
CaixaBank et Bankia créent la plus grande banque espagnole

Après de longues heures de négociations jeudi soir, la banque espagnole Caixabank a dévoilé ce matin les conditions de l’acquisition de Bankia dans le cadre d’un accord d’actionnariat qui valorise l’établissement public à 4,3 milliards d’euros et crée la plus grande banque nationale espagnole par ses actifs. Les pourparlers de fusion avaient démarré le 3 septembre dernier.
« Dans un environnement où les défis stratégiques sont nombreux, avec des taux d’intérêt à 0%, avec l’impact de la pandémie... Nous devons réagir et agir. Cette opération est la meilleure option pour les actionnaires, pour le secteur public et donc aussi pour le remboursement de l’aide publique », a déclaré le président de Bankia, José Ignacio Goirigolzarri, lors d’une conférence de presse commune organisée à la mi-journée.
Selon les termes de l’accord, Caixabank offrira 0,6845 action de son capital pour chaque action de Bankia. La nouvelle entité pèsera plus de 664 milliards d’euros en total de bilan, et reposera sur plus de 6.700 agences et un effectif de plus de 51.500 employés.
Sous le nom de CaixaBank, le nouveau numéro un bancaire domestique sera dirigé par Gonzalo Gortázar, directeur général de CaixaBank, et José Ignacio Goirigolzarri, le président de Bankia, assumera le rôle de président exécutif.
Le nouvel ensemble espère générer des synergies de coûts annuels d’environ 770 millions d’euros et de nouveaux revenus annuels d’environ 290 millions d’euros. A ce stade, le groupe indique n’avoir pris aucune décision quant aux éventuelles suppressions d’emplois qui résulteront de la fusion.
L’Etat réduit sa présence
Le nouveau géant s’est fixé un ratio de fonds propres durs CET1 compris entre 11,0% et 11,5% et table sur une augmentation du bénéfice par action de CaixaBank de 28% par rapport aux estimations du marché pour 2022.
Une fois la fusion réalisée, la participation de Criteria Caixa dans CaixaBank restera d’environ 30% des actions tandis que le FROB, le fonds de restructuration des banques espagnoles, deviendra actionnaire à hauteur de 15,5% du nouvel ensemble. Jusqu’à présent, l’état détenait 61,8% du capital de Bankia.
Plus d'articles du même thème
-
Les regtechs aident les banques à se moderniser
La deuxième édition du Regtech Day a montré comment les start-up innovantes contribuent à insuffler du mouvement parmi les fonctions de contrôle interne et de conformité des grands établissements. -
BPCE devient la première institution financière à émettre une obligation «défense»
La banque française a levé fin août 750 millions d’euros qui seront fléchés vers des actifs dans la défense et la sécurité, au nom d’un nouveau label « European Defence Bond » développé avec Euronext. -
La fraude par manipulation reste sous contrôle
L’Observatoire de la sécurité des moyens de paiement montre que les mesures prises par les banques et la collaboration avec les opérateurs télécom portent leurs fruits.
Sujets d'actualité
ETF à la Une

BNP Paribas AM se dote d’une gamme complète d’ETF actifs
- A la Société Générale, les syndicats sont prêts à durcir le ton sur le télétravail
- Boeing essaie de contourner la grève en cours dans ses activités de défense
- Revolut s’offre les services de l’ancien patron de la Société Générale
- Le rachat de Mediobanca menace la fusion des gestions de Generali et BPCE
- Mistral AI serait valorisé 12 milliards d’euros par une nouvelle levée de fonds
Contenu de nos partenaires
-
"Soit il y a rupture, soit il y aura censure" annonce Jordan Bardella, après l'élection de Sébastien Lecornu
Strasbourg - Le Rassemblement national ne veut pas censurer immédiatement le nouveau Premier ministre Sébastien Lecornu, mais attend une «rupture» avec la politique menée jusqu’ici, a expliqué son président Jordan Bardella mercredi à Strasbourg. Le parti d’extrême droite ne compte pas censurer «a priori» mais d’abord «écouter le discours de politique générale» de M. Lecornu, a déclaré M. Bardella lors d’un point presse en marge d’une session plénière du Parlement européen. «Soit il y a rupture, soit il y aura censure», a-t-il résumé. Le Rassemblement national réclame notamment un durcissement de la politique migratoire et s’oppose à toute hausse de la fiscalité pour la «France qui travaille», a-t-il souligné. Jordan Bardella a aussi réclamé que parmi les premières mesures de Sébastien Lecornu soit actée l’opposition de la France au traité de libre-échange avec les pays latino-américains du Mercosur. Après la chute de François Bayrou lundi lors d’un vote de confiance des députés, puis son remplacement à Matignon au bout de 24 heures par M. Lecornu, le chef du RN n’a toutefois «aucune illusion» et juge le bail du nouveau chef du gouvernement «très précaire». © Agence France-Presse -
