
Antin Infrastructure Partners, snobé par les investisseurs, garde son cap

Difficile d’être prophète en son pays. Coté en Bourse depuis septembre 2021, Antin Infrastructure Partners en fait aujourd’hui l’amère expérience. Passé le feu d’artifice des premiers jours de cotation, avec un gain très rapide de 40%, le parcours boursier est difficile et l’action se traite désormais sous son cours d’introduction de 24 euros avec un repli de 31%. Ce 23 mars, la société a lâché 5,2% supplémentaires à 16,11 euros, un nouveau plus bas historique en clôture.
Pour l’heure, ni les comptes 2022, meilleurs qu’attendu, ni la hausse du dividende, fixé à 0,42 euro par action contre 0,11 euro un an plus tôt, ni surtout la perspective d’un doublement de l’Ebitda au titre de 2023, escompté entre 200 millions et 240 millions d’euros contre 118,5 millions en 2022, n’emportent l’adhésion.
A lire aussi: Nouvelle recrue du SBF 120, Antin met la résilience de son modèle économique à l’épreuve
Antin, comme la plupart des spécialistes du private equity cotés en Bourse, cristallise les craintes des investisseurs à l’égard de ce compartiment. Le groupe français paye le prix des doutes face au double choc de l’inflation et de la remontée des taux. Le marché ne se convainc pas de la capacité du spécialiste de l’investissement dans les infrastructures de voir ses actifs bénéficier de l’inflation dans leur propre exploitation. Antin n’est pas le seul à patiner en Bourse. Face à ses homologues, il aurait même tendance à mieux s’en tirer. Deux exemples parmi d’autres : depuis septembre 2021, le suédois EQT et l’américain Carlyle ont lâché 46% et 36% respectivement, soit davantage qu’Antin sur la période.
Mais pas question pour la société de capital investissement fondée par Alain Rauscher et Mark Crosbie de remettre en cause sa feuille de route de long terme. Celle-ci combine expansion sur de nouveaux territoires d’investissement comme en témoigne son fonds «Next Gen» et forts recrutements. «200 personnes, cela paraît beaucoup pour une seule stratégie, argumente Alain Rauscher, interrogé par L’Agefi. Mais notre objectif est de croître, ce qui passe par une équipe très solide. C’est très facile d'être rentable à court terme en réduisant les coûts. Se contenter de gérer l’existant permettrait sans doute de réduire d’un quart nos coûts, mais dans cinq ans ou dix ans, nous serions dans l’impasse».
Vers un doublement de l’Ebitda en 2023
Pour un groupe comme Antin qui revendique 30,6 milliards d’euros d’actifs gérés, soit un bond de 35% d’une année sur l’autre, la clé des futurs revenus dépend en premier lieu des levées en faveur des nouveaux véhicules. Sur ce terrain, Alain Rauscher se dit optimiste. «Nous avons déjà levé 7,5 milliards d’euros sur notre fonds 5, soit 75% de notre cible. Nous devrions la dépasser pour atteindre le ‘hard cap’ de 12 milliards, soit courant 2023, soit début 2024 pour une petite partie». Le cas échéant, Antin ne craint pas de décalage sur ses futures commissions (management fees) à percevoir puisque, par effet de rattrapage, elles s’appliqueront au jour du premier «closing», intervenu en août 2022. En conséquence, les cash flows de la société vont garder une trajectoire ascendante.
Mais la nouvelle donne financière induite par des taux plus élevés et l’inflation ne va-t-elle pas compliquer les acquisitions tout en perturbant les futures cessions et l’exploitation des sociétés détenues ? Antin qui a réalisé l’an dernier huit investissements pour deux sorties balaye cette crainte d’une machine grippée. «Toutes nos sociétés en portefeuille disposent de financements bancaires qui ne supposent aucun refinancement avant 2025», plaide Alain Rauscher.
Interrogé sur son intérêt pour le spécialiste français des renouvelables Akuo Energy, désormais en quête d’un adossement, Alain Rauscher botte en touche, sans toutefois fermer la porte. «Akuo Energy est une société de grande qualité. C’est un ’Blue Elephant’ français, très bien développé», glisse-t-il en référence à ce spécialiste du solaire en Allemagne, la dernière acquisition en date d’Antin et la première de son fonds 5 pour lequel une dizaine d’opérations sont envisagées.
Plus d'articles Capital investissement
-
Le fonds de retournement Sapaudia est à l’arrêt faute de capitaux
Exclusif - La société, qui visait initialement 100 millions d’euros pour son premier fonds, n’a collecté que 5 millions. Elle n’a pu réaliser qu’un seul investissement. -
Le professeur Oliver Gottschalg lance Gottschalg Analytics
Le chercheur spécialisé sur le private equity fait rentrer en majoritaire Long Term Assets à l’occasion. -
Qualium boucle la levée de fonds de son troisième millésime à 500 millions d’euros
Qualium Fund III a bénéficié du soutien d’une vingtaine de nouveaux investisseurs ainsi que de ses investisseurs historiques.
Contenu de nos partenaires
- Climat : BNP Paribas droite dans ses bottes face aux ONG
- Slawomir Krupa doit redorer le blason boursier de la Société Générale
- La BCE inflige une amende à Goldman Sachs
- L’alliance mondiale des assureurs «net zéro» fait pschitt
- Arnaud Llinas (Amundi ETF): «80% de notre collecte du premier trimestre s’est faite sur les ETF ESG»
- Carrefour s’apprête à supprimer 1.000 postes dans ses sièges en France
- Le pari gagnant d’UBS sur Credit Suisse laisse les actionnaires de marbre
- La succession d’Olivier Klein à la tête de la Bred se précise
- Casino obtient l’ouverture d’une procédure de conciliation avec ses créanciers
-
Classique
Présidence du Medef: Patrick Martin, le candidat du «produire plus»
Le candidat à la succession de Geoffroy Roux de Bézieux insiste sur la nécessité d'augmenter la croissance, moteur indispensable pour le pouvoir d'achat, l'emploi et les investissements vertueux au profit du climat -
Piège
Saint-Brévin: le RN rattrapé par l'activisme de l'extrême droite
Alors que les frontistes s'institutionnalisent, d'autres forces, comme Reconquête!, le parti d'Eric Zemmour, et des groupuscules ultra-radicaux, comme Civitas, veulent occuper le terrain et prendre la lumière -
Première étape
Bruxelles et Washington prêtes à établir des normes provisoires sur l’IA
L’UE et les Etats-Unis sont prêts à renforcer leur coopération en matière d’intelligence artificielle afin d’établir des standards minimaux avant la mise en place de législations en la matière, a déclaré mardi Margrethe Vestager, commissaire européenne à la Concurrence et responsable des questions de technologie au sein de l’UE