RISQUE SOUVERAIN - La Finlande championne du monde des pays les plus durables

Frédérique Garrouste

Critères

Le classement de la durabilité des pays par le gestionnaire de fonds Robeco montre l’avance des Européens pour le respect des critères ESG (environnemental, social et de gouvernance) par rapport au reste du monde. En évaluant la prise en compte des droits humains et du travail, du climat et de l’énergie, de la corruption des institutions et des risques environnementaux, la société de gestion entend mettre en évidence les forces et faiblesses des pays, mieux que ne le font les analyses classiques des risques souverains. Portant sur 150 pays, le classement guide l’investissement de Robeco en obligations d’Etat et sert à établir l’indice ESG des obligations souveraines de S&P.

L’Europe du Nord

* Au premier semestre 2022, la Finlande et les autres pays scandinaves, Suède, Norvège, Danemark, ainsi que la Suisse, conservent la tête du classement réalisé chaque semestre par Robeco. Ces performances tiennent à la solidité des institutions démocratiques, aux structures sociales et à des objectifs environnementaux ambitieux. Les autres pays du Nord à revenus élevés sont bien classés aussi et l’Estonie se place avant la France, l’Irlande et le Royaume-Uni. La Russie recule de 21 places en un semestre, pour se classer 110e, à la suite de l’agression de l’Ukraine, après un classement déjà mauvais par le passé du fait du pouvoir autocratique. En dehors du Vieux Continent, le pays le plus performant reste la Nouvelle-Zélande.

Etat de droit

* La mesure ESG des Etats vient d’être adaptée par la société de gestion : les changements les plus importants pour le classement concernent l’exposition des pays au risque climatique, la perte de biodiversité et les droits humains. Sous l’angle des émissions de carbone, la Chine, les Etats-Unis et l’Inde sont les plus grands pollueurs. De quoi expliquer les reculs des Etats-Unis (36e, en perte de 14 places) et de l’Australie (19e après la perte de 7 places), qui ont vu les inégalités progresser et l’instabilité politique grandir. Les pays du Golfe, comme l’Arabie saoudite (104e), le Qatar (44e) et les Emirats arabes unis (41e) sont épinglés pour le peu de respect des droits humains et de la transition énergétique. La Turquie et Hong Kong ont également rétrogradé à cause de défaillances dans les institutions de gouvernance et de la politique de répression des libertés individuelles des populations. Malgré le poids accru accordé aux aspects environnementaux et sociaux, la montée des régimes autoritaires, la fréquence des incidents géopolitiques et les tensions accrues entre les superpuissances mondiales expliquent pourquoi les critères de gouvernance continuent de dominer les scores globaux. Les conséquences de la pandémie expliquent par ailleurs plusieurs reculs, comme ceux du Vietnam (120e, recul de 38 places) et du Canada. Les scores du Canada se sont détériorés dans un contexte d’agitation sociale, d’inégalités, de risques politiques et d’instabilité, ces facteurs étant très liés aux conséquences socio-économiques du Covid.

* Parmi les 50 premières économies en termes de PIB nominal et qui représentent l’univers d’investissement, la Turquie, le Vietnam, l’Inde, le Nigeria et le Pakistan obtiennent les plus mauvaises notes. Mais sur l’ensemble des 150 pays évalués, les pays les plus mal notés sont situés en Afrique et au Moyen-Orient et, à l’exception de l’Irak, sont à faibles revenus. Compte tenu de leur potentiel économique et humain, les scores de durabilité des Brics (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) et des poids lourds émergents (Indonésie, Mexique et Turquie) continuent de décevoir.

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