Indefi : «Les encours délégués aux gérants externes régressent de 5Md€"

La baisse des encours délégués est modeste mais nouvelle. Les effets de la crise l’emportent sur la hausse du non coté. Les fonds de place ont aussi asséché le marché.
Thibaud Vadjoux
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Indefi publie son baromètre institutionnel 2021. 209 investisseurs institutionnels ont répondu aux questions du cabinet jusqu’au quatrième trimestre 2020. Agnès Lossi, partner chez Indefi, nous présente les grandes orientations des institutionnels dans la gestion d’actifs La délégation de gestion est en baisse en 2020 pour la première fois depuis de nombreuses années. Comment cela s’explique? Pour rappel, la délégation de gestion externe représente 15% des actifs gérés par les institutionnels. Environ 50% des encours sont gérés par des sociétés de gestion affiliées ou par des gérants avec lesquels ils ont noué des partenariats. 30% sont gérés en interne, essentiellement sur l’obligataire et l’immobilier. Les encours délégués par les institutionnels aux gérants externes régressent de 5 milliards d’euros, de 424 à 419 milliards d’euros. Cette décrue, certes symbolique,s’explique d’abord par une croissance en berne des encours institutionnels (+2% à 2.762 milliards d’euros). L’assurance-vie a été par exemple confrontée à une décollecte de -7,3 milliards d’euros sur les onze premiers mois de l’année contre une collecte positive de +23,3 milliards d’euros l’année précédente sur la même période. Le faible effet marché a également limité la délégation. On peut aussi l’attribuer à la diminution des réserves des institutions de retraite (déficits techniques et prélèvements exceptionnels). Enfin, on observe des décisions de ré-internalisation de la gestion d’actifs dans les segments paritaires et mutualistes, du fait notamment de la concentration du secteur. Par ailleurs, les mouvements d’allocation de l’année 2020 n’ont pas été particulièrement favorables à la délégation de gestion. Tous ces effets n’ont pas pu être compensés par la hausse du non coté. Comment ont évolué les appels d’offres? On observe moins d’activité aussi bien au niveau du nombre de lots (30 lots mis sur le marché contre 40 en 2019) que des institutionnels impliqués (23 investisseurs institutionnels ou groupes d’investisseurs contre 30 l’année précédente). On notera néanmoins que ce marché a été soutenu par les initiatives de place (Ambition Climat, Relances FFA-CDC…). Vous parliez du relais du non coté. Comment progresse-t-il ? Toutes classes d’actifs confondues, le non coté continue de croître pour atteindre près de 10% des allocations. Les déploiements se maintiennent en immobilier, private equity et infrastructures. La dette privée poursuit sa trajectoire de croissance. Les déploiements se maintiennent en immobilier, private equity et infrastructures. La dette privée poursuit sa trajectoire de croissance. Avec leur horizon de long terme et leur résilience, les infrastructures ont très bien traversé la crise du Covid. Les institutionnels souffrent même d’un manque d’offres sur la dette infra et ne parviennent pas à déployer autant qu’ils le souhaitent. En immobilier, ils se montrent plus sélectifs, notamment sur le bureau et le commerce qui sont touchés par la crise. Au niveau des entreprises, les investisseurs surveillent les risques sur le portefeuille de dette avec la fin programmée des mesures publiques de soutien d’autant plus qu’ils sont sollicités dans le cadre des programmes de prêts participatifs en relais au PGE (prêts garantis par l’Etat). Enfin, les institutionnels ont engagé plus de 6 milliards d’euros cette année dans les fonds de place (Climat, relance, FFA, CDC), pour environ la moitié en non coté.Cette nouvelle donne a considérablement réduit leurcapacité à allouer vers les gérants externes. Les investisseurs expriment également un besoin accru de transparence des gérants et regrettent le manque d’hétérogénéité des méthodes de valorisation. Quelle est l’évolution en obligataire? La proportion des obligations est stable et la diversification se renforce. Les investisseurs se sont portés vers le crédit Investment Grade au détriment du souverain, parfois au prix d’une dégradation du gap de duration, ce qui constitue un renversement de la vapeur par rapport aux trois dernières années. Les institutionnels ont engagé plus de 6Md€ cette année dans les fonds de place. Cette nouvelle donne a considérablement réduit leurcapacité à allouer vers les gérants externes La dette privée continue sa progression en atteignant 70 milliards d’euros d’engagements et 60 milliards déployés: environ la moitié est dirigée vers le corporate (financement de LBO ou prêts directs), 25% en dette immobilière et 20% en dette infrastructures. Et pour les actions? Leur part continue de décroitre dans les portefeuilles institutionnels, pénalisés par l’effet marché (-4%) et des désinvestissements, en raison de leur volatilité et leur coût en Solvabilité II. Les institutionnels se montrent intéressés par les actions de long terme (LTEI) et attendent des assouplissements des contraintes d’investissement. Les actions revêtent un caractère de plus en plus tactique, avec une part des actifs indiciels en progression de 10% cette année. Les stratégies de couverture ont aussi été très utilisées. Elles ont «enfin» porté leurs fruits cette année. Le marché représente 50 milliards d’euros (en montant notionnel).

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