Petrobras lève une hypothèque sur le marché de la dette brésilienne

En évitant le défaut technique, le géant pétrolier laisse espérer aux autres émetteurs du pays une réouverture du marché de la dette en devises étrangères.
Alexandre Garabedian

La publication des comptes annuels de Petrobras, dans la nuit de mercredi à jeudi, a permis au marché obligataire brésilien de pousser un «ouf» de soulagement. Si l’annonce d’une perte historique de 7,4 milliards de dollars en 2014, liée à 16,8 milliards de dépréciations, a choqué les actionnaires, avec un recul du titre de 9,37% en séance, les porteurs d’obligations, eux, sont allés au-delà des chiffres.

Empêtré dans un scandale de corruption, le géant pétrolier devait sortir ses résultats audités avant le 30 avril pour éviter un défaut technique lié à la documentation juridique de ses obligations.

La nouvelle a donc entraîné une hausse des prix des obligations du groupe, mais aussi de celles de corporates brésiliens ainsi que des emprunts d’Etat. Les autres émetteurs du pays attendaient cette publication avec impatience. Depuis que le scandale Petrobras a éclaté au grand jour, les entreprises locales sont coupées du marché de la dette en devises étrangères. Elles n’y ont plus émis depuis mi-novembre, tandis que le Brésil en est absent depuis septembre.

La semaine dernière, le secrétaire d’Etat adjoint au Trésor, Paulo Valle, a indiqué que le Brésil pourrait placer un emprunt en devise étrangère avant juin. «Nous n’avons pas sollicité les marchés offshore jusqu’à présent, car nous avons pensé qu’il nous fallait traiter l’environnement négatif pour éviter de payer des coûts additionnels», a déclaré le responsable à Bloomberg.

La réouverture du marché se heurtera cependant au scepticisme de certains investisseurs. «Petrobras échappe au pire, mais le Brésil se rapproche de la crise économique et politique», note Alberto Gallo, stratégiste chez RBS. Le FMI prévoit une contraction de 1% du produit intérieur brut brésilien cette année, et l’inflation devrait atteindre 8,1%. La baisse des prix du pétrole et du minerai de fer a fait passer le pays en déficit commercial, et la dette externe est remontée à plus de 25% du PIB.

«Un changement de politique monétaire de la Fed, ou un risque politique accru, pourrait être le catalyseur d’une plus grande volatilité sur le Brésil», estime Alberto Gallo. RBS est ainsi à la vente sur les dettes en dollars et en euros d’Itau, Bradesco ou Vale, tandis que le courtier Tullett Prebon reste à l'écart des obligations Petrobras.

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