
La rentabilité des banques touche le fond en Europe

Zéro. Les dernières statistiques publiées par la Banque centrale européenne (BCE) montrent que la rentabilité des banques supervisées par l’institution a été nulle au deuxième trimestre de cette année. Plus précisément, le retour sur capital (return on equity, RoE) au mois de juin n’a été que de 0,01%, après avoir déjà touché un niveau particulièrement bas de 1% au premier trimestre. Ce chiffre est le plus faible observé depuis juillet 2015, date à laquelle la BCE a commencé à publier ces statistiques. À titre de comparaison, à la fin de l’année dernière, la rentabilité des banques européennes était encore de 5,14%, et de 6,01% à la fin du deuxième trimestre 2019.
Cette chute de rentabilité n’est pas une surprise. Les banques ont souffert au premier semestre à la fois des taux bas qui ont rogné leurs marges d’intérêts, et d’une hausse de leurs coûts liée à la crise, qui n’a pas été compensée par une hausse des revenus. Et elles ont passé de larges provisions en prévision des conséquences du coronavirus sur la solvabilité des emprunteurs. Cependant, cette rentabilité nulle montre que la bonne tenue des banques d’investissement pendant la période de forte volatilité des marchés n’a pas compensé la chute observée dans les autres métiers.
Fausse bonne affaire
Les investisseurs ne s’y sont pas trompés. Les actions du secteur bancaire affichent une performance négative de -40% depuis le début de l’année. Les banques européennes sont valorisées, en moyenne, à 38% de leur actif net comptable. La baisse de leur valorisation a été quasi continue depuis 2017, où ce même ratio était à 89%. Certains analystes, comme ceux de Barclays, commencent à conseiller d’augmenter «de manière sélective» l’exposition aux banques, arguant que leur faible valorisation a atteint un niveau record. Et ce même si la BCE se donne jusqu'à décembre pour reconsidérer sa recommandation faite aux banques de ne pas verser de dividende.
Mais, depuis plusieurs années, les banques apparaissent comme des «value trap», des fausses bonnes affaires. Elles ont été maintes fois conseillées à l’achat, mais ne font que s’enfoncer vers des valorisations de plus en plus faibles. Même si des journées de Bourse comme celle du 6 octobre, avec une progression de l’indice des banques européennes de 4,51%, peut parfois donner l’espoir d’une reprise.
La baisse de la rentabilité des banques, accompagnée d’une valorisation sur les marchés au plus bas, sans réelles perspectives de rebond à court terme, les oblige à agir. «Les banques les plus fragiles devront sortir du marché», met en garde José Manuel Campa, le président de l’Autorité bancaire européenne (EBA), dans un entretien accordé à L’Agefi Hebdo qui paraîtra le 8 octobre.
Cette déclaration prend d’ailleurs tout son sens en Espagne, où les mouvements de consolidation s’accélèrent. Le gouverneur de la Banque d’Espagne, Pablo Hernandez de Cos, a en outre appelé à la poursuite de la consolidation bancaire dans son pays. Il est vrai que dans la péninsule, toujours selon les données publiées par la BCE, le RoE moyen des banques au deuxième trimestre s’est révélé fortement négatif, à -9,2%. Au premier trimestre, ce ratio était déjà dans le rouge, à -0,52%, alors qu’un an plus tôt il était de 7,76%, soit 1,75 point de pourcentage au-dessus de la moyenne européenne. Certes, cette baisse est aussi due à des passages de provisions ou à des dépréciations de survaleurs au premier semestre. Mais elle reflète aussi la faiblesse structurelle du secteur.
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Lagos - «Selfies interdits dans les toilettes… C’est une blague!», proclame une pancarte dans un cadre d’or, accrochée au mur marbré des toilettes d’une boîte de nuit de Lagos, la capitale culturelle et économique du Nigeria. De Lagos la déjantée à la sage Abuja, en passant par Kano la conservatrice, les Nigérianes ne badinent pas avec la mode du moment: se prendre en photo dans les toilettes des restaurants et des clubs branchés pour les diffuser sur les réseaux sociaux. Si la mode du «bathroom selfie» («selfie de toilettes») connaît un succès international, sa déclinaison locale reprend toutes les extravagances de la nuit nigériane. Les établissements ont bien saisi l’enjeu : les nombreuses influenceuses du pays le plus peuplé du continent ont le pouvoir, d’un simple «tag», de leur faire une publicité gratuite pour peu que le décor les mette en valeur. Comiebarbie, influenceuse aux plus de 100.000 followers au compteur sur Instagram, venue célébrer son 23e anniversaire à The Library - un club de Lagos, l’atteste: quand elle arrive dans un lieu, elle se rend toujours «rapidement aux toilettes avec ses amies pour prendre des photos» car «la plupart du temps, les photos rendent vraiment bien». «Les clients s’attendent déjà à ce que le restaurant ou le club soit agréable», explique Marianah, cliente de The Library. «Mais lorsqu’ils entrent dans les toilettes et ont l’impression d'être dans une galerie d’art ou un salon luxueux, ils sont pris au dépourvu.» «Ce moment de surprise rend l’expérience encore plus mémorable», et donc «instagrammable», poursuit-elle. La tendance, qui existe dans de nombreux pays, est devenue virale auprès des Nigérianes de la classe moyenne et supérieure, dans un pays où près de 60% des habitants vivent en-dessous du seuil de pauvreté. Champagne et chandeliers Le club Zaza, valeur sûre des nuits lagosiennes depuis