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La durabilité s’enracine dans la fonction finance à travers le monde

Le premier baromètre international du pilotage et de la performance, réalisé dans dix-sept pays sur trois continents sous l’impulsion de l’Alliance internationale des directeurs financiers (ICFOA, International CFO Alliance), le réseau mondial des dirigeants financiers, et son partenaire, le cabinet de conseil Axys, révèle un double mouvement : l’intégration croissante des enjeux de durabilité dans la fonction finance et des disparités fortes selon les régions. Si l’Europe montre la voie, des freins techniques et structurels ralentissent la transition ailleurs dans le monde.
Une dynamique enclenchée mais hétérogène
Le mouvement est amorcé : plus d’un directeur financier sur deux en Europe a déjà intégré, au moins partiellement, la durabilité dans sa stratégie financière. Une avancée significative comparée à d’autres régions comme l’Afrique ou l’Amérique Centrale et du Sud, où les démarches existent mais peinent à se structurer, freinées par des contraintes économiques et un accès limité à l’investissement. Les priorités sont claires : réduction des émissions de CO₂, transition énergétique, santé et bien-être des collaborateurs. Ce qui ressort, c’est une approche de plus en plus multidimensionnelle de la durabilité mêlant environnement, social et gouvernance.
Finance et RSE : un rôle de plus en plus stratégique
84 % des répondants considèrent que le rôle de la finance dans la transformation durable est soit en évolution, soit central. Cette prise de conscience marque un tournant : la finance n’est plus un simple support, elle devient moteur du changement. Cela se traduit notamment par l’intégration progressive des indicateurs ESG dans la performance, la révision des modèles prévisionnels ou encore l’adaptation des hypothèses financières aux nouveaux risques et opportunités.
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Des freins persistants à lever
Malgré cette dynamique, trois obstacles majeurs émergent : la difficulté à disposer de données ESG fiables, l’évaluation incertaine du retour sur investissement (ROI, return on investment) des projets durables, et les coûts d’investissement initiaux. À ces enjeux techniques s’ajoutent des facteurs culturels et des priorités économiques nationales qui varient selon les zones géographiques.
Cartographier les risques ESG : une avancée encore partielle
L’intégration des risques ESG dans les cartographies d’entreprise est un bon indicateur de maturité. Si l’Europe est en avance, cette pratique n’est toutefois pas encore généralisée. En Afrique et en Amérique Centrale et du Sud, les efforts se multiplient mais restent fragmentés. L’assurance, la diversification des investissements et l’intégration des risques dans les modèles de prévision apparaissent comme les enjeux les plus courants.
Le financement durable reste en retrait
Sur les sujets de financement et de gestion de trésorerie, les résultats sont plus timides : seuls 5 % des répondants déclarent une transformation significative de leurs pratiques. Les freins principaux sont le coût du financement durable, le manque d’offres adaptées et l’exigence de transparence. L’accès au financement reste donc un point de blocage majeur pour accélérer la transition.
Des outils et des données à la traîne
Malgré des ambitions élevées, la dépendance à Excel reste forte pour le reporting ESG, en particulier en Afrique et en Amérique Centrale et du Sud. Les entreprises rencontrent de sérieuses difficultés à collecter, fiabiliser et standardiser les données nécessaires. Sans amélioration de la qualité et de l’intégration de la donnée, la transformation restera incomplète.
Perspectives : vers une convergence progressive
À trois ans, les objectifs financiers les plus impactés par la durabilité diffèrent encore selon les régions. En Europe, le reporting extra-financier et la communication RSE prennent le pas. Ailleurs, l’accent est mis sur les fondamentaux : modélisation budgétaire, financement et gestion des risques. Ce décalage illustre les différentes étapes du parcours mais toutes les régions convergent vers une même exigence : rendre la durabilité économiquement lisible et opérationnellement intégrée.
La transformation durable de la fonction finance est en marche. Si les écarts régionaux persistent, la montée en compétence des équipes, la structuration des outils et l’évolution du dialogue entre finance et RSE devraient permettre d’ancrer cette transformation dans les pratiques à moyen terme. Pour les directeurs financiers, c’est un virage stratégique à ne pas manquer.