Sur la touche
Entre Lecornu et le RN, une relation d'amour-haine
Emmanuel Macron verrouille son dispositif et met le RN hors-jeu en nommant Sébastien Lecornu à Matignon pour négocier avec les socialistes. Un homme pourtant apprécié par le parti à la flamme -
Le Parti socialiste accentue la pression sur le nouveau Premier ministre, Sébastien Lecornu
Paris - Au coeur du jeu politique, le Parti socialiste met la pression sur Sébastien Lecornu, proche d’Emmanuel Macron, et pose de strictes conditions pour ne pas le censurer, alors que La France insoumise l’accuse déjà de jouer les supplétifs de la macronie. Le patron des socialistes Olivier Faure sait que le nouveau Premier ministre a besoin de sa mansuétude pour ne pas être rapidement renversé, d’autant que le Rassemblement national a choisi de faire de la dissolution de l’Assemblée son nouveau cheval de bataille. Alors qu’Emmanuel Macron a lui-même enjoint aux chefs de sa coalition gouvernementale de «travailler avec les socialistes», le patron du PS a déjà refusé de participer à un gouvernement avec le bloc central et Les Républicains. Hors de question également pour les socialistes de rejouer les «petits ajustements» de février dernier, lorsque le parti avait négocié avec François Bayrou sur le budget 2025, s’attirant les foudres du reste de la gauche. Première condition mise sur la table: que le nouveau chef du gouvernement s’engage à ne pas utiliser l’article 49.3 de la Constitution, permettant l’adoption d’un texte sans vote de l’Assemblée, pour démontrer «que la méthode change» et faire des compromis. Une exigence qui sera difficile à tenir pour le nouveau locataire de Matignon, aucun budget n’ayant pu être adopté sans 49.3 depuis 2022, faute de majorité. Le PS espère aussi obtenir de Sébastien Lecornu qu’il intègre dans le budget une partie des propositions socialistes présentées fin août, pour réorienter la politique économique du gouvernement vers plus de justice fiscale. Le Parti socialiste propose notamment de revenir sur la réforme des retraites et de mettre en place une taxe Zucman sur les plus hauts patrimoines, deux marqueurs de gauche vus comme des lignes rouges par le bloc central. Pour le député Laurent Baumel, Sébastien Lecornu doit clairement montrer «qu’il a compris et qu'à travers lui le Président de la République a compris qu’il n’y a plus de totem, plus de tabou sur le bilan du macronisme». De quoi laisser pessimistes de nombreux socialistes. Certains plaident d’ailleurs pour une censure directe, sans aucune négociation. Cette fois «un accord avec nous sera super cher. Nous ferons payer 1.000 balles les billets de 10 balles», promet le député (PS) de l’Eure Philippe Brun. «Humiliés» En février, le texte sur la table sortait de la commission mixte paritaire députés/sénateurs. «On ne pouvait par rajouter des mesures, mais juste enlever» les plus irritantes. «Là on part d’une copie blanche», explique-t-il. «La dernière fois on a été humilié, bafoué», se remémore Luc Broussy, président du conseil national du PS. Avec la «provocation» des propositions budgétaires de François Bayrou le 15 juillet, évoquant 44 milliards d’efforts budgétaires et la suppression de deux jours fériés, puis la nomination de Sébastien Lecornu, «ils ont eux-mêmes monté notre niveau d’exigence», résume-t-il. Un autre député suggère de «ne pas se précipiter pour aller négocier» et d’attendre que les mouvements sociaux de septembre fassent «bouger les choses». Le nouveau Premier ministre a promis mercredi «des ruptures sur le fond», lors de la passation de pouvoir à Matignon. Mais «sans justice fiscale, sociale, écologique, sans mesure pour le pouvoir d’achat, sans mise à contribution des très gros patrimoines, les mêmes causes risquent de produire les mêmes effets», à savoir la censure, a prévenu le patron des députés socialistes Boris Vallaud sur RTL. Cette censure entraînerait probablement une dissolution, que le PS «ne souhaite pas» mais «ne redoute pas», a-t-il affirmé. Le PS sait qu’il joue gros face à ses autres partenaires de gauche, encore moins enclins qu’eux à laisser une chance à un troisième Premier ministre du socle commun en un an. «A partir du moment où c’est Lecornu qui est nommé, on n’a pas confiance», explique une écologiste. La France insoumise, qui a déjà fait aux socialistes un procès en traîtrise lors des négociations avec François Bayrou, les a aussitôt accusés d’avoir «pavé de roses le chemin de Lecornu vers Matignon». Le parti de Jean-Luc Mélenchon a annoncé qu’il déposerait une motion de censure à l’Assemblée dès le premier jour de la rentrée parlementaire. Et ils sommeront les socialistes de la voter. Cécile AZZARO © Agence France-Presse