
Les marchés doivent prendre la mesure du risque géopolitique chinois

Focalisé sur la réouverture prochaine des économies et la reprise mondiale, le marché en oublierait presque les risques géopolitiques. Or ils n’ont pas disparu avec la défaite de Donald Trump. Si son successeur à la Maison-Blanche Joe Biden est revenu à une diplomatie plus conventionnelle, il augmente néanmoins la pression sur la Chine.
Une nouvelle incursion d’un avion militaire chinois dans la proximité de l’espace aérien taïwanais en début de semaine dernière a provoqué une consolidation sur les marchés actions (sans doute bienvenue vu les niveaux de valorisation) qui se sont ensuite repris, rassurés par des indicateurs économiques favorables. Il n’en demeure pas moins que la stabilisation des taux américains après leur baisse d’avril malgré les anticipations de reprise économique, témoigne d’une certaine nervosité des investisseurs. Les tensions géopolitiques entre les Etats-Unis et la Chine mais également entre la Chine et d’autres partenaires comme l’Australie et l’Union européenne n’y sont pas étrangères.
Loups guerriers
«Cette réaction montre que la situation est aujourd’hui plus tendue qu’avec Donald Trump et la Chine adopte une attitude plus agressive, baptisée diplomatie des loups guerriers», juge Alexandre Hezez, stratégiste chez Richelieu Gestion. Avec la crise du Covid, Pékin a renforcé son pouvoir.
«Taïwan pourrait être le cygne noir venant perturber les marchés financiers, écrivait récemment dans une note John Plassard, spécialiste en investissement chez Mirabaud. L’île est au cœur de graves tensions entre la Chine et les Etats-Unis avec d’un côté des manœuvres militaires et de l’autre des menaces à peine voilées.» Le conflit n’est pas nouveau mais a pris une nouvelle dimension avec l’envoi par les Etats-Unis d’un porte-avions en Mer de Chine «avec pour objectif affiché de promouvoir la liberté de navigation». Pékin avait déjà riposté par une incursion aérienne près des côtes taïwanaises.
Les Etats-Unis, qui doivent prochainement discuter de l’accord commercial de phase 1 toujours en vigueur mais pour lequel la Chine est loin d’avoir tenu ses engagements d’achat de produits américains en partie à cause de la crise du Covid, envisageraient de conclure un accord commercial avec Taïwan. Dans une déclaration, condamnée par Pékin, les ministres des affaires étrangères du G7 ont exprimé leur soutien à l’île et qualifié le gouvernement chinois d’intimidateur.
Le problème est que les tensions ne se cantonnent pas aux Etats-Unis. Les relations se sont aussi dégradées avec l’Union européenne. L’accord controversé sur les investissements, signé à la hâte fin 2020 entre Bruxelles et Pékin, n’a toujours pas été approuvé par le Parlement européen qui s’y refuse tant que la Chine n’a pas levé les sanctions sur cinq de ses membres. Pékin souhaite son entrée en vigueur, ce qui cristallise les tensions.
Guerre froide sino-australienne
Avec l’Australie, le torchon brûle davantage encore. Dernier épisode de la «guerre froide», selon les termes de Pékin, que se livrent les deux pays depuis 2018, la Chine a suspendu «indéfiniment» toute activité dans le cadre d’un dialogue économique et stratégique Chine-Australie. Elle reproche au gouvernement australien d’avoir pris des mesures perturbant les échanges entre les deux pays dans un «esprit de discrimination idéologique». Canberra a annulé en avril deux accords passés par l’Etat de Victoria dans le cadre du partenariat conclu avec la Chine sur les nouvelles Routes de la soie, provoquant l’ire de Pékin. L’Australie est le premier pays à avoir interdit l’utilisation des technologies développées par le chinois Huawei pour son réseau 5G en 2018. L’an dernier, elle a réclamé une enquête indépendante sur l’origine du nouveau coronavirus. En représailles, la Chine a augmenté les taxes sur le vin, le charbon et d’autres produits australiens.
