La Mutuelle Générale lève le pied sur la diversification

La mutuelle réalloue son portefeuille sur l’obligataire pour profiter des rendements récurrents
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 -  Xavier Renauld

La Mutuelle Générale freine sur les actions et la diversification de son portefeuille d’investissement pour se recentrer sur l’obligataire classique. Son portefeuille de 2,8 milliards d’euros est géré à 95% en délégation, les 5% restants correspondant aux actifs stratégiques. Au fil des années, la mutuelle a renforcé sa direction des investissements et de la trésorerie pour compter dix salariés à mesure que le portefeuille se diversifiait et nécessitait des analyses et des sélections d’actifs plus complexes. La comptabilité des placements a été également ré-internalisée.

Aujourd’hui, la mutuelle, spécialisée dans l’assurance santé et la prévoyance, profite de la fenêtre de hausse des taux pour faire grimper son allocation obligataire, à 62% contre 57% en 2022. Chaque année, elle peut réinvestir 180 à 200 millions d’euros en tombées et coupons. Sa poche d’actions est également réduite pour pouvoir jouer la carte obligataire. « L’intérêt d’une approche tactique sur les actions nous permet d’augmenter notre exposition aux taux quand ils remontent. Les primes actions se sont réduites sur les marchés tandis que les taux se sont élevés et les spreads écartés. Nous essayons de profiter de ce nouvel environnement en verrouillant les carry actuels », explique Matthieu Esposito, directeur des investissements et trésorerie de La Mutuelle Générale.

Davantage d’ESG dans les mandats

La diversification sur l’obligataire alternatif et la dette privée se réduit pour réallouer sur l’obligataire classique et profiter des rendements récurrents. « Les fonds alternatifs nous exposent à des moins-values latentes et des risques de déploiement », estime Jérôme André, responsable des investissements. En raison de l’inversion de la courbe des taux, le groupe a cherché à s’exposer sur du crédit court terme. Ostrum AM dispose du mandat obligataire d’environ 1,7 milliard d’euros depuis novembre 2020.

La mutuelle a également accru sa poche d’obligations vertes et de sustainability-linked bonds de 100 millions d’euros en 2022. Elle représente près de 15% de l’obligataire. A travers le mandat obligataire d’Ostrum AM, les investissements font l’objet d’un suivi extra-financier, selon la méthodologie GREaT de La Banque Postale Asset Management, retenue par La Mutuelle Générale parmi les méthodologies de notation ESG existantes. Depuis 2021, LBPAM réévalue l’ensemble des actifs du portefeuille global.

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Le climat et l’impact social font aussi partie des priorités. « Nous commençons à être familiers de l’empreinte et l’intensité carbone, nous l’élargissons de plus en plus au portefeuille, même s’il reste difficile de collecter des données sur les actifs non cotés. Les émetteurs SBTi sont privilégiés », affirme Mathieu Esposito.

Jérôme André

Jérôme André, responsable des investissements

Les infrastructures conservent de l’attrait

Les placements en actions (8% des encours contre 10% en 2022) attendent des moments plus propices. En 2022, le fonds dédié actions géré par Lazard Frères Gestion avait été couvert dès les premiers jours de la guerre en Ukraine. Les fonds satellites et thématiques avec des biais croissance, sectoriels technologiques, ont subi la volatilité des marchés. « Néanmoins, nous avons pu réinvestir en partie sur ces fonds dans les creux de marché », précise Jérôme André. Depuis le début d’année 2023, La Mutuelle Générale a réduit ses positions actions et est sortie de la couverture de son fonds dédié. Elle pourrait revenir vers les actions dans les 12 à 24 mois. « Nous restons assez méfiants compte tenu d’une inflation core élevée et des banques centrales prêtes à maintenir leurs politiques restrictives pour longtemps », estime Mathieu Esposito.

La diversification n’est plus à l’ordre du jour sur cette classe d’actifs, après un regard du côté des fonds actions américains et chinois. « Nous en sommes finalement sortis. Cela prend beaucoup de temps et l’espérance de rendement ajustée du coût de risque n’était pas assez élevée. Cette diversification coûte cher en capital sous solvabilité 2. Les effets devises peuvent aussi coûter cher », justifie Jérôme André. Le non coté ne devrait pas être favorisé non plus cette année. « L’environnement de taux élevés complexifie la sortie de fonds de private equity », souligne Jérôme André.

Seuls les investissements en infrastructures actions devraient être épargnés par ce changement d’orientation. « Les infrastructures pourraient continuer à profiter de nouveaux engagements. Elles gardent un carry intéressant pour un coût en capital plus faible que pour les actions. Elles apportent également une protection contre l’inflation. Nous visons plutôt des fonds généralistes. Les fonds d’énergies renouvelables nous paraissent chers », développe Matthieu Esposito. La nouvelle allocation stratégique sur les actifs réels (infrastructures et immobilier) atteint 17%. En immobilier, la mutuelle avait déjà atteint son allocation cible en 2021 et se montrait prudente sur le secteur touché par la crise sanitaire. La Mutuelle Générale fait également attention à la hausse des taux qui fait grimper les risques économiques sur l’immobilier, notamment l’immobilier commercial. L’année dernière, elle a cédé en grande partie de l’immobilier d’exploitation, les murs de ses centres médicaux et dentaires, et a privilégié une exposition immobilière au travers de fonds diversifiés.

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