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« Les niveaux de valorisation sur les marchés obligataires offrent un bon point d’entrée aux investisseurs »


Après le recul des valorisations observé sur les marchés obligataires en 2022, comment appréhendez-vous l’année 2023 ? La classe d’actifs obligataire est-elle redevenue attractive ?
Le niveau de valorisation de ces marchés et les perspectives d’évolution cette année nous semblent offrir un bon point d’entrée aux investisseurs. Un parallèle peut être fait avec l’approche habituelle sur les marchés actions : après une chute vraiment historique des valorisations, le moment est venu d’augmenter les expositions à cette classe d’actifs. Les banques centrales ont agi très brutalement en 2022, la BCE relevant ses taux de 250 pb (points de base) sur l’année. En conséquence, avec une chute de 10-15% selon les maturités, le krach subi en 2022 a été pire que celui de 1994. D’ici la fin de l’année, nous anticipons une stabilité des valorisations : s’il reste encore un potentiel de hausse des taux longs à court terme, donc un risque relatif de moins-value, cette hausse devrait être compensée ensuite par un repli des taux, dans le contexte de ralentissement économique à venir. Aussi les portefeuilles obligataires pourront bénéficier du rendement courant offert, soit 2,5-3% sur les obligations souveraines et 3,5-4% sur les obligations crédit, contre 0% en moyenne en 2022. Et pour leur part, sur un horizon d’investissement plus court terme, les fonds monétaires devraient offrir plus de 3% de rendement. La BCE, qui continue à privilégier la lutte contre l’inflation, devrait en effet relever encore ses taux de 50 pb en mars, puis de 25 pb à 50 pb avant l’été.

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Précisément, sur les obligations souveraines de la zone euro, quelle est votre position alors que les écarts de taux entre les Etats se sont accentués ?
Les taux italiens ont progressé, en particulier au moment des élections. Cependant, à moins de 2%, le spread entre le 10 ans italien et le bund ne nous parait pas suffisant pour accroitre notre exposition sur l’Italie, au regard des fondamentaux du pays et de la mise en œuvre du « Quantitative Tightening » (QT) par la BCE, soit une réduction drastique de ses achats d’obligations souveraines. Nous maintenons donc plutôt une surexposition sur les pays les plus sûrs de la zone euro. Depuis le début de l’année, la performance est par ailleurs positive sur les obligations souveraines de la zone euro, car les taux ont baissé : le bund (à 10 ans) est passé de 2,57% à 2,47% (au 16/02).
La courbe des taux s’est inversée. Comment prenez-vous en compte ce phénomène ?
Nous sommes dans une situation particulière : l’aplatissement, puis l’inversion de la courbe des taux - le taux à 1 an allemand atteint 3,05% contre 2,47% à 10 ans (au 16/02) - a logiquement accompagné le cycle de hausse des taux de la BCE, mais l’inversion a été très forte. La partie courte suit les hausses de taux successives de la banque centrale, tandis que la partie longue reflète l’anticipation par les marchés du ralentissement économique attendu. Désormais, nous privilégions la partie courte ou intermédiaire de la courbe. Et nous avons mis en place une stratégie de courbe des taux, afin de miser sur une pentification. Cependant, nous ne l’anticipons pas avant 2024.
Dans une perspective de dégradation de la conjoncture pour les entreprises, le marché des obligations crédit reste-t-il attractif ?
La classe d’actifs du crédit investment grade reste très attractive, car elle sera soutenue par des rendements qui se situeront entre 3,5 et 4% au cours de l’année. Il est indéniable que la politique plus restrictive de la banque centrale européenne a un impact sur les conditions financières offertes aux entreprises. Cependant, nous anticipons une normalisation, après plusieurs années d’accès à des financements très peu chers, qui ne devrait pas se traduire par une forte croissance des défauts. Récemment, entre la réouverture de la Chine et la faiblesse du chômage, le ralentissement économique est apparu moins marqué qu’anticipé. C’est ainsi que le spread entre les émetteurs triple B et les émetteurs simple A à 5 ans, qui avait grimpé à 70 pb à l’automne 2022, est revenu à 30 pb actuellement : un niveau qui n’est plus suffisant pour justifier une exposition aux émetteurs les moins bien notés. Aussi, nous restons prudents et privilégions les notations simple A, en particulier les financières, dont le modèle économique est favorisé par la hausse des taux.