Les sujets de discorde entre Pékin et Washington débordent en outre l’accord commercial et Taïwan. A l’instar de son prédécesseur, Joe Biden a exprimé lors de son premier entretien avec le président chinois Xi Jinping début février ses préoccupations concernant la répression à Hong Kong, qui fait suite à l’adoption l’an dernier de la Loi de sécurité nationale, et la violation des droits humains dans le Xinjiang auprès de la population Ouïgour. «Le risque est que nous soyons à l’aube d’une escalade des tensions entre les deux pays qui pourrait s’exacerber une fois la crise passée», craint Alexandre Hezez. Ce qui serait extrêmement dommageable.
Plus d'articles du même thème
-
Le président d'Acadian Asset Management cède partiellement ses actions
Il reste toutefois l'actionnaire principal avec 22% du capital. -
L’instabilité gouvernementale s’accroît au Japon
Moins d’un an après son arrivée au pouvoir, le Premier ministre Shigeru Ishiba a annoncé sa démission après avoir subi plusieurs revers électoraux. -
La perception du risque monte autour de la France
Le gouvernement de François Bayrou devrait tomber lundi après le vote de confiance à l’Assemblée nationale. La nouvelle incertitude politique et budgétaire qui en résultera inquiète un peu plus les marchés, mais pas au point d'imaginer des risques extrêmes.
ETF à la Une

Xtrackers lance un ETF sur la défense
- A la Société Générale, les syndicats sont prêts à durcir le ton sur le télétravail
- Revolut s’offre les services de l’ancien patron de la Société Générale
- Boeing essaie de contourner la grève en cours dans ses activités de défense
- Les dettes bancaires subordonnées commencent à rendre certains investisseurs nerveux
- Mistral AI serait valorisé 12 milliards d’euros par une nouvelle levée de fonds
Contenu de nos partenaires
-
Décès de Rick Davies, voix de Supertramp, créateur de tubes rock mondiaux
New York - Le chanteur et cofondateur du groupe de rock britannique Supertramp Rick Davies («Breakfast in America») est décédé samedi à l'âge de 81 ans après dix ans de lutte contre le cancer, a annoncé la formation. Auteur de nombreux tubes comme «Goodbye Stranger» ou «Bloody Well Right», Rick Davies, né en 1944 à Swindon en Angleterre, est décédé à son domicile de Long Island aux Etats-Unis. Le chanteur et auteur-compositeur est mort «après avoir combattu un myélome multiple pendant plus de dix ans», indique le groupe dans un message publié dans la nuit de dimanche à lundi sur Facebook. «En tant que coauteur aux côtés de son partenaire Roger Hodgson, il était la voix et le pianiste derrière les chansons les plus emblématiques de Supertramp, laissant une empreinte indélébile dans l’histoire de la musique rock», indique encore le groupe. En 2015, Rick Davies avait annoncé souffrir d’un myélome multiple, un cancer de la moelle osseuse, débutant un «traitement agressif» qui avait contraint Supertramp à renoncer à une tournée européenne. Il en a ensuite souffert pendant plus d’une dizaine d’années, et le groupe n’est plus remonté sur scène. Avec le chanteur et bassiste Roger Hodgson, il avait fondé ce groupe de rock progressif à Londres en 1969, après avoir passé une petite annonce pour recruter des membres. Après «Crime of the Century» (1974) et «Crisis? What Crisis?» (1975), Supertramp avait connu un succès planétaire en 1979 avec l’album «Breakfast in America», qui s’est vendu à des dizaines de millions d’exemplaires et a remporté deux Grammy Awards. Au chant et au clavier, Rick Davies était le seul membre fondateur de Supertramp encore à bord depuis le départ de Roger Hodgson en 1983, peu après la sortie de «Famous Last Words». Il n’avait, en théorie, plus le droit de jouer les chansons de ce dernier sur scène, comme le tube «The Logical Song». Le groupe s'était dissous en 1988 après une tournée mondiale, puis s’est reformé en 1996, produisant deux albums supplémentaires et alternant des périodes de pause et de tournée jusqu’en 2012. «Après avoir fait face à de graves problèmes de santé qui l’ont empêché de continuer à tourner avec Supertramp, (Rick Davis) a continué de jouer avec des amis de sa ville natale sous le nom de Ricky and the Rockets ", a indiqué le groupe dans sa déclaration. © Agence France-Presse -
