
Guillaume Dambrine : «Nous percevons ces derniers mois un fort intérêt pour notre ETF sur l’Inde»

Présent sur le marché des ETF européens depuis 2017, Franklin Templeton gère quelque 2,3 milliards de dollars à travers sa plateforme Ucits et attire un peu moins de 100 millions de collecte nette depuis le début d’année, selon les données de Trackinsight. Des ETF sur les actions émergentes ciblant un pays unique aux véhicules obligataires gérés activement, le responsable des ventes pour la France et le Benelux détaille les spécificités de son approche.
Que représentent les ETF dans le groupe Franklin Templeton ?
Constatant que les ETF devenaient un outil incontournable pour tout type de client, la maison Frankin Templeton a décidé de créer une activité dans ce domaine en 2015 aux Etats-Unis puis, deux ans plus tard, une plateforme UCITS en Europe. Nous avons également une présence au Canada et en Australie. Au total, nous gérons 17 milliards de dollars en ETF, dont 2,3 milliards en Europe. Nos produits sont enregistrés en France depuis deux ans.
Sur quels produits se concentre cet encours européen ?
Historiquement, nous sommes présents avec des ETF smart béta multifactoriels sur des expositions actions régionales ou mondiales et deux stratégies dividendes. Ce sont des stratégies développées aux Etats-Unis et que l’on a adaptées au format UCITS. Elles pèsent 310 millions de dollars d’actifs. Nous avons également une gamme purement passive de réplication d’indices actions de pays émergents : Taiwan, le Brésil, la Chine, la Corée du Sud et l’Inde, ces trois dernières expositions dépassant les 250 millions de dollars d’encours chacune. Nous avons aussi développé, à partir de 2020, une gamme d’ETF alignés sur l’accord de Paris (Paris-aligned benchmark ou PAB), avec quatre expositions – le S&P500, le Stoxx 600, le MSCI Emerging Markets et le MSCI China – pour un encours de plus de 230 millions de dollars. Plus récemment, nous nous sommes positionnés sur plusieurs thématiques en lançant un ETF sur le métavers il y a un peu plus d’un an, puis, cet été, un ETF sur l’alimentation (Future of Food) et un sur la santé et le bien-être (Future of Health & Wellness). Enfin, nous disposons depuis 2018 d’une gamme d’ETF obligataires dont la spécificité est d’être gérée activement, avec deux ETF aggregate – l’un sur les obligations vertes et l’autre de duration très courte – ainsi qu’un ETF sur la dette corporate investment grade en dollars. Au total, les véhicules obligataires représentent 680 millions de dollars sous gestion en Europe.
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Que cherchent les investisseurs qui choisissent des ETF sur la Chine, l’Inde ou la Corée ?
Ces véhicules sont utilisés de plusieurs façons par les investisseurs. Certains souhaitent dissocier le marché chinois des autres marchés émergents, car il représente à la fois une part très importante des indices émergents tout en étant peu corrélé avec les autres économies émergentes. D’autres veulent pouvoir compléter une exposition à un indice émergent en sur- ou sous-pondérant l’un ou l’autre des pays, selon leurs vues. Au même titre que nous avons constaté un fort intérêt pour la Chine l’année dernière, nous percevons ces derniers mois un fort intérêt pour notre ETF sur l’Inde. Nous restons à l’écoute des besoins du marché pour développer de nouveaux produits dans cette gamme.
Comment les ETF PAB s’imbriquent-ils dans la stratégie climatique des investisseurs ?
