
Orange Bank s’insère dans le marché des professionnels

Orange Bank ne veut pas rater le coche. Le groupe vient d’acquérir Anytime, la néobanque spécialisée sur les professionnels. «Nous avons regardé toutes les néobanques sur le marché et Anytime nous a plu pour trois raisons», explique à L’Agefi Paul de Leusse, le patron d’Orange Bank.
D’une part, Anytime proposerait une approche «plus globale» que certaines fintech, puisqu’elle couvre une clientèle d’entrepreneurs individuels comme de grandes entreprises. Par ailleurs, la néobanque envisage plusieurs synergies avec l’opérateur Orange, «qui propose des solutions d’accompagnement des professionnels, téléphonie bien sûr, mais aussi cloud et e-commerce». Enfin, «les patrons d’Anytime ont tenu leurs objectifs 2020 malgré la crise sanitaire : ce sont de vrais entrepreneurs», se félicite ce dernier.
Le montant de l’opération, qui fait d’Anytime une filiale à 100% d’Orange Bank, n’a pas été dévoilé. «Une partie du montant est payée dans l’immédiat et une autre partie sera payée dans la durée», confie Paul de Leusse. La cession d’Anytime à Orange Bank a permis à Seventure Partners, la filiale de capital-risque de Natixis, de réaliser une «plus-value significative», a déclaré la société dans un communiqué. Seventure avait investi 4,5 millions d’euros dans la néobanque en 2016. Anytime, qui revendique 100.000 porteurs de cartes, était proche de l’équilibre dès son démarrage en 2014 et est devenue rentable dès 2018.
Une clientèle «rentable» mais encore «mal servie»
Pour le patron d’Orange Bank, il s’agit d’un investissement «stratégique». Ce dernier considère que les marché des pros et PME est non seulement «rentable» mais aussi «mal servi» par les banques traditionnelles. «C’est un segment qui pourra peser assez lourd dans Orange Bank. Classiquement, un client pro rapporte 3 à 4 fois plus qu’un client particulier, cela pèsera clairement en valeur dans notre stratégie, cela ne sera pas anecdotique», explique-t-il.
Cet investissement arrive au moment où Orange Bank «s’inscrit sur le chemin de la rentabilité». «Nous avons investi 140 millions d’euros sur les deux dernières années et cela commence à payer. Par exemple, notre coût d’acquisition client a baissé de plus de 20% entre 2018 et 2020», souligne Paul de Leusse. Entre 2017 et le troisième trimestre 2020, Orange Bank a perdu 549 millions d’euros. «Depuis deux ans, Orange Bank réduit ses pertes de l’ordre de 10 à 15% par an et cela va s’accélérer. Les investissements sont derrière nous. Le virage valeur commence à payer», estime-t-il.
Des visées à l’international
Le groupe va au départ lancer des offres 100% en digital avant de les proposer en boutique Orange. «Nous souhaitons tester les offres pendant 18 mois, pour un déploiement fin 2022. Le canal boutique viendra compléter le canal digital sur lequel Anytime est bien présent», précise Paul de Leusse. «Nous voulons offrir au pro tout ce dont il a besoin pour gérer son entreprise. Ensuite, quand nous déploierons Orange Bank dans d’autres pays, Anytime accompagnera ce déploiement», ajoute-t-il.
Orange Bank compte 1,2 million de clients en Europe, dont 1 million en France et 200.000 en Espagne. Lancée en Afrique en juillet dernier, la banque revendique 350.000 clients. Elle a par ailleurs demandé des licences pour opérer au Sénégal, au Mali et au Burkina Faso. En 2021, Orange Bank compte se focaliser à la fois sur l’intégration d’Anytime, sur le crédit à la consommation et sur l’international : après l’Espagne, la néobanque viserait désormais un pays d’Europe de l’Est.
Avec cette nouvelle acquisition, Orange Bank s’insère dans un marché déjà bien développé, ciblé par les grands réseaux et de nouveaux acteurs. Qonto, lancée en 2017, affiche plus de 120.000 clients, Shine qui a rejoint le groupe Société Générale en compte plus de 70.000. Les grands groupes y voient aussi une opportunité : le Crédit du Nord dispose par exemple de sa propre néobanque Prismea tandis que la Bred a lancé Services Pro +.
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