
Le nombre d’investisseurs particuliers a doublé en Europe

La frénésie pour la Bourse touche également l’Europe. Le nombre d’investisseurs individuels y a doublé depuis début 2019 à la faveur du télétravail, de l’augmentation du taux d’épargne et du krach de mars 2020.
La part des échanges réalisés par les particuliers a atteint près de 7% mi-2020 contre 2% en 2019 avant de revenir autour de 5% actuellement, selon des données d’Euronext dévoilées par Reuters.
L’an dernier, une étude de l’Autorité des marchés financiers (AMF) avait déjà fait état d’un retour massif des particuliers vers la Bourseaprès le creux de marché de mars. Au total, l’AMF avait dénombré 150.000 nouveaux venus depuis janvier 2018.
La croissance du nombre d’investisseurs individuels s’explique aussi par le succès de plates-formes de trading grand-public comme eToro, qui a enregistré 3,1 millions de nouveaux utilisateurs au premier trimestre de cette année après 5,2 millions sur l’ensemble de 2020.
Nouveaux venus
La moitié des traders en ligne serait en Europe, selon la plateforme de trading CloseCross. Cette dernière estime que sur une base de 29 millions d’utilisateurs dans le monde, 13,2 millions seraient en Europe. Ce nombre aurait doublé depuis un an. En Europe, c’est au Royaume-Uni (3,1 millions) qu’ils sont les plus nombreux, suivi par l’Allemagne (1,6 million) et la France (1,2 million). Près de 60% de ces boursicoteurs ont moins de 35 ans et 42% d’entre eux ont 500 dollars ou moins sur leur compte.
Cela confirme les données de l’étude de l’AMF qui constatait également un profil différent des habitués des marchés actions pour les 150.000 nouveaux venus sur les marchés actions qui ont entre 10 et 15 ans de moins que les investisseurs habituels et ont investi logiquement de plus petits montants.
Moins de poids qu’aux Etats-Unis
La participation des particuliers en Europe semble néanmoins limitée par rapport aux Etats-Unis où ces derniers représenteraient jusqu'à 32% des volumes d'échanges globaux sur les actions aux Etats-Unis., selon les estimations de Daniel Fannon, analyste de Jefferies, en janvier dernier. Des échanges soutenus par la frénésie sur les valeurs telles GameStop ou AMC, appelées «meme stocks».
Stéphane Boujnah, directeur général d’Euronext, explique toutefois à Reuters, à propos de ce phénomène que les règles boursières européennes sont bien plus strictes que celles de Wall Street. Cela rend difficile toute coordination d’un mouvement d’investisseurs individuels qui souhaiterait s’en prendre à des stratégies de vente à découvert de fonds spécialisés, dont les particuliers américains, réunis dans les forums du site Reddit se sont fait une spécialité.
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Objectif: poser «le premier jalon» de la chronologie de l’occupation ancienne de l’Ennedi, affirme le chercheur. «Potentiel archéologique» La réserve naturelle et culturelle de l’Ennedi (RNCE), créée en 2018 dans cette province tchadienne, au carrefour avec la Libye et le Soudan, accueille un dense patrimoine archéologique. Sur un sanctuaire de plus de 50.000 kilomètres carrés, des dizaines de milliers de gravures et peintures rupestres ornent les parois rocheuses. Suite à l’inscription en 2016 de la RNCE sur la liste du patrimoine mondial de l’Humanité, sa co-gestion a été confiée par l’Etat tchadien à African Parks pour quinze ans. «1.686 sites ont été référencés à ce jour, mais cela représenterait moins d’un quart de la totalité», estime Mahamat Ahmat Oumar, 36 ans, à la tête de la mission scientifique financée par l’ONG. «Il y a un potentiel archéologique énorme, mais qui reste peu documenté», ajoute-t-il. «La recherche a été dominée par des scientifiques étrangers. Les chercheurs tchadiens n’ont pas assez investi cette partie du pays». Certains ensembles rocheux de grès, teintés de rose, violet ou orange en fonction des lumières de la journée, sont difficilement accessibles. S’y aventurer est un défi physique et logistique dans une province brûlée par le soleil. Des zones sont également longtemps restées inaccessibles en raison de la tumultueuse histoire de cette zone frontalière. «Il y a eu une rupture dans la prospection scientifique dans les années 1960, avec la guerre civile, jusqu’aux années 1990", précise Mahamat Ahmat Oumar. Des débris de char d’assaut, vestige de la guerre tchado-libyenne de 1978 à 1987, sont encore présents. La zone reste classée rouge et «formellement déconseillée» par le ministère français des Affaires étrangères. développement touristique «C’est Lascaux puissance 100.000", plaisante Frédérique Duquesnoy, 61 ans, docteure en archéologie et membre associé au Laboratoire méditerranéen de préhistoire Europe-Afrique. 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