
Les salariés actionnaires de Natixis font leurs comptes

L’annonce du projet de retrait de cote de Natixis par sa maison mère BPCE a fait son petit effet chez les salariés de la banque. Et pas seulement parce que la sortie de Bourse doit préparer une scission en deux entités distinctes, forcément lourde de conséquences pour l’organisation du travail. En proposant 4 euros par action Natixis, BPCE pourrait forcer certains actionnaires salariés à cristalliser leurs moins-values.
«J’avais souscrit à la dernière augmentation de capital réservée en 2018, je perds 10.000 euros sur mon investissement, fulminait mercredi matin un collaborateur de la banque. Si on voulait décourager l'épargne salariale en France, on ne s’y prendrait pas autrement !»
La réalité est un peu plus complexe. En 2018, 7.900 salariés ont souscrit des actions Natixis au prix unitaire de 5 euros, au travers de parts d’un fonds commun de placement d’entreprise (FCPE). De 2013 à 2016, quatre autres opérations de ce type, baptisées «Mauve» comme la couleur du logo du groupe, ont été menées. La banque a récolté au total près de 195 millions d’euros, selon le décompte effectué par L’Agefi. Les sommes placées par les salariés, mélange de participation, d’intéressement et de versements volontaires, peuvent être rondelettes, avec 50.000 euros de plafond et un abondement de l’entreprise de 2.500 euros. Deux options sont proposées : l’une standard, l’autre garantissant le capital du souscripteur, qui renonce en échange à bénéficier des dividendes futurs et de la décote de 20% offerte aux salariés sur le prix d’achat. Les fonds sont bloqués pendant cinq ans, comme dans tout dispositif d'épargne salariale, sauf cas exceptionnels.
Une «attention particulière»
Le parcours boursier de Natixis ayant été accidenté, à l’image de celui du secteur bancaire, les millésimes se révèlent plus ou moins gouleyants. Les 6.700 souscripteurs de Mauve 2015 ont ainsi payé leurs titres 5,295 euros pièce. L’année suivante, ils n'étaient plus que 4.700 à participer, mais au prix plus favorable de 3,276 euros. Il est bien sûr possible de panacher les offres. Il faut aussi intégrer dans l’analyse les dividendes reçus de la banque. Natixis se montre généreuse, avec des taux de distribution oscillant entre 64% et 91% des résultats sur la période 2014-2018, sans compter deux versements exceptionnels au titre de 2013 (0,65 euro) et 2018 (0,48 euro).
Le sujet est sensible socialement, et a donc été évoqué hier après-midi lors d’une rencontre entre les syndicats deNatixis et le directeur général Nicolas Namias. A cette occasion, la banque a présenté des simulations, dont L’Agefi a pris connaissance. Pour les salariés ayant débloqué leur épargne au bout de cinq ans, seul le plan Mauve 2015, d'échéance juin 2020, faisait ressortir un rendement annualisé négatif de -8%. Pour les salariés qui sont toujours investis ou qui n’ont pas encore atteint les cinq ans de détention, l’offre de BPCE fige un rendement annualisé négatif de -1% pour Mauve 2018, selon ces simulations. Les autres millésimes, y compris 2015, dégagent un rendement positif, de 2% à 15% selon les plans, avec une sortie à 4 euros.
«Le cas des actionnaires salariés fait l’objet d’une attention particulière», appuie-t-on chez BPCE, alors que cette population détient 3,1% du capital de Natixis.
Le prix de 4 euros n’est, en théorie, pas encore inscrit dans le marbre. Le conseil de Natixis, qui a constitué un comité ad hoc d’administrateurs indépendants, a accueilli favorablement le projet de BPCE tout en mandatant un expert, le cabinet Ledouble. Celui-ci rendra ses conclusions en mars sur le prix proposé, en même temps que la note en réponse de Natixis au projet d’offre et l’avis motivé du conseil. Hier, l’action Natixis s’est calée juste en dessous, à 3,98 euros.