Le ralentissement de l’inflation vous incite-t-il à moins rechercher à vous en protéger ?
Nous n’avons pas de certitude, aussi il est un peu tôt pour baisser la garde. Les obligations indexées sur l’inflation, auxquelles nous avons recours pour protéger nos portefeuilles depuis fin 2020, restent un outil à ne pas négliger. Nous observons effectivement un recul de l’inflation, mais les banques centrales restent à l’affut concernant l’inflation « core ». Si les prix énergétiques refluent, des tensions apparaissent dans les services et sur les salaires.
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Tensions militaires dans les Caraïbes : le Venezuela défie le déploiement américain
Caracas - Le Venezuela a lancé mercredi trois jours d’exercices militaires sur l'île de la Orchila, dans les Caraïbes, alors que les États-Unis ont déployé des navires de guerre dans la zone, officiellement pour une opération anti-drogue. Les États-Unis accusent Nicolas Maduro de diriger un cartel et offrent une récompense de 50 millions de dollars pour la capture du président vénézuélien. Caracas rejette ces accusations et dénonce une «menace». L'île, un territoire de 43 kilomètres carrés où se trouve une base de la marine vénézuélienne, se situe à 97 miles nautiques de l'État vénézuélien de La Guaira et près de l’endroit où les États-Unis ont intercepté un bateau de pêche vénézuélien pendant huit heures pendant le week-end. «Aujourd’hui, notre commandant en chef (le président Nicolas Maduro, ndlr) nous a ordonné un exercice, une manœuvre de campagne baptisée Caraïbes souveraines (...) Il va y avoir un déploiement important de navires de la marine bolivarienne», a déclaré le ministre de la Défense, le général Vladimir Padrino Lopez, à la télévision nationale. «Difficile à croire» «Dans cette conjoncture, nous devons élever notre préparation opérationnelle à un scénario de conflit armé en mer», a-t-il précisé, évoquant le «grand déploiement de navires nord-américains, des destroyers équipés de missiles de croisière guidés avec une puissance menaçant le Venezuela, les Caraïbes et toute l’Amérique latine». La télévision publique a montré des images de bateaux amphibies, de pièces d’artillerie et de navires de guerre vénézuéliens déployés à La Orchila. «Nous avons 12 navires, 22 aéronefs, y compris des chasseurs (...) 20 petits bateaux de la milice spéciale navale», a précisé le vice-amiral de la marine, Irwin Raul Pucci. Lundi, M. Maduro a assuré à propos du déploiement américain qu’il y avait «une agression en cours à caractère militaire» de la part de Washington et que le Venezuela était «habilité par les lois internationales à y répondre». Il a annoncé avoir positionné 25.000 soldats aux frontières tout en appelant la population à s’enrôler dans les milices pour «défendre la patrie». Un peu plus tôt dans la journée, le ministre de l’Intérieur Diosdado Cabello a mis en avant la lutte anti-drogue de son pays, accusé de narcotrafic par M. Trump, se targuant d’avoir saisi plus de 60 tonnes de drogue en 2025, la plus grande quantité saisie depuis l’année 2010. M. Cabello a jugé les accusations américaines «difficile(s) à croire», estimant que l’administration Trump cherchait un «changement de régime» au Venezuela. Selon le président Trump, les États-Unis ont détruit trois embarcations contenant de la drogue qui étaient parties du Venezuela. Caracas a demandé une enquête sur le premier bateau attaqué la semaine dernière, et n’a pas fait de commentaire précis sur les deux derniers. «Concernant les trois embarcations qu’ils mentionnent, on ne sait pas. On ne sait pas. Parce qu’ils disent qu’elles transportaient de la drogue, mais qui a vu la drogue ? Ils disent que le second transportait du fentanyl. D’ici, du Venezuela, du fentanyl? C’est difficile à croire. Très difficile à croire», a déclaré Diosdado Cabello. Barbara AGELVIS et Patrick FORT © Agence France-Presse -
