
Un groupe d’investisseurs enjoint les entreprises chimiques européennes à décarboner davantage

Les entreprises du secteur chimique européen ne vont pas assez vite pour décarboner leurs activités selon un groupe de 14 investisseurs incluant les sociétés de gestion françaises Amundi et Trusteam Finance ainsi que l’anglaise Legal & General Investment Management. Après une première lettre envoyée à sept entreprises en 2021, la coalition, coordonnée par l’organisation non-gouvernementale britannique ShareAction, a donc envoyé une missive à 13 grandes sociétés européennes évoluant dans le secteur de la chimie, parmi lesquelles BASF, Solvay et Air Liquide. Les investisseurs signataires leur demandent de plancher sur un plan de décarbonation détaillé à court, moyen et long terme avec des objectifs intermédiaires.
«Le secteur chimique sera toujours un secteur crucial en 2050 mais seules les sociétés parvenant à se séparer des énergies fossiles et à affronter la difficile transition à venir auront une part de marché. Les décisions d’investissement que ces sociétés doivent prendre aujourd’hui détermineront leur chemin vers 2050. L’inaction, les retards et la dépendance prolongée aux énergies fossiles n’est pas un chemin viable ni pour la planète ni pour l’activité», écrivent les investisseurs «très inquiets» de la lenteur du secteur pour se transformer.
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Pour eux, ne survivront dans l’industrie chimique européenne que les entreprises dont l’activité est alignée sur une trajectoire de limitation de l’élévation de la température mondiale à 1,5 degré Celsius, conformément à l’Accord de Paris sur le climat.
Horizon 2050
Le plan de décarbonation demandé par les signataires vise d’abord l’introduction progressive de processus de production chimique électrifiés avec une électrisation totale des processus d’ici 2050 et l’augmentation de la part d’énergie venant des énergies renouvelables consommée par les entreprises visées. Les investisseurs veulent que les entreprises chimiques ciblées s’appuient intégralement sur les énergies renouvelables d’ici 2050. Ils poussent aussi Air Liquide et ses homologues à introduire des matières premières non-pétrochimiques ne dégageant pas d’émissions carbone avec un objectif de passer à 100% sur l’utilisation de ces matières d’ici 2050. Les investisseurs souhaitent par ailleurs que les sociétés visées ne produisent plus d’énergie directe ou indirecte via la biomasse ligneuse (bois, branches, écorces des arbres et arbustes) d’ici 2050.
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La lettre des signataires comprend en outre des demandes relatives à l’établissement d’objectifs Scope 3 alignés sur une trajectoire 1,5 degré Celsius, couvrant émissions carbone en amont et en aval. Les investisseurs demandent également aux entreprises ciblées de s’engager «explicitement» à aligner les dépenses en capital sur une trajectoire 1,5 degré Celsius, avec divulgation des dépenses futures pour les actifs nouveaux et existants.
«Si certains progrès bienvenus ont été réalisés par certaines sociétés, nous ne voyons pas dans l’ensemble assez d’efforts pour répondre à nos inquiétudes. Nous demandons à rencontrer les directeurs généraux de ces sociétés à nouveau cette année pour discuter des progrès effectués et pousser pour des plans de décarbonation beaucoup plus ambitieux», expliquent les investisseurs signataires. Et de prévenir que l’absence d’efforts ou la prise de décisions allant à l’encontre de leurs demandes seraient prises en considération au moment de voter certaines résolutions lors de leurs assemblées générales annuelles cette saison comme les prochaines.
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