Nous constatons que beaucoup de nos clients, notamment les investisseurs institutionnels (assureurs, banques pour leurs fonds propres…) réfléchissent à la manière de décarboner leurs benchmarks historiques. Nous leur expliquons le fonctionnement des indices alignés à l’accord de Paris, avec notamment la réduction de moitié de l’empreinte carbone du portefeuille par rapport à l’univers d’investissement. Ce mode de fonctionnement conduit à un écart de suivi (tracking error) plus ou moins important selon les indices : pour le S&P 500, 75% des valeurs de l’univers initial se retrouvent dans l’indice PAB, soit une tracking error de 2% sur trois ans, mais l’écart est plus important dans le cas du MSCI China. En fonction de leur capacité à accepter cette tracking error, les investisseurs peuvent opter pour un benchmark PAB ou pour un autre moins éloigné de leurs indices historiques, comme les «Climate Transition Benchmark». A ce stade, il n’y a pas de standard qui se dégage.
Vous disposez également d’un ETF géré selon les «principes catholiques». A quoi correspond-il ?
C’est un ETF de dette souveraine en devise forte qui a été développé pour les investisseurs institutionnels, principalement italiens. Bien qu’elle fasse partie de notre gamme, la stratégie d’investissement est axée sur le marché transalpin.
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Les ETF actifs rencontrent un vrai succès aux Etats-Unis. Le marché européen est-il prêt, lui aussi, pour ce type d’approche ?
Il est vrai qu’en Europe, on ne retrouve pas les deux catalyseurs américains que sont l’avantage fiscal accordé au véhicule ETF et le régime de semi-transparence sur le portefeuille sous-jacent autorisé par le régulateur. Mais les ETF actifs européens présentent d’autres avantages face aux fonds mutuels traditionnels : leur transparence, la liquidité intra-journalière qu’ils offrent ou encore leur positionnement généralement intéressant en termes de frais de gestion. Les ETF actifs ne pèsent que 2% des encours du marché européen des ETF, mais représentent 5% de la collecte en Europe depuis le début d’année.
N’y a-t-il pas un risque de cannibalisation de votre offre traditionnelle de gestion active ?
Les stratégies que nous avons lancées sont gérées par les mêmes équipes que nos fonds mutuels mais elles n’existaient pas encore au sein de la gamme. Elles sont donc complémentaires.
Est-ce problématique que les ETF actifs ne puissent pas être cotés à Paris ?
Nos ETF, actifs comme passifs, sont cotés à Londres, Amsterdam, Francfort, Milan, ainsi qu’en Suisse. Dans les discussions avec nos clients, il apparaît que l’accès à la devise qu’ils souhaitent est plus important que la place de cotation. Beaucoup de nos clients traitent en outre leurs ordres de gré à gré, sans passer par une Bourse.
Quel type de clientèle ciblez-vous prioritairement pour votre activité d’ETF ?
En France, nous nous concentrons sur les investisseurs institutionnels et sur les gérants discrétionnaires (gestion sous mandat, asset managers). Nous pouvons nous appuyer sur les relations historiques que Franklin Templeton a nouées avec eux, puisque cela fera 30 ans l’an prochain que nous sommes installés en France. Nous venons notamment de renforcer notre équipe commerciale.
Qu’en est-il de la clientèle des particuliers ?
A la différence de l’Allemagne ou de l’Italie où l’usage des ETF décolle, le marché français des particuliers est encore très intermédié. Nous nous concentrons donc sur les clients institutionnels et discrétionnaires.
