociation grecque. Reste à savoir si un accord politique pourra être noué lors de l’Eurogroupe du 11 mai, veille d’une importante échéance de remboursement du FMI.
Alors qu’en début de semaine dernière, un dirigeant européen affirmait, sceptique, «nous nous sommes suffisamment ridiculisés avec des deadlines non tenues pour ne pas en poser de nouvelles», le sentiment mardi à la Commission était plutôt qu’un accord sur une «liste complète» de réformes était possible. «Nous ne sommes pas là pour constater un accident mais pour éviter que cela se produise… La zone euro n’est pas une zone de changes fixes. C’est bien plus que cela. Nous sommes très attachés à son intégrité», a rassuré le commissaire français qui rencontrait mardi Yanis Varoufakis pour un déjeuner de travail au siège du Conseil européen.
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