Plus d'articles du même thème
-
Namirial veut acquérir Signaturit pour fonder un acteur européen de la sécurité numérique
A l'heure où l’Europe cherche à construire ses propres champions dans les services de confiance et la sécurité des transactions, cette opération donnera naissance à un groupe solide avec une offre multibriques. -
Le régulateur espagnol donne son feu vert à l’OPA de BBVA sur Sabadell
La période d’acceptation de l’offre s’ouvre lundi 8 septembre pour un mois. Les synergies de coûts ont été revues à la hausse, à 900 millions d’euros, mais reportées d’un an. -
Revolut s’offre les services de l’ancien patron de la Société Générale
La néobanque a annoncé la nomination de Frédéric Oudéa à la présidence de son activité en Europe occidentale. Il rejoint une ancienne administratrice de la Société Générale, Béatrice Cossa-Dumurgier, qui a récemment été nommée directrice générale de l'entité.
Sujets d'actualité
ETF à la Une

L'ETF d'Ark Invest, le casse estival de l'IPO de «Bullish»
- A la Société Générale, les syndicats sont prêts à durcir le ton sur le télétravail
- Revolut s’offre les services de l’ancien patron de la Société Générale
- Le Crédit Agricole a bouclé l'acquisition de Banque Thaler
- Les dettes bancaires subordonnées commencent à rendre certains investisseurs nerveux
- Les émetteurs français de dette bravent la crise politique
Contenu de nos partenaires
-
États-Unis : plus de 300 Sud-Coréens arrêtés dans une usine Hyundai-LG sur le point d’être rapatriés
Séoul - Les plus de 300 Sud-Coréens arrêtés jeudi dans une usine aux Etats-Unis par la police de l’immigration vont bientôt être libérés et rapatriés dans leur pays, a annoncé dimanche Séoul. «Grâce à la réponse rapide et unie… les négociations pour la libération des travailleurs arrêtés ont été conclues», a déclaré dimanche Kang Hoon-sik, chef de cabinet du président Lee Jae Myung. «Il ne reste plus que les procédures administratives. Une fois celles-ci terminées, un vol charter décollera pour rapatrier nos ressortissants», a-t-il ajouté. Samedi, Séoul avait estimé leur nombre à «plus de 300". La police de l’immigration américaine a annoncé vendredi avoir mené jeudi un raid dans une usine de fabrication de batteries pour automobiles des groupes sud-coréens Hyundai et LG Energy Solution à Ellabell, dans l’Etat de Géorgie (sud-est). Les personnes interpellées sont soupçonnées de travailler illégalement aux Etats-Unis. Il s’agit de l’opération la plus importante jamais menée sur un seul site dans le cadre de la campagne d’expulsion d’immigrés initiée par le président américain Donald Trump. 475 personnes au total ont été arrêtées dans l’usine. «On leur donne à manger et on leur permet de prendre une douche, mais les conditions (de rétention NDLR) sont mauvaises», a depuis affirmé à l’agence de presse sud-coréenne Yonhap un responsable d’un sous-traitant de LG Energy Solution, qui s’est entretenu avec l’un des travailleurs arrêtés. Selon lui, ils ne sont pas menottés. Des images du raid, diffusées par les autorités américaines, ont montré des employés arrêtés, menottés et avec des chaînes aux chevilles, en train d’embarquer dans un bus de transport privé. Un cadre supérieur de LG Energy Solution s’est envolé dimanche pour la Géorgie. «La priorité immédiate est la libération rapide de nos employés LG Energy Solution et de ceux de nos entreprises partenaires», a déclaré Kim Ki-soo aux journalistes avant de monter à bord de l’avion. Environ 250 des personnes arrêtées seraient des employés de sous-traitants de LG Energy Solution, et Sud-Coréens pour la plupart, avait indiqué samedi l’entreprise. Et 47 (46 Sud-Coréens et un Indonésien), sont des salariés directs de LG, selon l’entreprise. Vendredi, Hyundai avait dit penser qu’aucune des personnes arrêtées n'était «directement employée» par le groupe. Quatrième économie d’Asie, la Corée du Sud est un important constructeur automobile et producteur de matériel électronique avec de nombreuses usines aux Etats-Unis. En juillet, Séoul avait promis d’investir 350 milliards de dollars aux Etats-Unis, à la suite des menaces sur les droits de douane de Donald Trump. © Agence France-Presse -
Près d'un Français sur deux soutient le blocage du 10 septembre, selon un sondage
