S&P met en garde le Brésil sur le manque de cohérence de sa politique économique

L’agence a placé la note du pays sous perspective négative en mettant en avant une croissance faible et une perte de crédibilité des autorités
Patrick Aussannaire

S&P met en garde les autorités brésiliennes. L’agence de notation a mis la note BBB accordée à la dette souveraine de long terme du Brésil sous perspective négative. «La poursuite d’une croissance économique ralentie, l’affaiblissement des fondamentaux budgétaires et externes, et une perte de crédibilité de la politique économique compte tenu des signes ambigus envoyés par les autorités pourraient diminuer la capacité du Brésil à gérer un choc externe», explique S&P qui anticipe également une dégradation du poids de l’endettement public du pays dans les trois prochaines années.

Selon la dernière enquête hebdomadaire de la banque centrale, le rebond de la croissance devrait être limité à 2,8% cette année, après 0,9% en 2012 et 2,7% en 2011. Barclays et Nomura ont revu leurs prévisions de croissance en baisse d’un point à 2,5%. Les analystes prévoient en outre un excédent primaire de la balance des comptes courant de 1,5% du PIB cette année, alors que la cible officielle est de 3,1%, ainsi qu’une première hausse ratio d’endettement après des années de baisse. Il était de 35,4% du PIB en avril.

Mais l’agence s’inquiète surtout du manque de cohérence et de stabilité de la politique menée par les autorités du pays. «La faiblesse de la croissance reflète une performance modeste des exportations ainsi qu’une baisse des investissements dans le secteur privé, en partie causée par des signaux ambigus envoyés par les autorités qui ont douché la confiance des investisseurs», estime ainsi Sebastian Briozzo, analyste chez S&P. L’investissement privé ne représente actuellement que 18,4% du PIB brésilien.

Après avoir engagé dans une guerre des changes visant à affaiblir le réal afin de relancer le commerce extérieur, le gouvernement de Dilma Rousseff a fait volte-face mercredi en décidant de supprimer la taxe de 6% sur les entrées de capitaux étrangers. Une décision motivée par la chute récente du réal qui relance ainsi les craintes inflationnistes. Il s’est ainsi déprécié contre dollar de 9,5% depuis mi-mars et de 38% depuis juillet 2011 pour tomber vendredi à son plus bas niveau depuis mai 2009.

La banque centrale avait déjà elle aussi surpris les investisseurs fin mai en augmentant son taux directeur d’un demi-point pour le porter à 8%. Et les minutes de la réunion du comité de politique monétaire publiées hier montrent que le mouvement de resserrement monétaire devrait même «s’intensifier», du fait de la hausse de l’inflation qui a atteint la borne haute de 6,5% tolérée par la banque centrale.

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