plusieurs années, s’est récemment refait une beauté et a misé gros sur le nouveau look de ses toilettes pour femmes. Plusieurs clientes, moulées dans des robes aux couleurs vives, réajustent leurs décolletés, se déhanchent savamment et lancent une oeillade lascive toute en faux cils à leur smartphone, tête légèrement penchée en arrière. Les murs au papier peint fleuri et aux multiples miroirs permettent d’essayer différents angles de prise de vue. Afin de s’assurer du confort et du temps de pose adéquats, les patrons du lieu ont imaginé une astuce qui fait mouche. En pressant un bouton rouge dans le mur, une coupe de champagne apparaît par une petite lucarne, gratuitement, pour embellir l’attitude et faciliter les sourires. «La décoration est très importante pour les Nigérianes, on doit être créatif pour les attirer», explique Johnny Franjeh, directeur adjoint de Zaza. Dans les toilettes, «on peut voir dix femmes qui attendent de presser le bouton, juste pour mettre une photo sur leur Instagram ou leur Snapchat», se réjouit-il. «Nous avons inventé cette tendance!», revendiquent de leur côté Ghada Ghaith et Rasha Jarmakani, directrices du Rococo, autre établissement branché de Lagos. Faux marbre du sol au plafond, chandelier en cristal, longs miroirs ceints de dorures sculptées, «You’re gorgeous» («tu es magnifique») comme inscrit au rouge à lèvre au-dessus du lavabo doré: les lieux d’aisance doivent mettre à l’aise. «Deux semaines avant l’ouverture, nous avons posté une photo de nous dans les toilettes, sans montrer les éviers ni les cuvettes, juste le sol et le chandelier», racontent-elles. «Deux heures après avoir mis la photo en ligne, nous avons eu 200 demandes de réservations car les gens pensaient que c'était la décoration de la salle, pas des toilettes», s’esclaffent-elles. Stephanie caresse ses longues tresses blondes et bombe la poitrine face au miroir, regard tourné vers les lavabos. Au Bar Called Paper d’Abuja, la capitale politique du Nigeria, une petite pièce «spéciale selfie» a été aménagée dans les toilettes: murs en plexiglass motifs psychédéliques du sol au plafond avec rétroéclairage et miroir géant pour l’effet de perspective, la silhouette de Stéphanie dans sa mini robe dos-nu à paillettes se réfléchit à l’infini. «La chose la plus importante que je recherche, c’est le bon angle pour mes photos, la lumière brille, tout est orange, comme si mes photos ressortaient plus lumineuses», explique la jeune femme de 26 ans. A Kano, deuxième ville la plus peuplée du pays et capitale du nord principalement musulman et traditionnel, la mode du selfie-toilettes fait aussi ses émules, mais sans la même ostentation. Dans les toilettes de l’Antika Restolounge, prisé par les jeunes de la ville, les manches des clientes se font plus longues, les robes plus amples et moins suggestives et les maquillages discrets. Mais même en pull et en casquette, les jeunes femmes passent de longues minutes dans les toilettes et jouent avec leur reflet dans les miroirs agencés sur un papier peint tropical. Leslie FAUVEL © Agence France-Presse -
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Journée de grève: Bruno Retailleau annonce qu'un «sabotage» a été déjoué dans le Morbihan
Paris - Une tentative de sabotage sur le réseau d’eau dans le Morbihan a été déjouée et «des points de blocage débloqués» en région parisienne, a annoncé jeudi Bruno Retailleau, promettant d'être «intraitable» en cas de débordements lors de la journée de grève du 18 septembre. «Dans le Morbihan, il y a eu une tentative de sabotage sur un réseau d’eau, il y a une vanne qui était fermée», a expliqué le ministre démissionnaire de l’Intérieur à la presse lors d’un déplacement porte d’Orléans. «On a eu des tentatives de blocages sur Paris. Autour de Paris, c’est des dépôts de bus à Aubervilliers, par exemple, à Saint-Denis. On a déjà débloqué un certain nombre de blocages. D’autres tentatives sont en cours, elles subiront le même sort: nous débloquerons les dépôts partout en France», a encore assuré Bruno Retailleau. Entre 5 et 8.000 «individus dangereux» «venus mettre le désordre» sont attendus lors de cette journée de mobilisation à travers la France, où jusqu'à 900.000 personnes pourraient descendre dans la rue, une première depuis le mouvement contre les retraites de 2023, qui avait régulièrement réuni un million de manifestants. «La consigne est très très claire: dès qu’il y a le moindre dérapage, il faut que les forces de l’ordre aillent au contact pour interpeller, pour remettre les individus à la justice. La consigne, elle est simple. C’est de ne supporter aucun blocage quand il y a blocage, c’est de ne supporter aucun blocage. Quand il y a blocage, on débloque», a poursuivi le ministre de l’Intérieur. «Nous serons intraitables.» Environ 80.000 policiers et gendarmes sont mobilisés sur l’ensemble du territoire, appuyés par vingt-quatre Centaures (dont huit à Paris), les véhicules blindés de la gendarmerie, et dix engins lanceurs d’eau (deux à Paris). Les points d’attention pour les forces de l’ordre restent, comme lors du mouvement «Bloquons Tout» du 10 septembre, les villes de Rennes, Nantes, Toulouse, Dijon, Lyon, Montpellier ou encore Bordeaux. Les organisations syndicales appellent à faire grève et à manifester pour contester des mesures budgétaires qualifiées de «brutales» annoncées cet été et que le nouveau Premier ministre Sébastien Lecornu n’a pour l’heure pas écartées. © Agence France-Presse