La Fed abaisse ses taux sans surprise, Wall Street réagit prudemment
Washington - La Bourse de New York a terminé en ordre dispersé mercredi, peu surprise par la baisse des taux d’un quart de point de la banque centrale américaine (Fed), une décision très largement anticipée par les investisseurs. Le Dow Jones a gagné 0,57%, l’indice Nasdaq a reculé de 0,33% et l’indice élargi S&P 500 a perdu 0,10%. «La réunion de la Fed d’aujourd’hui n’a pas provoqué de séisme (...) il n’y a pas eu de surprise majeure», commente auprès de l’AFP Peter Cardillo, de Spartan Capital Securities. La Réserve fédérale a baissé mercredi ses taux d’intérêt pour la première fois de l’année, dans une fourchette comprise entre 4% et 4,25%. «Cette décision était attendue à l’unanimité», résument les analystes de HFE. Un seul responsable, promu par M. Trump, a voté contre: Stephen Miran, qui a rejoint la Fed seulement mardi et qui aurait voulu voir les taux d’intérêt baisser d’un demi-point, selon un communiqué de l’institution. Une telle réduction «aurait probablement provoqué une réaction plus importante» sur les marchés, estime Christian Hoffmann, de Thornburg Investment Management. Selon la médiane des prévisions de la Fed, ses membres anticipent deux autres baisses de taux (d’un quart de point chacune) en 2025, ce qui impliquerait une nouvelle détente à chacune des réunions programmées d’ici la fin de l’année. Mais le président de l’institution, Jerome Powell, a prévenu mercredi qu’il s’agissait davantage d’une hypothèse que d’une certitude. M. Powell a assuré devant la presse que les décisions futures de la Fed «seront fondées sur les données disponibles, l'évolution des perspectives et l'équilibre des risques» concernant le marché du travail et l’inflation. Cette première baisse «n’est pas un revirement, c’est une mesure réfléchie», note Gina Bolvin, de Bolvin Wealth Management Group. «Pour les investisseurs, cela signifie un allègement modeste des taux, et non pas des feux d’artifice», ajoute-t-elle. Une politique monétaire accommodante est généralement favorable aux actions, car elle permet aux entreprises de se financer à moindre coût, ce qui améliore les perspectives d’investissements et donc de croissance. Sur le marché obligataire, le taux d’intérêt des emprunts américains à dix ans a touché un plus bas depuis avril juste après la décision de la Fed. Vers 20H15 GMT, il se tendait finalement à 4,07% contre 4,03% la veille. A la cote, «la faiblesse de certaines capitalisations géantes» a pesé sur la place américaine, observent les analystes de Briefing.com. Le mastodonte américain Nvidia (-2,62% à 170,29 dollars) a été pénalisé après que l’Administration chinoise du cyberespace (CAC) a interdit aux entreprises technologiques du pays d’acheter ses puces, Pékin accusant l’entreprise d’entorse à la concurrence, selon le Financial Times. Elle a entraîné avec elle une partie du secteur des semiconducteurs, à l’image de Broadcom (-3,84%), Intel (-1,46%) ou Advanced Micro Devices (-0,81%). La plateforme de réservation de véhicules de tourisme avec chauffeur (VTC) Lyft s’est envolée (+13,13% à 22,84 dollars) à l’annonce d’un partenariat avec Waymo. Lyft aidera la filiale d’Alphabet (Google) à lancer son offre de véhicules autonomes dans les rues de Nashville (Tennessee). Waymo est déjà en partenariat avec Uber, concurrent de Lyft, dans plusieurs villes des Etats-Unis. Le titre d’Uber a perdu 4,96% à 92,98 dollars. Le site de revente de billets sportifs et d'événements et spectacles StubHub a connu une première séance timide à Wall Street. Son action, dont le prix avait initialement été fixé à 23,50 dollars, a terminé à 22,17 dollars. Nasdaq © Agence France-Presse