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RDC: à Ntoyo, dans le Nord-Kivu, les survivants des massacres commis par les ADF enterrent leurs morts
Ntoyo - Lundi soir, les habitants de Ntoyo, un village de l’est de la République démocratique du Congo (RDC), s’apprêtaient à assister à des funérailles quand une colonne d’hommes armés a surgi de la forêt. «Parmi eux, il y avait de très jeunes soldats», raconte à l’AFP Jean-Claude Mumbere, 16 ans, rescapé d’un des deux massacres commis par les rebelles ADF (Forces démocratiques alliées) dans la nuit de lundi à mardi, l’un à Ntoyo et l’autre dans un village distant d’une centaine de kilomètres. Le bilan de ces attaques, au moins 89 tués selon des sources locales et sécuritaires, a peu de précédent dans une région pourtant en proie à une instabilité chronique, victime depuis trente ans de multiples groupes armés et conflits. Les ADF, groupe armé né en Ouganda et qui a prêté allégeance à l’Etat islamique, est connu pour une extrême de violence à l'égard des civils. «Ils étaient nombreux et parlaient une langue que je ne comprenais pas. De loin, ils portaient des tenues qui ressemblaient à celles des militaires», se souvient le jeune homme, venu assister mercredi aux funérailles de sa soeur, l’une des victimes de ce nouveau massacre perpétré dans la province du Nord-Kivu. Plus de 170 civils ont été tués par les ADF depuis juillet dans les provinces de l’Ituri et du Nord-Kivu, selon un décompte de l’AFP. Plus au sud, malgré les pourparlers de paix de ces derniers mois, des affrontements se poursuivent entre l’armée congolaise (FARDC) et affiliés, et le groupe armé antigouvernemental M23, soutenu par le Rwanda et son armée, qui s’est emparé des grandes villes de Goma et de Bukavu. A Ntoyo, Didas Kakule, 56 ans, a été réveillé en sursaut par les premiers coups de feu. Il dit avoir fui avec femmes et enfant à travers les bananeraies pour se réfugier dans la forêt voisine, avec d’autres habitants. Tapis dans l’obscurité, les survivants n’ont pu que contempler leurs maisons consumées par les flammes. «Les coups de feu ont retenti longtemps. Ma maison a été incendiée, ainsi que le véhicule qui était garé chez moi. Chez nous, heureusement, personne n’a été tué», dit Didas Kakule. Jean-Claude Mumbere, lui, a été touché par une balle pendant sa fuite. «Ce n’est qu’après m'être caché dans la forêt que j’ai réalisé que je saignais», affirme-t-il. «Inaction» Mercredi, Ntoyo, 2.500 habitants, n'était plus qu’un village fantôme, et la plupart des survivants partis se réfugier dans l’agglomération minière voisine de Manguredjipa. Une dizaine de corps étaient encore étendus sous des draps ou des bâches, battus par une forte pluie. Des volontaires ont creusé des tombes, assistés par des jeunes des environs, et planté 25 croix de bois dans la terre humide. Une partie des dépouilles avait déjà été emportée par les familles, les cercueils ficelés à la hâte sur des motos. Parmi les quelques proches de victimes venus aux funérailles, Anita Kavugho, en larmes devant la tombe de son oncle. Il est mort "à cause de l’inaction des autorités qui ne réagissent pas aux alertes», peste la jeune femmme, une fleur à la main. Des pickups de l’armée congolaise stationnent non loin, devant un véhicule calciné. Le déploiement de l’armée ougandaise (UPDF) aux côtés de l’armée congolaise dans le nord-est de la RDC depuis 2021 n’a pas permis de mettre fin aux multiples exactions des ADF, groupe formé à l’origine d’anciens rebelles ougandais. Quatre militaires congolais étaient présents à Ntoyo au moment de l’attaque. Les renforts stationnés à environ 7 km à Manguredjipa sont arrivés trop tard. «C’est leur faillite, on signale aux militaires que les assaillants sont tout près, et ils n’arrivent pas à intervenir», lâche Didas Kakule, amer. Cette énième tuerie risque d’aggraver la «fissure» entre l’armée et la population, estime Samuel Kakule, président de la société civile de Bapere. Les ADF «se dispersent en petits groupes pour attaquer nos arrières», répond le lieutenant Marc Elongo, porte-parole de l’armée congolaise dans la région, présent à Ntoyo mercredi. Quelques jours auparavant, les forces ougandaises et congolaises s'étaient emparées d’un bastion ADF dans le secteur et avaient libéré plusieurs otages du groupe, selon l’armée. Mais comme souvent, les ADF se sont dispersés dans la forêt, et ont frappé ailleurs. Une stratégie pour attirer les militaires loin de ses bases, selon des sources sécuritaires. © Agence France-Presse