Paris - Un peu moins d’un Français sur deux (46%) soutient le mouvement appelant à «bloquer» le pays le 10 septembre, tandis que 28% y sont opposés et 26% indifférents, selon un sondage publié par la Tribune Dimanche. La première raison pouvant expliquer ce mouvement serait par ailleurs «la baisse du pouvoir d’achat», selon cette étude Ipsos-BVA-CESI (école d’ingénieurs) réalisée du 3 au 4 septembre auprès d’un échantillon de 1.000 personnes représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus. Les sympathisants de gauche soutiennent massivement (à 73% pour LFI, 67% pour les écologistes et 61% pour le PS) ce mouvement né sur les réseaux sociaux, et dans une moindre mesure (à 58%) ceux du Rassemblement national, selon l’enquête. A l’inverse, le mouvement est rejeté à 73% par les sympathisants Renaissance-Horizons-Modem et à 57% par les LR. Par catégories d'âge, seuls les 60 ans et plus récusent majoritairement l’appel à tout bloquer et ses initiatives hétéroclites. Des appels à la grève ont été lancés pour mercredi par plusieurs syndicats notamment dans les transports et les hôpitaux, et d’autres actions annoncées dont certaines rappellent celles des Gilets jaunes, avec des blocages d’axes routiers ou des sabotages de radars ou de distributeurs de billets. Des appels à ne pas utiliser sa carte bancaire ou à ne pas aller faire ses courses circulent également sur les réseaux sociaux et messageries. Les Français expliquent à 51% le mouvement «Bloquons tout» par «la baisse du pouvoir d’achat des ménages», à 47% par «le plan de François Bayrou pour la réduction du déficit», et à 43% par «l’hostilité» au président Emmanuel Macron et au Premier ministre François Bayrou, d’après le sondage publié à la veille de la chute probable de ce dernier, lundi, à l’issue d’un périlleux vote de confiance à l’Assemblée nationale. © Agence France-Presse -
Australie : attaque mortelle de requin au large de Sydney, alerte renouvelée sur les plages
Sydney - Le surfeur tué au large de Sydney a probablement été mordu par un grand requin blanc, ont estimé dimanche des biologistes australiens, au lendemain de cette attaque rare, tandis que les autorités ont renforcé la surveillance des squales. «Des biologistes spécialistes des requins du gouvernement de Nouvelle-Galles du Sud ont examiné les photos de la planche de surf de la victime et ont déterminé qu’un requin blanc d’environ 3,4 à 3,6 mètres de long était probablement responsable», a déclaré un porte-parole des autorités. La victime, un habitant de 57 ans, surfait avec cinq ou six amis dans les eaux du Pacifique, au large des plages voisines de Long Reef et Dee Why, au nord de Sydney, ont précisé les autorités. Ce surfeur expérimenté, identifié sous le nom de Mercury Psillakis par des médias australiens, était marié et père d’une jeune fille. Il a perdu «plusieurs membres», a déclaré le responsable de la police de l’Etat de Nouvelle-Galles du Sud, John Duncan, lors d’une conférence de presse. Il s’agit de la première attaque mortelle de requin à Sydney depuis 2022, lorsque Simon Nellist, un moniteur de plongée britannique de 35 ans, avait été tué au large de Little Bay. La précédente attaque fatale dans la ville remontait à 1963. «Les requins sont présents dans les eaux de Nouvelle-Galles du Sud toute l’année», a déclaré le gouvernement de cet Etat. «Ils peuvent être plus nombreux dans une zone pour plusieurs raisons, comme les conditions météorologiques et océaniques, ainsi que la disponibilité de nourriture dans la zone», a-t-il ajouté. Plusieurs plages sont restées fermées dimanche suite à cette attaque. Les autorités ont annoncé avoir déployé deux lignes supplémentaires de bouées équipées d’hameçons, qui envoient une alerte lorsqu’un requin mord et permettent de marquer les animaux à l’aide de traceurs. Des drones et des patrouilleurs en jet ski ont également été déployés pour surveiller d'éventuels squales. La dernière attaque mortelle en Australie remonte à mars, lorsqu’un surfeur avait été tué au large de la plage isolée de Wharton Beach, en Australie-Occidentale. Depuis 1791, plus de 1.280 incidents impliquant des requins ont été recensés en Australie, dont plus de 250 mortels, selon une base de données sur les rencontres entre ces squales et les humains. © Agence France-Presse