
Les banques françaises n’ont pas droit à l’erreur

L’heure des comptes a sonné. Les banques françaises s’apprêtent à publier leurs résultats, en commençant par BNP Paribas vendredi 5 février. Les dernières semaines ont montré que malgré une année 2020 particulièrement éprouvante, les attentes des investisseurs restent élevées. Plusieurs points seront à surveiller concernant les établissements français.
D’abord, les banques de l’Hexagone ne devront pas décevoir sur la qualité de leurs bilans. De nombreuses provisions ont été passées pour pallier la hausse du coût du risque, et elles devront prouver qu’elles sont bien en mesure d’absorber les chocs liés à la pandémie. Il est clair maintenant que les conséquences réelles de la crise sanitaire ne se sont pas encore matérialisées et que les banques vont devoir faire face à la fin des mesures d’aides mises en place en 2020 par le gouvernement français. Elles seront aussi confrontées à la fin des moratoires qu’elles ont accordés aux entreprises.
Chemin de crête
Tout est affaire d’équilibre. Une prise en compte d’un coût du risque trop élevé soulèverait des interrogations sur la qualité de leurs portefeuilles de crédit, et obérerait les montants qu’elles pourront distribuer. La BCE les a déjà ramenés à 15% du bénéfice distribuable cumulé en 2019 et 2020, contre un pay-out ratio (proportion du résultat distribué sous forme de dividendes) autour de 50% en temps normal. Chaque euro de bénéfice comptabilisé en 2020 sera donc important pour les investisseurs.
D’un autre côté, des provisions trop faibles laisseraient craindre une sous-estimation des risques de dégradation futurs de la capacité des entreprises à rembourser leurs prêts. La semaine dernière, Andrea Enria, président du conseil de surveillance prudentielle de la BCE, a d’ailleurs fait part de son inquiétude à ce sujet, soulignant «certaines pratiques préoccupantes» sur le provisionnement des prêts non performants des banques européennes.
L’autre critère qui sera surveillé tout particulièrement par les investisseurs sera la maîtrise des coûts. Car c’est sur ce point que les banques françaises pourront augmenter leur rentabilité. En effet, les chances pour que leurs sources de profit augmentent sont minces. Les taux restent à des niveaux très bas, amputant leurs marges d’intérêts, et le secteur fait toujours face à une concurrence féroce. Les métiers de la banque de détail sont attaqués par les néobanques qui, même si elles connaissent des problèmes, ne cessent de se développer. «Il sera essentiel pour les banques françaises de mettre en place des remèdes durables pour accroître leur efficience et soutenir leurs revenus, notamment dans les activités de détail domestiques», estime S&P Global Ratings. Dans les métiers de banque d’investissement et de financement (BFI), c’est du côté des banques américaines que vient la concurrence.
Pression sur le cours de Bourse
Il n’est donc pas évident que de bons résultats pour la fin de l’année 2020 provoquent une hausse de leur cours de Bourse. A contrario, la moindre déception pourrait être très fortement pénalisée. A titre d’exemple, BBVA, qui a publié vendredi des résultats décevants, comparés à ceux de sa compatriote CaixaBank le même jour, a dévissé de 4,42%, même après avoir annoncé des rachats importants d’actions et la reprise d’une distribution normale de dividendes pour 2021. Pour BNP Paribas, le consensus FactSet s’attend à un bénéfice net de 1,13 milliards d’euros, la Société Générale est attendue à 298 millions d’euros, Natixis à 162 millions d’euros. De son côté, Crédit Agricole SA est attendu en perte de 286 millions d’euros pour cause de provisions.
De leur côté, les banques américaines, qui ont commencé à publier à partir du 15 janvier, avec des résultats bien au-dessus des attentes, ont pourtant reculéà Wall Street. Les investisseurs ont pris leurs profits, anticipant des jours moins fastes que la fin de l’année 2020. De ce côté de l’Atlantique, UBS, dont les résultats ont été particulièrement remarquables, a certes progressé de 2,23% le jour de la publication des résultats, mais les séances qui ont suivi ont effacé cette hausse et laissé place au doute, au gré des retards de livraisons de vaccins contre le coronavirus.
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