
Place au bazooka budgétaire

Emmanuel Macron l’a répété une demi-douzaine de fois lors de son allocution télévisée, nous sommes en guerre contre le coronavirus. A la crise sanitaire, sécuritaire, se greffe la destruction imposée de pans entiers de l’économie, et les risques sociaux et financiers qu’elle emporte. Le conflit est mondial, mais l’union sacrée se fait attendre. Chaque pays tâtonne, tergiverse, avec toujours un coup de retard sur l’ennemi invisible, cherchant aussi dans des réponses strictement nationales à pousser son avantage : Pékin y verra son modèle autocratique conforté, Berlin son orthodoxie budgétaire, qui donne plus de latitude quand la bise vient.
Il est pourtant à craindre que l’économie mondiale ne connaisse une récession plus brutale que lors du trou de 2008-2009. Et afin d’éviter qu’elle ne sombre dans la dépression, les gouvernements devront consentir, au-delà des évidentes dépenses de santé, un effort de guerre bien plus dispendieux qu’il y a douze ans. La déflation est dans les têtes, et les banques centrales, on l’a vu, ont perdu leur baguette magique. Des transferts massifs de la part des Etats seront nécessaires pour conjurer ce double choc d’offre et de demande, pour éviter qu’à l’asphyxie complète, mais espérons-le temporaire, d’une économie confinée ne s’ajoutent les séquelles durables des faillites en chaîne et du chômage de masse.
La rapidité de la contre-attaque s’avère tout aussi importante que la puissance du feu. La crise actuelle relègue au rang d’erreurs politiques majeures des programmes de relance fiscale tels que celui de l’administration Trump, dont le seul effet a été de souffler depuis 2016 les valorisations boursières et l’endettement des entreprises. Ceux qui ont prospéré grâce à cette ingénierie financière déraisonnable devront en payer le prix ; les vrais combats sont ailleurs. La guerre du coronavirus amène aussi à rouvrir de passionnants débats économiques aux effets bien concrets. Quelle est l’efficacité de la « monnaie hélicoptère » pour soutenir directement le pouvoir d’achat des ménages ? La zone euro, qui manque aujourd’hui cruellement d’un actif sans risque commun, franchira-t-elle le pas d’une mutualisation partielle des dettes publiques, du moins pour celles qui auront été créées afin de contrer les effets de la pandémie ?
Dans un mois, six mois ou un an, le virus sera vaincu. Mais la majorité des pays aborderont l’après-guerre avec des finances publiques à terre. Les pays les plus endettés, Italie en tête, susciteront à nouveau des craintes pour l’avenir de la zone euro – et ils sauront se souvenir du manque de solidarité que leur ont témoigné leurs partenaires ces dernières semaines. Nous entrons dans une nouvelle ère, faites de crises mondiales – sanitaire aujourd’hui, « cyber » ou climatique demain. C’est maintenant qu’il faut s’y préparer, ensemble.
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Yémen : 35 morts et 131 blessés dans des raids israéliens sur les Houthis
Sanaa - L’armée de l’air israélienne a bombardé mercredi des sites des Houthis au Yémen, faisant 35 morts et 131 blessés, ont indiqué ces rebelles, qui contrôlent de larges pans du pays y compris la capitale Sanaa. «Le nombre de martyrs et de blessés parmi les citoyens victimes du crime sioniste perfide est passé à 35 martyrs et 131 blessés», a déclaré le porte-parole du ministère de la Santé houthi, Anees Alasbahi, sur X, en précisant que ce décompte n'était pas définitif. Il avait dans un premier temps fait état de neuf morts et 118 blessés, et de recherches dans les décombres pour retrouver des disparus. Les raids ont ciblé la capitale Sanaa et la province de Jawf (nord), où Israël a indiqué avoir frappé des «cibles militaires» des Houthis. «Nous continuerons à frapper. Quiconque nous attaque, nous l’atteindrons», a déclaré après ces raids le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu. La télévision Al-Massirah, organe des Houthis, a fait état de «martyrs, blessés et plusieurs maisons endommagées dans l’attaque israélienne contre le quartier général de l’Orientation morale», du nom donné aux services de communication des forces rebelles dans la capitale. Un grand panache de fumée grise s’est élevé au-dessus de Sanaa après les frappes, dont le bruit a résonné dans toute la ville, régulièrement attaquée par Israël, ont constaté des journalistes de l’AFP. «Nos défenses aériennes affrontent actuellement des avions israéliens qui lancent une agression contre notre pays», a déclaré dans l’après-midi le porte-parole militaire houthi, Yahya Saree. Tirs vers Israël Selon deux journalistes de l’AFP à Sanaa, un bâtiment utilisé par les forces armées houthies a été touché. Al-Massirah a également fait état de frappes israéliennes contre des bâtiments gouvernementaux à Jawf. L’armée israélienne, qui avait annoncé la veille avoir intercepté un missile tiré du Yémen, a dit avoir frappé des «camps militaires où des membres du régime terroriste avaient été identifiés, le siège des relations publiques militaires des Houthis et un site de stockage de carburant». Sa nouvelle attaque survient trois jours après qu’un tir de drone, revendiqué par les Houthis depuis le Yémen, a blessé un homme en tombant sur l’aéroport de Ramon, dans le sud d’Israël. Le mois dernier, des bombardements israéliens ont tué le Premier ministre et 11 responsables houthis, dans la plus importante opération israélienne contre ces rebelles proches de l’Iran. Depuis le début de la guerre à Gaza, déclenchée par l’attaque du mouvement islamiste palestinien Hamas en Israël le 7 octobre 2023, les Houthis ont multiplié les tirs contre Israël et les attaques de navires marchands qui lui sont liés au large du Yémen, affirmant agir en solidarité avec les Palestiniens. En réponse, Israël a mené plusieurs séries de frappes meurtrières au Yémen, visant des ports, des centrales électriques et l’aéroport international de Sanaa. © Agence France-Presse