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Washington - Près de 500 personnes, dont une majorité de Sud-Coréens, ont été arrêtées par la police de l’immigration dans une usine de fabrication de batteries des groupes sud-coréens Hyundai et LG dans l’Etat de Géorgie (sud-est), soupçonnées de travailler illégalement aux Etats-Unis. Le raid, mené jeudi, résulte d’une «enquête pénale liée à des accusations de pratiques d’embauche illégales et à de graves infractions fédérales», a expliqué vendredi Steven Schrank, un agent du service d’enquêtes du ministère américain de l’Intérieur, au cours d’une conférence de presse. Il s’agit de «la plus importante opération des forces de l’ordre sur un même site de toute l’histoire du service des +Homeland Security Investigations+ (+Enquêtes sur la sécurité intérieure+)», a-t-il affirmé, s’exprimant d’Atlanta, dans l’Etat de Géorgie. Les 475 personnes arrêtées dans cette usine, située dans la ville d’Ellabell, se «trouvaient aux Etats-Unis de manière illégale» et «travaillaient illégalement», a affirmé M. Schrank, soulignant que la «majorité» d’entre elles étaient de nationalité sud-coréenne. Sollicité par l’AFP aux Etats-Unis, le constructeur automobile a répondu être «au courant du récent incident» dans cette usine, «surveiller étroitement la situation et s’employer à comprendre les circonstances spécifiques» de cette affaire. «A ce stade, nous comprenons qu’aucune des personnes détenues n'était directement employée par le groupe Hyundai», a-t-il poursuivi, assurant donner «priorité à la sécurité et au bien-être de quiconque travaille sur ce site et au respect de toutes les législations et réglementations». De son côté, LG Energy Solution a affirmé suivre «de près la situation et recueillir toutes les informations pertinentes». «Notre priorité absolue est toujours d’assurer la sécurité et le bien-être de nos employés et de nos partenaires. Nous coopérerons pleinement avec les autorités compétentes», a ajouté cette entreprise. La Corée du Sud, la quatrième économie d’Asie, est un important constructeur automobile et producteur de matériel électronique avec de nombreuses usines aux Etats-Unis. Mission diplomatique Une source proche du dossier avait annoncé quelques heures plus tôt, de Séoul, qu’"environ 300 Sud-Coréens» avaient été arrêtés pendant une opération du Service de l’immigration et des douanes américain (ICE) sur un site commun à Hyundai et LG en Géorgie. De son côté, l’agence de presse sud-coréenne Yonhap avait écrit que l’ICE avait interpellé jusqu'à 450 personnes au total. Le ministère sud-coréen des Affaires étrangères avait également fait d'état d’une descente de police sur le «site d’une usine de batteries d’une entreprise (sud-coréenne) en Géorgie». «Plusieurs ressortissants coréens ont été placés en détention», avait simplement ajouté Lee Jae-woong, le porte-parole du ministère. «Les activités économiques de nos investisseurs et les droits et intérêts légitimes de nos ressortissants ne doivent pas être injustement lésés dans le cadre de l’application de la loi américaine», avait-il poursuivi. Séoul a envoyé du personnel diplomatique sur place, avec notamment pour mission de créer un groupe de travail afin de faire face à la situation. Les autorités sud-coréennes ont également fait part à l’ambassade des Etats-Unis à Séoul «de (leur) inquiétude et de (leurs) regrets» concernant cette affaire. En juillet, la Corée du Sud s'était engagée à investir 350 milliards de dollars sur le territoire américain à la suite des menaces sur les droits de douane de Donald Trump. Celui-ci a été élu pour un second mandat en novembre 2024, en particulier sur la promesse de mettre en oeuvre le plus important programme d’expulsion d’immigrés de l’histoire de son pays. Depuis, son gouvernement cible avec la plus grande fermeté les quelque onze millions de migrants sans papiers présents aux Etats-Unis. Au prix, selon des ONG, des membres de la société civile et jusqu’aux Nations unies, de fréquentes violations des droits humains. D’Atlanta, le Bureau de l’alcool, du tabac, des armes à feu et des explosifs (ATF) a expliqué sur X avoir participé à l’arrestation d’environ 450 «étrangers en situation irrégulière» au cours d’une opération dans une usine de batteries, une coentreprise entre Hyundai et LG. Selon son site internet, Hyundai a investi 20,5 milliards de dollars depuis son entrée sur le marché américain en 1986 et compte y investir 21 milliards supplémentaires entre 2025 et 2028. L’usine d’Ellabell a été officiellement inaugurée en mars, avec l’objectif de produire jusqu'à 500.000 véhicules électriques et hybrides par an des marques Hyundai, Kia et Genesis. Elle devrait employer 8.500 personnes d’ici à 2031. © Agence France-Presse