Identités
Quel serait le vrai budget du Rassemblement national ? – par Hakim El Karoui
Les partis populistes aiment annoncer du sang et des larmes pour ceux que leurs électeurs détestent (étrangers, immigrés, bobos, « cassos », monde de la culture). Mais cette fois, ce sont leurs électeurs qui vont devoir payer -
Nouvelle-Zélande: la police abat un père en cavale avec ses enfants depuis 2021
Piopio - Un Néo-zélandais, disparu depuis près de quatre ans avec ses trois jeunes enfants, a été tué lors d’une confrontation armée avec la police, ont annoncé lundi les autorités, épilogue d’une cavale qui avait tenu le pays d’Océanie en haleine. Tom Phillips s'était enfui avec ses enfants en décembre 2021 après une dispute avec son ex-compagne, un fait divers qui avait particulièrement secoué la ville de Waikato, sur l'île du Nord, où l’on soupçonnait qu’il se cachait. Tôt lundi matin, la police a été appelée pour un vol dans un magasin de cette ville située dans le nord de l'île, apparemment commis par deux personnes à bord d’un quad. M. Phillips avait jusqu’ici réussi à échapper à toute interpellation, malgré plusieurs signalements, notamment pour une précédente tentative d’effraction dans un magasin le mois dernier. La police a immobilisé le quad à l’aide d’une herse posée sur la route, après quoi des coups de feu ont été tirés. Jill Rogers, commissaire adjointe pour la région des districts du Nord a indiqué qu’une «deuxième patrouille est arrivée et a engagé le combat» avec le fugitif, qui est ensuite décédé, après avoir grièvement blessé par balle un policier. Enfants retrouvés M. Phillips était accompagné d’un de ses enfants. Celui-ci n’a pas été blessé et a été pris en charge. Les deux autres ont été retrouvés vers 16H30 (04H30 GMT), après une journée entière de recherches, dans un camping isolé dans la brousse. Ils auraient 9, 10 et 12 ans, selon les médias néo-zélandais. Environ 50 agents avaient été affectés à leur recherche. La police soupçonnait Tom Phillips d’avoir commis plusieurs infractions depuis sa fuite, et l’avait accusé de vol aggravé, de blessures graves et de possession illégale d’une arme à feu. Deux policiers ont rapporté à l’AFP sous couvert d’anonymat que les autorités craignaient depuis longtemps que l’affaire ne se termine par une fusillade. Selon ces sources, la police aurait reçu divers témoignages sur la santé des enfants, ce qui l’a incitée à ne pas lancer de recherches à grande échelle afin de ne pas menacer leur sécurité. Elle pense que des habitants ont offert au fugitif et à ses enfants le gîte et le couvert depuis sa fuite. La mère des enfants, prénommée Cat, a exprimé du soulagement en évoquant ses enfants: «ils nous ont énormément manqué chaque jour, et nous attendons avec impatience de les accueillir à la maison,» a-t-elle confié à la radio RNZ. «En même temps, nous sommes attristés par la tournure des événements d’aujourd’hui. Nous avons toujours espéré que les enfants puissent revenir en paix et en sécurité.» La mère a demandé de respecter le droit à la vie privée de la famille pour que les enfants se réintègrent dans un «environnement stable et aimant» après avoir «enduré une période longue et difficile». Ben STRANG © Agence France-Presse